Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
ROD_1/ROD25
Georges RODENBACH
Le Règne Du Silence
1891
LE CŒUR DE L'EAU
VIII
Les jets d'eau, tout le jour, | disent des élégies ; 6+6 a
C'est la forme la moins | consolable de l'eau, 6+6 b
Car elle porte haut | dans l'air ses nostalgies, 6+6 a
Montant et retombant | sous son propre fardeau… 6+6 b
5 Tristesse des jets d'eau | qui sont de l'eau brandie ; 6+6 a
Mais nul n'entend leur mal | et rien n'y remédie, 6+6 a
Jets d'eau toujours en peine, | impatients du ciel ! 6+6 a
Las ! L'azur défia | leur sveltesse de lance, 6+6 b
Symbole édifiant | d'une âme qui s'élance 6+6 b
10 Et pulvérise au vent | son sanglot éternel. 6+6 a
Car l'essor des jets d'eau | défaille en cascatelles 6+6 a
Et leur cœur est aussi | comme d'un exilé, 6+6 b
Cœur caché qu'on entend | pleurer dans des dentelles. 6+6 a
Or, le moindre mirage | est tout annihilé 6+6 b
15 Dans les vasques en fièvre | à la moire élargie. 6+6 a
Pour vouloir trop de ciel, | elles perdent le leur ! 6+6 b
Mais lorsque la nuit vient, | brouillant toute couleur, 6+6 b
Lorsque paraît la lune | à la pâle effigie, 6+6 a
Les jets d'eau vont reprendre | espoir en sa pitié ; 6+6 a
20 Et les voilà, frissons | de plumes hésitantes, 6+6 b
Qui font monter à coups | d'ailes intermittentes 6+6 b
Leurs colombes, en un | essor multiplié ! 6−6 a
Le ciel lointain a des | infinis de lagune… 6−6 a
Détresse des jets d'eau | qui n'auront pas été 6+6 b
25 Conduire leurs ramiers | becqueter la clarté 6+6 b
Et goûter le divin | aux lèvres de la lune ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6−6
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