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VOL_2/VOL42
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
La Pucelle d'Orléans
1752
CHANT XXI
Argument
Pudeur de Jeanne démontrée. Malice du diable. Rendez-vous donné par la présidente Louvet au grand Talbot. Services rendus par frère Lourdis. Belle conduite de la discrète Agnès. Repentir de l'âne. Exploits de la Pucelle. Triomphe du grand roi Charles VII
Mon cher lecteursait par expérience 4+6 a
Que ce beau dieuqu'on nous peint dans l'enfance, 4+6 a
Et dont les jeuxne sont pas jeux d'enfants, 4+6 b
A deux carquoistout à fait différents : 4+6 b
5 L'un a des traitsdont la douce piqûre 4+6 c
Se fait sentirsans danger, sans douleur, 4+6 d
Crt par le temps,pénètre au fond du cœur, 4+6 d
Et vous y laisseune vive blessure. 4+6 c
Les autres traitssont un feu dévorant 4+6 e
10 Dont le coup partet brûle au même instant. 4+6 e
Dans les cinq sensils portent le ravage, 4+6 f
Un rouge vifallume le visage, 4+6 f
D'un nouvel êtreon se croit animé, 4+6 g
D'un nouveau sangle corps est enflammé, 4+6 g
15 On n'entend rien ;le regard étincelle. 4+6 h
L'eau sur le feubouillonnant à grand bruit, 4+6 i
Qui sur ses bordss'élève, échappe, et fuit, 4+6 i
N'est qu'une imageimparfaite, infidèle, 4+6 h
De ces désirsdont l'excès vous poursuit. 4+6 i
20  Profanateursindignes de mémoire, 4+6 j
Vous qui de Jeanneavez souillé la gloire, 4+6 j
Vils écrivains,qui, du mensonge épris, 4+6 i
Falsifiezles plus sages écrits, 4+6 i
Vous prétendezque ma Pucelle Jeanne 4+6 l
25 Pour son grisonsentit ce feu profane ; 4+6 l
Vous imprimezqu'elle a mal combattu ; 4+6 m
Vous insultezson sexe et sa vertu. 4+6 m
D'écrits honteux,compilateurs infâmes, 4+6 n
Sachez qu'on doitplus de respect aux dames. 4+6 n
30 Ne dites pointque Jeanne a succombé : 4+6 g
Dans cette erreurnul savant n'est tombé, 4+6 g
Nul n'avançades faussetés pareilles. 4+6 o
Vous confondezet les faits et les temps, 4+6 b
Vous corrompezles plus rares merveilles ; 4+6 o
35 Respectez l'âneet ses faits éclatants ; 4+6 b
Vous n'avez passes fortunés talents, 4+6 b
Et vous avezde plus longues oreilles. 4+6 o
Si la Pucelle,en cette occasion, 4+6 p
Vit d'un regardde satisfaction 4+6 p
40 Les feux nouveauxqu'inspirait sa personne, 4+6 q
C'est vanitéqu'à son sexe on pardonne, 4+6 q
C'est amour-propre,et non pas l'autre amour. 4+6 r
 Pour acheverde mettre en tout son jour 4+6 r
De Jeanne d'Arcle lustre internissable, 4+6 s
45 Pour vous prouverqu'aux malices du diable, 4+6 s
Aux fiers transportsde cet âne éloquent, 4+6 e
Son noble cœurétait inébranlable, 4+6 s
Sachez que Jeanneavait un autre amant 4+6 e
C'était Dunois,comme aucun ne l'ignore ; 4+6 t
50 C'est le bâtardque son grand cœur adore. 4+6 t
On peut d'un âneécouter les discours, 4+6 u
On peut sentirun vain désir de plaire ; 4+6 v
Cette passade,innocente et légère, 4+6 v
Ne trahit pointde fidèles amours. 4+6 u
55  C'est dans l'histoireune chose avérée 4+6 w
Que ce héros,ce sublime Dunois 4+6 x
Était blesséd'une flèche dorée, 4+6 w
Qu'Amour tirade son premier carquois. 4+6 x
