Métrique en Ligne
VAL_5/VAL149
Paul VALÉRY
CORONILLA
1938-1945
III
Poèmes sans date
TYPEWRITING MACHINE IMPROVISATION
Une tendresse, qui s'est faite une démence, 12
Une faiblesse, avec je ne sais quoi d'immense 12
Que toi-même, toi toute, (et même ton baiser 12
Le plus proche) ne peux tout à fait apaiser ; 12
5 Une soif, que n'éteint le suprême calice, 12
Et jusque sur la cime où gémit le délice, 12
Un vœu muet, un besoin fou d'avoir plus toi 12
Que toi, que ta vie et la mienne, et leur pourquoi ; 12
Une soif, une faim, ô fatale, ô totale 12
10 Présence vive et grappe intime du Tantale 12
Tendre jusqu'à pleurer vers la chute du jour 12
S'il a perdu ce jour sans mordre un peu d'amour… 12
Cette soif, cette faim, ce mal d'une âme extrême, 12
C'est MOI, mon cher Enfer, ton œuvre, et mon poème. 12
15 Et c'est TOI, tes regards, ta bouche avec sa voix, 12
Tout ce que je retiens par le bout de tes doigts 12
Tout ce que je possède aussi bien qu'il m'échappe, 12
Toi, ma source mon fruit, mon supplice et ma grappe 12
C'est NOUS, dont depuis l'aube, hélas, je m'entretiens 12
20 Devant l'énigme mienne et les mystères tiens… 12
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