Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
VIV_5/VIV214
Renée VIVIEN
À l'heure des mains jointes
1906
VAINCUE
Le couchant est semblable | à la mort d’un poète… 6+6 a
Ah ! pesanteur des ans | et des songes vécus ! 6+6 b
Ici, je goûte en paix | l’heure de la défaite, 6+6 a
Car le soir pitoyable | est l’ami des vaincus. 6+6 b
5 Mes vers n’ont pas atteint | à la calme excellence, 6+6 a
Je l’ai compris, et nul | ne les lira jamais… 6+6 b
Il me reste la lune | et le proche silence, 6+6 a
Et les lys, et surtout | la femme que j’aimais… 6+6 b
Du moins, j’aurai connu | la splendeur sans limite 6+6 a
10 De la couleur, de la | ligne, de la senteur… 6−6 b
J’aurai vécu ma vie | ainsi que l’on récite 6+6 a
Un poème, avec art | et tendresse et lenteur. 6+6 b
Mes mains gardent l’odeur | des belles chevelures. 6+6 a
Que l’on m’enterre avec | mes souvenirs, ainsi 6+6 b
15 Qu’on enterrait avec | les reines leurs parures… 6+6 a
J’emporterai là-bas | ma joie et mon souci… 6+6 b
Isis, j’ai préparé | la barque funéraire 6+6 a
Que l’on remplit de fleurs, | d’épices et de nard, 6+6 b
Et dont la voile flotte | en des plis de suaire… 6+6 a
20 Les rituels rameurs | sont prêts… Il se fait tard… 6+6 b
Sous la protection | auguste de tes ailes, 6+6 a
O Déesse ! j’irai | vers les prés sans avril… 6+6 b
Je partirai, parmi | les odes fraternelles, 6+6 a
Sur un fleuve plus large | et plus noir que le Nil. 6+6 b
25 Et que mon cœur soit lourd | dans ta juste balance, 6+6 a
Lorsque j’arriverai | près du trône fatal 6+6 b
Où le silence noir | est plein de vigilance 6+6 a
Et que servent les Dieux | à têtes de chacal. 6+6 b
Isis, fais-moi rejoindre, | au fond des plaines nues, 6+6 a
30 Les poètes obscurs | qui savent les affronts 6+6 b
Et qui passent, chantant | leurs strophes inconnues 6+6 a
Dans le soir éternel | qui pèse sur leurs fronts… 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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