MÉTRIQUE EN LIGNE

a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre

REN_5/REN255

Armand RENAUD

AU PAYS DE LA MORT ET DE LA BEAUTÉ

1895

GOLFE DE NAPLES

Entre Charybde et Scylla

A Sully Prudhomme.

CHŒUR SUR LA NACELLE.

LE calme est grand, fuyons la rive,	8	a
Et sur la mer qui dort│voguons sans matelots.	6+6	b
La clarté du ciel nous arrive	8	a
Avec l'astre d'argent│reflété par les flots.	6+6	b

5	Nos guitares sont accordé es.	8	a
	Laissons d'un môme essor│toujours, toujours plus loin.	6+6	b
	Folles chansons, folles idé es,	8	a
	Au bercement de l'eau,│s'envoler sans témoin.	6+6	b

CHŒUR SUR LE RIVAGE.

	En ivrez-vous du vaste espace,	8	a
10	De la douceur du vent qui passe.	8	a
	Des mystères et des clartés.	8	b
	Les courants ne feront point grâce	8	a
	A ceux qui les ont affrontés.	8	b
	Chantez ! Chantez !	4	b

15	Tandis qu'en troupes vagabondes	8	a
	Nous foulons gaîment de nos rondes	8	a
	Les prés aux gazons veloutés,	8	b
	Imprudents, les vagues profondes	8	a
	Vont rouler vos corps emportés.	8	b
20	Chantez ! Chantez !	4	b

UNE VOIX SUR LA NACELLE.

Oui, je m'en ivrerai│sans avoir peur du gouffre,	6+6	a
Oui, je m'en ivrerai│sans redouter la mort.	6+6	b
Sur le rivage humain│l'on végète et l'on souffre.	6+6	a
Ici le flot profond│me fait un cœur plus fort.	6+6	b

25	Chantez, musici ens !│Mêlez vos harmoni es !	6+6	a
	Du rivage quitté│n'ayez pas de regrets.	6+6	b
	Laissez-vous endormir│par la voix des géni es.	6+6	a
	Le charme est infini.│Que nous importe après !	6+6	b

	Mieux vaut ne pas rester│à l'étroit sur la terre.	6+6	a
30	Puisque après tout la mort│doit toujours nous avoir.	6+6	b
	Vaste mer, vaste amour,│c'est le même mystère.	6+6	a
	Laissez-vous entraîner,│cœurs qui voulez savoir.	6+6	b

CHŒUR DES ESPRITS DE LA MER.

	Sur les âmes pusillanimes	8	a
	Nous jetons les flots de l'oubli ;	8	b
35	Mais nous ouvrons, dans les abîmes,	8	a
	La splendeur des rêves sublimes	8	a
	Aux cœurs forts qui n'ont pas faibli.	8	b

	Sur un idé al qui l'embrase,	8	a
	Malheur à qui nous est venu !	8	b
40	Nous l'engloutissons dans la vase,	8	a
	Mais nous versons la grande extase	8	a
	Aux amoureux de l'inconnu.	8	b

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