Il commandatoujours à sa tendresse ; 4+6 y
60 Son cœur altiern'admit point de faiblesse ; 4+6 y
Il aimait tropet l'État et le roi ; 4+6 z
Leur intérêtfut sa première loi. 4+6 z
 O Jeanne ! il saitque ton beau pucelage 4+6 f
De la victoireest le précieux gage ; 4+6 f
65 Il respectaitDenys et tes appas : 4+6 a
Semblable au chiencourageux et fidèle, 4+6 h
Qui, résistantà la faim qui l'appelle, 4+6 h
Tient la perdrixet ne la mange pas. 4+6 a
Mais quand il vitque le baudet céleste 4+6 b
70 Avait parléde sa flamme funeste, 4+6 b
Dunois vouluten parler à son tour. 4+6 r
Il est des temps le sage s'oublie. 4+6 c
C'était, sans doute,une grande folie 4+6 c
Que d'immolersa patrie à l'amour. 4+6 r
75 C'était tout perdre ;et Jeanne, encor honteuse 4+6 d
D'avoir d'un âneécouté les propos, 4+6 e
Résistait malà ceux de son héros. 4+6 e
L'amour pressaitson âme vertueuse : 4+6 d
C'en était fait,lorsque son doux patron 4+6 p
80 Du haut du cieldétacha son rayon, 4+6 p
Ce rayon d'or,sa gloire et sa monture, 4+6 c
Qui transportasa béate figure, 4+6 c
Quand il chercha,par ses soins vigilants, 4+6 b
Un pucelageaux remparts d'Orléans. 4+6 b
85 Ce saint rayon,frappant au sein de Jeanne, 4+6 l
En écartatout sentiment profane. 4+6 l
Elle cria :« Cher bâtard, arrêtez ; 4+6 g
Il n'est pas temps,nos amours sont comptés : 4+6 g
Ne gâtons rienà notre destinée. 4+6 w
90 C'est à vous seulque ma foi s'est donnée ; 4+6 w
Je vous prometsque vous aurez ma fleur : 4+6 d
Mais attendonsque votre bras vengeur, 4+6 d
Votre vertu,sous qui le Breton tremble, 4+6 g
Ait du payschassé l'usurpateur : 4+6 d
95 Sur des lauriersnous coucherons ensemble. 4+6 g
 A ce proposle bâtard s'adoucit ; 4+6 i
Il écoutal'oracle et se soumit. 4+6 i
Jeanne reçutson pur et doux hommage 4+6 f
Modestement,et lui donna pour gage 4+6 f
100 Trente baiserschastes, pleins de pudeur, 4+6 d
Et tels qu'un frèreen reçoit de sa sœur. 4+6 d
Dans leurs désirstous deux ils se continrent, 4+6 h
Et de leurs faitshonnêtement convinrent. 4+6 h
Denys les voit ;Denys, très-satisfait, 4+6 i
105 De ses projetspressa le grand effet. 4+6 i
 Le preux Talbotdevait, cette nuit même, 4+6 j
Dans Orléansentrer par stratagème ; 4+6 j
Exploit nouveaupour ses Anglais hautains, 4+6 k
Tous gens sensés,mais plus hardis que fins. 4+6 k
110  O dieu d'amour !ô faiblesse ! ô puissance ! 4+6 a
Amour fatal,tu fus près de livrer 4+6 g
Aux ennemisce rempart de la France. 4+6 a
Ce que l'Anglaisn'osait plus espérer, 4+6 g
Ce que Bedfortet son expérience, 4+6 a
115 Ce que Talbotet sa rare vaillance 4+6 a
Ne purent faire,Amour, tu l'entrepris ! 4+6 k
Tu fais nos maux,cher enfant, et tu ris ! 4+6 k
 Si dans le coursde ses vastes conquêtes 4+6 l
Il effleurade ses flèches honnêtes 4+6 l
120 Le cœur de Jeanne,il lança d'autres coups 4+6 m
Dans les cinq sensde notre présidente. 4+6 n
Il la frappade sa main triomphante 4+6 n
Avec les traitsqui rendent les gens fous. 4+6 m
Vous avez vula fatale escalade, 4+6 o
125 L'assaut sanglant,l'horrible canonnade, 4+6 o
Tous ces combats,tous ces hardis efforts, 4+6 p
