Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
VHR_2/VHR52
Émile VERHAEREN
LES MOINES
1885
MOINE SAUVAGE
On trouve encor de grands | moines que l’on croirait 6+6 a
Sortis de la nocturne | horreur d’une forêt. 6+6 a
Ils vivent ignorés | en de vieux monastères, 6+6 a
Au fond du cloître, ainsi | que des marbres austères. 6+6 a
5 Et l’épouvantement | des grands bois résineux 6+6 a
Roule avec sa tempête | et sa terreur en eux, 6+6 a
Leur barbe flotte au vent | comme un taillis de verne, 6+6 a
Et leur œil est luisant | comme une eau de caverne. 6+6 a
Et leur grand corps drapé | des longs plis de leur froc 6+6 a
10 Semble surgir debout | dans les parois d’un roc. 6+6 a
Eux seuls, parmi ces temps | de grandeur outragée, 6+6 a
Ont maintenu debout | leur âme ensauvagée ; 6+6 a
Leur esprit, hérissé | comme un buisson de fer, 6+6 a
N’a jamais remué | qu’à la peur de l’enfer ; 6+6 a
15 Ils n’ont jamais compris | qu’un Dieu porteur de foudre 6+6 a
Et cassant l’univers | que rien ne peut absoudre, 6+6 a
Et des vieux Christs hagards, | horribles, écumants, 6+6 a
Tels que les ont grandis | les maîtres allemands, 6+6 a
Avec la tête en loque | et les mains large-ouvertes ; 6+6 a
20 Et les deux pieds crispés | autour de leurs croix vertes ; 6+6 a
Et les saints à genoux | sous un feu de tourment, 6+6 a
Qui leur brûlait les os | et les chairs lentement ; 6+6 a
Et les vierges, dans les | cirques et les batailles, 6−6 a
Donnant aux lions roux | à lécher leurs entrailles ; 6+6 a
25 Et les pénitents noirs | qui, les yeux sur le pain, 6+6 a
Se laissaient, dans leur nuit | rouge, mourir de faim. 6+6 a
Et tels s’useront-ils | en de vieux monastères. 6+6 a
Au fond du cloître, ainsi | que des marbres austères. 6+6 a
mètre profil métrique : 6−6
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