Métrique en Ligne
VER_28/VER840
Paul VERLAINE
POÈMES DIVERS
1890-1895
LAMENTO
Ma mie est morte.
Plourez mes yeux.
(Vieux poëte du XIVe siècle
dont le nom m'échappe.)
La ville dresse ses hauts toits 8
Aux mille dentelures folles. 8
Un bruit de joyeuses paroles. 8
Monte au ciel, rassurante voix. 8
5 — Que me fait cette gaieté vile 8
De la ville ! 3
Quelle paix vaste règne aux champs ! 8
L’oiseau chante dans le grand chêne, 8
Les midis font blanche la plaine 8
10 Que dorent les soleils couchants. 8
— Peu m’importe ta gloire pure, 8
Ô nature ! 3
Avec les signes de ses flots, 8
Avec sa plainte solennelle, 8
15 La mer immense nous appelle, 8
Nous tous, rêveurs et matelots. 8
— Qu’est-ce que tu me veux encore, 8
Mer sonore ? 3
— Ah ! ni les flots des Océans, 8
20 Ni les campagnes et leur ombre, 8
Ni les cités aux bruits sans nombre, 8
Qu’édifièrent des géants, 8
Rien ne réveillera ma mie 8
Tant endormie. 4
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