Au haut des murs,en dedans, en dehors, 4+6 p
Lorsque Talbotet ses fières cohortes 4+6 q
Avaient briséles remparts et les portes, 4+6 q
130 Et que sur euxtombaient du haut des toits 4+6 x
Le fer, la flamme,et la mort à la fois. 4+6 x
L'ardent Talbotavait, d'un pas agile, 4+6 r
Sur des mourantspénétré dans la ville, 4+6 r
Renversant tout,criant à haute voix : 4+6 x
135 « Anglais ! entrez :bas les armes, bourgeois ! 4+6 x
Il ressemblaitau grand dieu de la guerre, 4+6 v
Qui sous ses pasfait retentir la terre, 4+6 v
Quand la Discorde,et Bellone, et le Sort, 4+6 t
Arment son bras,ministre de la mort. 4+6 t
140  La présidenteavait une ouverture 4+6 c
Dans son logisauprès d'une masure, 4+6 c
Et par ce troucontemplait son amant, 4+6 e
Ce casque d'or,ce panache ondoyant, 4+6 e
Ce bras armé,ces vives étincelles 4+6 u
145 Qui s'élançaientdu rond de ses prunelles, 4+6 u
Ce port altier,cet air d'un demi-dieu. 4+6 v
La présidenteen était tout en feu, 4+6 v
Hors de ses sens,de honte dépouillée. 4+6 w
Telle autrefois,d'une loge grillée, 4+6 w
150 Madame Audou,dont l'Amour prit le cœur, 4+6 d
Lorgnait Baron,cet immortel acteur ; 4+6 d
D'un œil ardentdévorait sa figure, 4+6 c
Son beau maintien,ses geste, sa parure ; 4+6 c
Mêlait tout bassa voix à ses accents, 4+6 b
155 Et recevaitl'amour par tous les sens. 4+6 b
 Chez la Louvetvous savez que le diable 4+6 s
Était entrésans se rendre importun ; 4+6 w
Et que le diableet l'Amour, c'est tout un. 4+6 w
L'archange noir,de mal insatiable, 4+6 s
160 Prit la cornetteet les traits de Suzon 4+6 p
Qui dès longtempsservait dans la maison ; 4+6 p
Fille entendue,active, nécessaire, 4+6 v
Coiffant, frisant,portant des billets doux, 4+6 m
Savante en l'artde conduire une affaire, 4+6 v
165 Et ménageantsouvent deux rendez-vous, 4+6 m
L'un pour sa dame,et puis l'autre pour elle. 4+6 h
Satan, cachésous l'air de la donzelle, 4+6 h
Tint ce discoursà notre grosse belle : 4+6 h
 « Vous connaissezmes talents et mon cœur 4+6 d
170 Je veux servirvotre innocente ardeur ; 4+6 d
Votre intérêtd'assez près me concerne. 4+6 y
Mon grand cousinest de garde ce soir, 4+6 z
En sentinelleà certaine poterne ; 4+6 y
Là, sans risquerque votre honneur soit terne, 4+6 y
175 Le beau Talbotpeut en secret vous voir. 4+6 z
Écrivez-lui ;mon grand cousin est sage, 4+6 f
Il vous feratrès-bien votre message. » 4+6 f
La présidenteécrit un beau billet, 4+6 i
Tendre, emporté :chaque mot porte à l'âme 4+6 a
180 La volupté,les désirs, et la flamme : 4+6 a
On voyait bienque le diable dictait. 4+6 i
Le grand Talbot,habile ainsi que tendre, 4+6 b
Au rendez-vousfit serment de se rendre : 4+6 b
Mais il juraque, dans ce doux conflit, 4+6 i
185 Par les plaisirsil irait à la gloire ; 4+6 j
Et tout fut prêtafin qu'au saut du lit 4+6 i
Il ne fît plusqu'un saut à la victoire. 4+6 j
 Il vous souvientque le frère Lourdis 4+6 k
Fut envoyé,par le grand saint Denys, 4+6 k
190 Chez les Anglaispour lui rendre service. 4+6 c
Il était libreet chantait son office, 4+6 c
Disait sa messe,et même confessait. 4+6 i
Le preux Talbotsur sa foi le laissait, 4+6 i
