Métrique en Ligne
VAL_5/VAL77
Paul VALÉRY
CORONILLA
1938-1945
I
Sonnets à Jean Voilier
SOUPIR DU SAMEDI ONZE
PUISSE ton cœur, ce soir silencieuse absente, 12
Te souffler de ces mots dont je t'ai dit plus d'un, 12
De ces mots dits si près qu'ils prenaient ton parfum 12
À même ta chair tiède et sur moi trop puissante. 12
5 Oui, c'est moi ; tu m'entends dans l'azur étranger… 12
Laisse un peu tes yeux perdre un, peu du paysage 12
Et ferme-les, pour voir vaguement ce visage 12
Où tu voyais l'esprit en amour se changer. 12
DEMAIN… C'était le jour de nos pleines caresses… 12
10 J'accourais… J'attendais, pâle, que tu paraisses 12
Tendrement souriante au seuil de ta maison… 12
Oh ! que le diable emporte et Maroc et le Monde, 12
Quand il était si doux de perdre la raison 12
Sur des bords plus vivants que le désert et l'onde ! 12
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