Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
ROD_2/ROD135
Georges RODENBACH
Les Vies Encloses
1896
LES LIGNES DE LA MAIN
I
La main s'enorgueillit de sa nudité calme 6+6 a
Et d'être rose et lisse, et de jouer dans l'air 6+6 b
Comme un oiseau narguant l'écume de la mer, 6+6 b
Et de frémir avec des souplesses de palme. 6+6 a
5 La main exulte ; elle est fière comme une rose 6+6 a
— Sans songer que l'envers est un réseau de plis ! — 6+6 b
Et fait luire au soleil ses longs ongles polis 6+6 b
Enchâssant dans la chair un peu de corail rose. 6+6 a
La main règne, d'un air impérieux, car tout 6+6 a
10 Ne s'accomplit que par elle, tout dépend d'elle ; 6−6 b
Pour le nid du bonheur, elle est une hirondelle ; 6+6 b
Et, pour le vin de joie, elle est le raisin d'août. 6+6 a
La main rit d'être blanche et rose, et qu'elle éclaire 6+6 a
Comme un phare, et qu'elle ait une odeur de sachet ; 6+6 b
15 C'est comme si toujours elle s'endimanchait 6+6 b
À voir les bagues d'or dont se vêt l'annulaire. 6+6 a
Or pendant que la main s'enorgueillit ainsi 6+6 a
D'être belle, et de se convaincre qu'elle embaume, 6−6 b
Les plis mystérieux s'aggravent dans la paume 6+6 b
20 Et vont commencer d'être un écheveau transi. 6+6 a
Vain orgueil, jeu coquet de la main pavanée 6+6 a
Qui rit de ses bijoux, des ongles fins, des fards ; 6+6 b
Cependant qu'en dessous, avec des fils épars, 6+6 b
La Mort tisse déjà sa toile d'araignée. 6+6 a
mètre profil métrique : 6−6
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