Ne jugeant pasqu'un rustre, un imbécile, 4+6 r
195 Un moine épais,excrément de couvent, 4+6 e
Qu'il avait faitfesser publiquement, 4+6 e
Pût traverserun général habile. 4+6 r
Le juste cielen jugeait autrement. 4+6 e
Dans ses décretsil se complt souvent 4+6 e
200 A se moquerdes plus grands personnages. 4+6 d
Il prend les sotspour confondre les sages. 4+6 d
Un trait d'esprit,venant du paradis, 4+6 k
Illuminale crâne de Lourdis. 4+6 k
De son cerveaula matière épaissie 4+6 c
205 Devint légère,et fut moins obscurcie ; 4+6 c
Il s'étonnade son discernement. 4+6 e
Las ! nous pensons,le bon Dieu sait comment ! 4+6 e
Connaissons-nousquel ressort invisible 4+6 e
Rend la cervelleou plus ou moins sensible ? 4+6 e
210 Connaissons-nousquels atomes divers 4+6 f
Font l'esprit justeou l'esprit de travers, 4+6 f
Dans quels recoinsdu tissu cellulaire 4+6 v
Sont les talentsde Virgile ou d'Homère, 4+6 v
Et quel levain,chargé d'un froid poison, 4+6 p
215 Forme un Thersite,un Zoïle, un Fréron ? 4+6 p
Un intendantde l'empire de Flore 4+6 t
Près d'un œilletvoit la ciguë éclore ; 4+6 t
La cause en estau doigt du Créateur ; 4+6 d
Elle est cachéeaux yeux de tout docteur 4+6 d
220 N'imitons pasleur babil inutile. 4+6 r
 Lourdis d'aborddevint très-curieux ; 4+6 g
Utilementil employa ses yeux. 4+6 g
Il vit marchersur le soir, vers la ville, 4+6 r
Des cuisiniersqui portaient à la file 4+6 r
225 Tous les apprêtspour un repas exquis ; 4+6 k
Truffes, jambons,gélinottes, perdrix ; 4+6 k
De gros flaconsà panse ciselée 4+6 w
Rafrchissaient,dans la glace pilée, 4+6 w
Ce jus brillant,ces liquides rubis 4+6 k
230 Que tient Cîteaux,dans ses caveaux bénis. 4+6 k
Vers la poterneon marchait en silence ; 4+6 a
Lourdis alorsfut rempli de science, 4+6 a
Non de latin,mais de cet art heureux 4+6 g
De se conduireen ce monde scabreux. 4+6 g
235 Il fut douéd'une douce faconde, 4+6 i
Devint accort,attentif, avisé, 4+6 g
Regardant toutdu coin d'un œil rusé, 4+6 g
Fin courtisan,plein d'astuce profonde, 4+6 i
Le moine, enfin,le plus moine du monde. 4+6 i
240 Ainsi l'on voiten tout temps ses pareils 4+6 j
De la cuisineentrer dans les conseils ; 4+6 j
Brouillons en paix,intrigants dans la guerre, 4+6 v
Régnant d'abordchez le grossier bourgeois, 4+6 x
Puis se glissantau cabinet des rois, 4+6 x
245 Et puis enfin,troublant toute la terre ; 4+6 v
Tantôt adroitset tantôt insolents, 4+6 b
Renards ou loups,ou singes ou serpents : 4+6 b
Voilà pourquoiles Bretons mécréants 4+6 b
De leur engeanceont purgé l'Angleterre. 4+6 v
250  Notre Lourdisgagne un petit sentier, 4+6 g
Qui par un boismène au royal quartier. 4+6 g
En son espritroulant ce grand mystère, 4+6 v
Il va trouverBonifoux son confrère. 4+6 v
Dom Bonifoux,en ce même moment, 4+6 b
255 Sur les destinsrêvait profondément ; 4+6 b
Il mesuraitcette chne invisible 4+6 e
Qui tient liésles destins et les temps, 4+6 b
Les petits faits,les grands événements, 4+6 b
Et l'autre monde,et le monde sensible. 4+6 e
260 Dans son espritil les combine tous, 4+6 m
Dans les effetsvoit la cause et l'admire ; 4+6 k
