Métrique en Ligne
VER_11/VER575
Paul VERLAINE
LITURGIES INTIMES
1892
NOËL
III
Petit Jésus qu’il nous faut être, 8
Si nous voulons voir Dieu le Père, 8
Accordez-nous d’alors renaître 8
En purs bébés, nus, sans repaire 8
5 Qu’une étable, et sans compagnie 8
Qu’une âne et qu’un bœuf, humble paire ; 8
D’avoir l’ignorance infinie 8
Et l’immense toute-faiblesse 8
Par quoi l’humble enfance est bénie ; 8
10 De n’agir sans qu’un rien ne blesse 8
Notre chair pourtant innocente 8
Encor même d’une caresse, 8
Sans que notre œil chétif ne sente 8
Douloureusement l’éclat même 8
15 De l’aube à peine pâlissante, 8
Du soir venant, lueur suprême, 8
Sans éprouver aucune envie 8
Que d’un long sommeil tiède et blême… 8
En purs bébés que l’âpre vie 8
20 Destine, – pour quel but sévère 8
Ou bienheureux ? – foule asservie 8
Ou troupe libre, à quel calvaire ? 8
logo du CRISCO logo de l'université