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Ce soir, Jeanne, m'accable une fatigue grande… |
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Mon corps las vainement te cherche, et te demande |
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Cet oubli dans l'appui, qu'un front cherche en un sein. |
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Je voudrais doucement, sans le moindre dessein |
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De former avec toi quelque manœuvre étrange, |
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Non, ce soir, je voudrais seulement un échange |
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De calmes maternels et fraternels aussi… |
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Ton sourire sur moi lentement s'obscurcit : |
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Une paix sans parole envahit notre espace. |
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Ta main sur mes cheveux glisse, passe et repasse, |
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Ma main sur ton genou se sent pleine de toi |
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Et j'élève mes yeux vers l'adorable toit |
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Que me fait ton visage au beau regard dans l'ombre. |
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Tout le temps se dissout en nous. La chambre sombre |
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Songe seule, en l'absence étrange des esprits. |
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Que penser ? Puisqu'enfin nous nous sommes compris, |
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Que tu respires là, comme moi, simples êtres, |
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Que le jardin jaunit déjà sous tes fenêtres, |
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Que ce silence sait tout ce que nous dirions |
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Que nos gestes feraient ce que nous voudrions |
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Et qui va se vouloir, peut-être, tout à l'heure… |
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Mais, à présent, Amour, sois sagesse, demeure |
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Un pur moment de vie entre nous partagé |
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Et le fruit le plus doux que nous ayons mangé. |
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