Il en suit l'ordre :il sait qu'un rendez-vous 4+6 m
Peut renverserou sauver un empire. 4+6 k
Le confesseurse souvenait encor 4+6 l
265 Qu'on avait vules trois fleurs de lis d'or 4+6 l
En champ d'albâtreà la fesse d'un page, 4+6 f
D'un page anglais :surtout il envisage 4+6 f
Les murs tombésdu mage Hermaphrodix. 4+6 k
Ce qui surtoutl'étonne davantage, 4+6 f
270 C'est le bon sens,c'est l'esprit de Lourdis. 4+6 k
Il connut bienqu'à la fin saint Denys 4+6 k
De cette guerreaurait tout l'avantage. 4+6 f
 Lourdis se faitprésenter poliment 4+6 e
Par Bonifouxà la royale amie ; 4+6 c
275 Sur sa beautélui fait son compliment, 4+6 e
Et sur le roi ;puis il lui dit comment 4+6 e
Du grand Talbotla prudence endormie 4+6 c
A pour le soirun rendez-vous donné 4+6 g
Vers la poterne, ce déterminé 4+6 g
280 Est attendupar la Louvet qui l'aime. 4+6 j
« On peut, dit-il,user d'un stratagème, 4+6 j
Suivre Talbot,et le surprendre là, 4+6 m
Comme Samsonle fut par Dalila. 4+6 m
Divine Agnès,proposez cette affaire 4+6 v
285 Au grand roi Charle.Ah ! mon révérend père, 4+6 v
Lui dit Agnès,pensez-vous que le roi 4+6 z
Puisse toujoursêtre amoureux de moi ? 4+6 z
— Je n'en sais rien :je pense qu'il se damne, 4+6 l
Répond Lourdis ;ma robe le condamne, 4+6 l
290 Mon cœur l'absout.Ah ! qu'ils sont fortunés 4+6 f
Ceux qui pour vousseront un jour damnés ! » 4+6 f
Agnès reprit :« Moine, votre réponse 4+6 n
Est bien flatteuse,et de l'esprit annonce. » 4+6 n
Puis dans un coinle tirant à l'écart, 4+6 o
295 Elle lui dit :« Auriez-vous par hasard 4+6 o
Chez les Anglaisvu le jeune Monrose ? » 4+6 q
Le moine noirl'entendit finement : 4+6 e
« Oui, je l'ai vu,dit-il, il est charmant. » 4+6 e
Agnès rougit,baisse les yeux, compose 4+6 q
300 Son beau visage ;et prenant par la main 4+6 r
L'adroit Lourdis,le mène avant nuit close 4+6 q
Au cabinetde son cher suzerain. 4+6 r
 Lourdis y fitun discours plus qu'humain. 4+6 r
Le roi Charlot,qui ne le comprit guère, 4+6 v
305 Fit assemblerson conseil souverain, 4+6 r
Ses aumônierset son conseil de guerre. 4+6 v
Jeanne, au milieudes héros ses pareils, 4+6 j
Comme au combatassistait aux conseils. 4+6 j
La belle Agnès,d'une façon gentille, 4+6 r
310 Discrètementtravaillant à l'aiguille, 4+6 r
De temps en tempsdonnait de bons avis, 4+6 k
Qui du roi Charleétaient toujours suivis. 4+6 k
 On proposade prendre avec adresse 4+6 y
Sous les rempartsTalbot et sa mtresse : 4+6 y
315 Tels dans les cieuxle Soleil et Vulcain 4+6 r
Surprirent Marsavec son Aphrodise. 4+6 c
On préparacette grande entreprise, 4+6 c
Qui demandaitet la tête et la main. 4+6 r
Dunois d'abordprit le plus long chemin, 4+6 r
320 Fit une marcheet pénible et savante, 4+6 n
Effort de l'art,que dans l'histoire on vante. 4+6 n
Entre la villeet l'armée on passa, 4+6 m
Vers la poterneenfin on se plaça. 4+6 m
Talbot gtaitavec sa présidente 4+6 n
325 Les premiers fruitsd'une union naissante, 4+6 n
Se promettantque du lit aux combats, 4+6 a
En vrai héros,il ne ferait qu'un pas. 4+6 a
Six régimentsdevaient suivre à la file. 4+6 r
