Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
REN_1/REN10
Armand RENAUD
Recueil intime
1881
II
Les Oiseaux de Paradis
 Dans le pays vont les rêves, 8 a
 Dans le pays , sur les grèves, 8 a
 S’échevèlent les cocotiers, 8 b
  le soleil d’Océanie 8 c
5  Verse, de son urne infinie, 8 c
 Des flammes sur tous les sentiers ; 8 b
  le caméléon qui change, 8 a
 Examine, d’un œil étrange, 8 a
 Le singe que son bras suspend ; 8 b
10   la liane immense et souple, 8 c
 Autour des arbres qu’elle accouple, 8 c
 Se tortille comme un serpent ; 8 b
Là, sont les beaux oiseauxau milieu des bananes ; 6+6 a
Les uns contemplatifsainsi que des brahmanes, 6+6 a
15 Les autres fourmillantde bruits et de couleurs. 6+6 b
Là le perroquet jaseen accents persifleurs ; 6+6 b
Avec ses diamantssur ses plumes de soie, 6+6 a
L’argus tout constellé,comme le ciel, flamboie ; 6+6 a
Tandis qu’entremêlésdansent en tourbillons 6+6 b
20 Les tout petits oiseauxet les grands papillons. 6+6 b
 Tous, faisant d’immenses armées, 8 a
 De leur propre vue étourdis, 8 b
 Ils cherchent les fleurs parfumées, 8 a
 Les arbres frais, les prés verdis ; 8 b
25  L’eau des fleuves les désaltère, 8 c
 Pour leurs ébats ils ont la terre. 8 c
 Mais le firmament solitaire 8 c
 N’est qu’aux oiseaux de paradis. 8 b
 Eux ils voient, dans leur vol sublime, 8 a
30  Ramper le monde, au loin, bien bas. 8 b
 A peine effleurent-ils la cime 8 a
 Des grands figuiers, quand ils sont las, 8 b
 Et sur les vagues de leurs ailes 8 c
 Ondulant comme des nacelles, 8 c
35  Le corps rayonnant d’étincelles, 8 c
 Ils montent l’on ne sait pas. 8 b
 Oh ! s’il est jamais, en ce monde, 8 a
 Rien tombé du jardin des cieux, 8 b
 C’est la légion vagabonde 8 a
40  De ces oiseaux au vol soyeux, 8 b
 De ces mystiques rêveries 8 c
 Qui flottent dans les pierreries 8 c
 Et qui ne veulent pour prairies 8 c
 Que l’azur l’on met les dieux. 8 b
45 Mais voici qu’ils se sontarrêtés sur un fte, 6+6 a
Et qu’on entend soudainfrissonner la tempête. 6+6 a
A gagner les hauteurs le ciel est serein, 6+6 b
Leur vol va s’épuisant ;la rafale sans frein 6+6 b
Les prend, et vers le solles pousse avec la nue. 6+6 a
50 Ils tombent, tout meurtris,sur la terre inconnue. 6+6 a
Oh ! doux oiseaux, pourquoi,dans le feuillage impur, 6+6 b
Être venus déchoirde l’éternel azur ? 6+6 b
Par un rire infernalraillant vos épouvantes, 6+6 a
Des êtres au teint noir,sur vos lueurs vivantes, 6+6 a
55 Se sont rués. Adieupour vous l’air et le jour. 6+6 b
Vous souffrirez beaucoup ;car l’homme est un vautour 6+6 b
Dont l’ongle sans pitién’ignore aucun supplice. 6+6 a
De peur que par la mortvotre éclat ne pâlisse 6+6 a
Et que, moins colorés,vous ne valiez moins cher, 6+6 b
60 On va vous embaumervivants. Déjà le fer 6+6 b
Entre rouge dans vosentrailles. L’agonie 6−6 a
Vous convulse un moment.Hourra ! l’œuvre est finie. 6+6 a
Et maintenant allez,cadavres de beauté. 6+6 b
Allez vers la splendeuret vers la volupté. 6+6 b
65 Le peintre vous feraresplendir sur l’épaule 6+6 a
D’un ange, devant Dieus’inclinant comme un saule, 6+6 a
Ou, dans leurs nids d’amour,pleins d’un charme profond, 6+6 b
Comme un charme de plus,les femmes vous auront. 6+6 b
Oiseaux de paradis,légion solitaire, 6+6 a
70 Martyrs, vous figurez,tout ce qui, sur la terre, 6+6 a
Reflète la splendeurpure du ciel sacré. 6+6 b
Victimes de l’amourqu’elles ont inspiré, 6+6 b
N’importe ni comment,toutes les belles choses 6+6 a
Servent de proie à l’homme,ardent faucheur de roses, 6+6 a
75 Et s’en allant tombersous ses désirs maudits, 6+6 b
Ici-bas, sont autantd’oiseaux de paradis. 6+6 b
mètre profils métriques : 8, 6−6
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