Métrique en Ligne
VER_1/VER24
Paul VERLAINE
POÈMES SATURNIENS
1866
MELANCOLIA
VI
Mon Rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant 12
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, 12
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même 12
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. 12
5 Car elle me comprend, et mon cœur, transparent 12
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème 12
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, 12
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. 12
Est-elle brune, blonde ou rousse ? — Je l’ignore. 12
10 Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore, 12
Comme ceux des aimés que la Vie exila. 12
Son regard est pareil au regard des statues, 12
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a 12
L’inflexion des voix chères qui se sont tues. 12
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