L'ordre est donné.C'était fait de la ville. 4+6 r
330 Mais ses guerriers,de la veille engourdis, 4+6 k
Pétrifiésd'un sermon de Lourdis, 4+6 k
Bâillaient encoreet se mouvaient à peine ; 4+6 t
L'un contre l'autreils dormaient dans la plaine. 4+6 t
O grand miracle !ô pouvoir de Denys ! 4+6 k
335  Jeanne et Dunois,et la brillante élite 4+6 u
Des chevaliersqui marchaient à leur suite, 4+6 u
Bordaient déjà,sous les murs d'Orléans, 4+6 b
Les longs fossésdu camp des assiégeants. 4+6 b
Sur un chevalvenu de Barbarie, 4+6 c
340 Le seul que Charlet dans son écurie, 4+6 c
Jeanne avançait,en tenant d'une main 4+6 r
De Déboral'estramaçon divin ; 4+6 r
A son côtépendait la noble épée 4+6 w
Qui d'Holophernea la tête coupée. 4+6 w
345 Notre Pucelle,avec dévotion, 4+6 p
Fit à Denystout bas cette oraison : 4+6 p
« Toi qui daignasà ma faiblesse, obscure, 4+6 c
Dans Domremi,confier cette armure, 4+6 c
Sois le soutiende ma fragilité. 4+6 g
350 Pardonne-moi,si quelque vanité 4+6 g
Flatta mes sensquand ton âne infidèle 4+6 h
S'émancipajusqu'à me trouver belle. 4+6 h
Mon cher patron,daigne te souvenir 4+6 v
Que c'est par moique tu voulus punir 4+6 v
355 De ces Anglaisles ardeurs enragées, 4+6 w
Qui polluaientdes nonnes affligées. 4+6 w
Un plus grand casse présente aujourd'hui : 4+6 x
Je ne puis riensans ton divin appui. 4+6 x
Prête ta forceau bras de ta servante ; 4+6 n
360 Il faut sauverla patrie expirante, 4+6 n
Il faut vengerles lis de Charles sept, 4+6 i
Avec l'honneurdu président Louvet. 4+6 i
Conduis à fincette aventure honnête ; 4+6 z
Ainsi le cielte conserve la tête ! » 4+6 z
365  Du haut du cielsaint Denys l'entendit, 4+6 i
Et dans le campson âne la sentit : 4+6 i
Il sentit Jeanne ;et d'un battement d'aile, 4+6 h
La tête haute,il s'envole vers elle. 4+6 h
Il s'agenouille,il demande pardon 4+6 p
370 Des attentatsde sa tendresse impure. 4+6 c
« Je fus, dit-il,possédé du démon ; 4+6 p
Je m'en repens.» Il pleure, il la conjure 4+6 c
De le monter ;il ne saurait souffrir 4+6 v
Que sous sa Jeanneun autre ose courir. 4+6 v
375 Jeanne vit bienqu'une vertu divine 4+6 a
Lui ramenaitla volatile asine. 4+6 a
Au pénitentsa grâce elle accorda, 4+6 m
Fessa son âne,et lui recommanda 4+6 m
D'être à jamaisplus discret et plus sage. 4+6 f
380 L'âne le jure,et, rempli de courage, 4+6 f
Fier de sa charge,il la porte dans l'air. 4+6 b
 Sur les Anglaisil fond comme un éclair, 4+6 b
Comme un éclairque la foudre accompagne. 4+6 c
Jeanne eu volantinonde la campagne 4+6 c
385 De flots de sang,de membres dispersés, 4+6 f
Coupe cent cousl'un sur l'autre entassés. 4+6 f
 Dans son croissantde la nuit la courrière 4+6 v
Lui fournissaitsa douteuse lumière. 4+6 v
L'Anglais surpris,encor tout étourdi, 4+6 x
390 Regarde en hautd' le coup est parti ; 4+6 x
Il ne voit pointla lance qui le tue. 4+6 d
La troupe fuit,égarée, éperdue, 4+6 d
Et va tomberdans les mains de Dunois. 4+6 x
Charles se voitle plus heureux des rois. 4+6 x
395 Ses ennemisà ses coups se présentent, 4+6 e
Tels que perdreauxen l'air éparpillés, 4+6 f
Tombant en fouleet par le chien pillés, 4+6 f
