Métrique en Ligne
VIV_3/VIV67
Renée VIVIEN
Évocations
1903
À VENISE
Tout s’élargit. Le soir qui tombe est magnifique 6+6 a
Et vaste… Comme un Doge amoureux de la mer, 6+6 b
Parmi l’effeuillement des roses, la musique 6+6 a
Des luths, l’or qui flamboie ainsi qu’un rouge éclair, 6+6 b
5 J’irai, les yeux voilés de volupté mystique, 6+6 a
Et, fastueusement, j’épouserai la Mer. 6+6 b
J’épouserai la Mer, l’Incomparable Amante. 6+6 a
Le parfum et le sel de son acre baiser 6+6 b
Verseront la fraîcheur à ma lèvre brûlante 6+6 a
10 Et, comme un souvenir qui ne peut s’apaiser, 6+6 b
Ressurgira le vent des espaces qui chante 6+6 a
Sur le flot nuptial l’infini du baiser. 6+6 b
Je verrai tressaillir l’ombre des hippocampes. 6+6 a
Les algues s’ouvriront, plus belles que les fleurs : 6+6 b
15 Le phosphore, aux rayons atténués de lampes, 6+6 a
Allumera pour moi d’imprécises pâleurs : 6+6 b
Afin de couronner mes cheveux et mes tempes, 6+6 a
Les algues flotteront, plus belles que les fleurs. 6+6 b
Et, laissant ondoyer mon corps à la dérive, 6+6 a
20 Je mêlerai mon âme à l’âme de la mer, 6+6 b
Je mêlerai mon souffle à la brise lascive. 6+6 a
Se dissolvant, légère et fluide, ma chair 6+6 b
Ne sera plus qu’un peu d’écume fugitive. 6+6 a
Dans la pourpre du soir j’épouserai la Mer. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite périodique
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