Métrique en Ligne
VAL_5/VAL85
Paul VALÉRY
CORONILLA
1938-1945
II
Poèmes datés
(1938-1943)
… Je m'éveille à mon nom que vous dites, peut-être ? 12
J'ouvre à la nuit mourante où la lune se fond… 12
PERSONNE… que la mer et les feuilles qui font 12
Quelque peu de rumeur avant que d'apparaître, 12
5 Et je demeure, au bord de l'aube, à ma fenêtre, 12
Comme n'osant troubler votre sommeil profond. 12
Je ne vois point du tout ce naissant paysage 12
Ni l'arbre vaguement qui tremble sur la mer ; 12
Mais l'esprit qui ressent l'éloignement amer, 12
10 Vous figure dormante au paisible visage, 12
Parfois qu'anime à peine un soupir pour présage 12
Des promesses d'amour d'une parfaite chair ? 12
Faut-il, devant ce corps envahi de son aise, 12
Et comme auprès de fruits qu'on ne doive cueillir, 12
15 Craindre le bel espoir d'y faire tressaillir 12
La vie, et ce qui suit d'une bouche qu'on baise, 12
Douceurs, fureurs, tourmente étrange qui s'apaise 12
Dans un suprême effort ivre de défaillir ? 12
NON. Pendant que je songe et contemple un lit tendre 12
20 Qui porte jusqu'au jour votre entière langueur, 12
Absente, dont j'entends battre le calme cœur 12
Parmi tant de beautés que je voudrais surprendre, 12
Hélas, le Soleil vient qui me réduit en cendre, 12
Illuminant d'aurore un vieillard sans vigueur. 12
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