Métrique en Ligne
VOL_4/VOL83
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
LES ÉPÎTRES
1706-1778
ÉPÎTRE XXXI
À MONSIEUR DE FORMONT,
EN LUI ENVOYANT LES ŒUVRES
DE DESCARTES ET DE MALEBRANCHE
Rimeur charmant, plein de raison, 8
Philosophe entouré des grâces, 8
Épicure, avec Apollon, 8
S'empresse à marcher sur vos traces. 8
5 Je renonce au fatras obscur 8
Du grand rêveur de l'oratoire, 8
Qui croit parler de l'esprit pur, 8
Ou qui veut nous le faire accroire, 8
Nous disant qu'on peut, à coup sûr, 8
10 Entretenir Dieu dans sa gloire. 8
Ma raison n'a pas plus de foi 8
Pour René le visionnaire. 8
Songeur de la nouvelle loi, 8
Il éblouit plus qu'il n'éclaire ; 8
15 Dans une épaisse obscurité 8
Il fait briller des étincelles. 8
Il a gravement débité 8
Un tas brillant d'erreurs nouvelles, 8
Pour mettre à la place de celles 8
20 De la bavarde antiquité. 8
Dans sa cervelle trop féconde 8
Il prend, d'un air fort important, 8
Des dés pour arranger le monde : 8
Bridoye en aurait fait autant. 8
25 Adieu ; je vais chez ma Sylvie : 8
Un esprit fait comme le mien 8
Goûte bien mieux son entretien 8
Qu'un roman de philosophie. 8
De ses attraits toujours frappé, 8
30 Je ne la crois pas trop fidèle : 8
Mais puisqu'il faut être trompé, 8
Je ne veux l'être que par elle. 8
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