Sous le fusilla bruyère ensanglantent. 4+6 e
La voix de l'âneinspire la terreur ; 4+6 d
400 Jeanne d'en hautétend son bras vengeur, 4+6 d
Poursuit, pourfend,perce, coupe, déchire ; 4+6 k
Dunois assomme ;et le bon Charles tire 4+6 k
A son plaisirtout ce qui fuit de peur. 4+6 d
 Le beau Talbot,tout enivré des charmes 4+6 f
405 De sa Louvet,et de plaisirs rendu, 4+6 m
Sur son beau seinmollement étendu, 4+6 m
A sa poterneentend le bruit des armes ; 4+6 f
Il en triomphe.Il disait à part soi : 4+6 z
« Voilà mes gens,Orléans est à moi. » 4+6 z
410 Il s'applauditde ses ruses habiles. 4+6 g
« Amour, dit-il,c'est toi qui prends les villes. » 4+6 g
Dans cet espoirTalbot encouragé 4+6 g
Donne à sa belleun baiser de congé. 4+6 g
Il sort du lit,il s'habille, il s'avance, 4+6 a
415 Pour recevoirles vainqueurs de la France. 4+6 a
 Auprès de luile grand Talbot n'avait 4+6 i
Qu'un écuyer,qui toujours le suivait ; 4+6 i
Grand confidentet rempli de vaillance, 4+6 a
Digne vassald'un si galant héros, 4+6 e
420 Gardant sa lanceainsi que les manteaux. 4+6 e
« Entrez, amis,saisissez votre proie, » 4+6 i
Criait Talbot ;mais courte fut sa joie. 4+6 i
Au lieu d'amis,Jeanne, la lance en main, 4+6 r
Fondait vers luisur son âne divin. 4+6 r
425 Deux cents Françaisentrent par la poterne ; 4+6 y
Talbot frémit,la terreur le consterne. 4+6 y
Ces bons Françaiscriaient : « Vive le roi ! 4+6 z
A boire, à boire,avançons ; marche à moi ! 4+6 z
A moi, Gascons,Picards ! qu'on s'évertue, 4+6 d
430 Point de quartier !les voilà, tire, tue ! » 4+6 d
 Talbot, remisdu long saisissement 4+6 e
Que lui causale premier mouvement, 4+6 e
A sa poterneose encor se défendre : 4+6 b
Tel, tout sanglant,dans sa patrie en cendre, 4+6 b
435 Le fils d'Anchiseattaquait son vainqueur. 4+6 d
Talbot combatavec plus de fureur, 4+6 d
Il est Anglais ;l'écuyer le seconde : 4+6 i
Talbot et luicombattraient tout un monde. 4+6 i
Tantôt de front,et tantôt dos à dos, 4+6 e
440 De leurs vainqueursils repoussent les flots ; 4+6 e
Mais à la finleur vigueur épuisée 4+6 w
Cède au Françaisune victoire aisée. 4+6 w
Talbot se rend,mais sans être abattu. 4+6 m
Jeanne et Dunoisprisèrent sa vertu. 4+6 m
445 Ils vont tous deux,de manière engageante, 4+6 n
Au présidentrendre la présidente. 4+6 n
Sans nul souonil la reçoit très-bien : 4+6 r
Les bons marisne savent jamais rien. 4+6 r
Louvet toujoursignora que la France 4+6 a
450 A sa Louvetdevait sa délivrance. 4+6 a
 Du haut des cieuxDenys applaudissait ; 4+6 i
Sur son chevalsaint George frémissait ; 4+6 i
L'âne entonnaitson octave écorchante, 4+6 n
Qui des Bretonsredoublait l'épouvante. 4+6 n
455 Le roi, qu'on mitau rang des conquérants, 4+6 b
Avec Agnèssoupa dans Orléans. 4+6 b
La même nuit,la fière et tendre Jeanne, 4+6 l
Ayant au cielrenvoyé son bel âne, 4+6 l
De son sermentaccomplissant les lois, 4+6 x
460 Tint sa paroleà son ami Dunois. 4+6 x
Lourdis, mêlédans la troupe fidèle, 4+6 h
Criait encore :« Anglais ! elle est pucelle ! » 4+6 h
mètre profil métrique : 4+6
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