Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
QUI_1/QUI35
Pierre QUILLARD
La lyre héroïque et dolente
1897
LA GLOIRE DU VERBE
LES MYTHES
LA VOIX IMPÉRISSABLE
A Catulle Mendès.
Abandonné depuisdes siècles fabuleux, 6+6 a
Un grand temple dressaitsur le mont solitaire 6+6 b
Ses portiques de marbreet ses escaliers bleus. 6+6 a
Pourpre trnant en ombreerrante sur la terre, 6+6 b
5 Jardins ensanglantésde glorieuses fleurs, 6+6 c
Vasques d'or l'ibissacré se désaltère, 6+6 b
Et près des bois, gemméspar la rosée en pleurs 6+6 c
Du collier merveilleuxque l'aube sainte égrène, 6+6 a
Des oiseaux ignorantles rets des oiseleurs : 6+6 c
10 Tout un monde de rêveespérait une reine 6+6 a
Ou le retour tardifdes héros et des dieux 6+6 b
Disparus dans la nuitformidable et sereine. 6+6 a
Fils de la neige pureet du ciel radieux, 6+6 b
Des cygnes indolentsglissaient dans la vallée 6+6 c
15 Sur un fleuve que leslotus étoilaient d'yeux ; 6−6 b
Leurs corps majestueuxfendait l'eau refoulée 6+6 c
Et parfois leur plumageillustre secouait 6+6 a
Autour d'eux des floconsde lumière envolée, 6+6 c
Tandis qu'en un appelde deuil ou de souhait 6+6 a
20 Le cri des beaux nageursaux ailes éployées 6+6 b
Montait éperdumentvers le temple muet. 6+6 a
Mais nul dieu revenun'écartait les feuillées 6+6 b
Et nulle reine avecdes rires enfantins, 6+6 c
Ne réveillait l'échodes verdures mouillées. 6+6 b
25 Le vieux temple érigeaitses portiques hautains 6+6 c
Ainsi qu'un fier écueild'indestructible roche 6+6 a
Qui défiait les flotsdes soirs et des matins. 6+6 c
Or, flux tumultueuxqui roule et qui s'accroche 6+6 a
En écume de flammeaux marbres effrités, 6+6 b
30 La sombre mer des jourssuprêmes était proche 6+6 a
Ruine des moissonset terreur des cités. 6+6 b
Fauves ivres du sangversé dans les cratères, 6+6 c
Des hordes s'en venaientvers les bois enchantés. 6+6 b
Les têtes des vaincussur la peau des panthères 6+6 c
35 Pendaient horriblementcomme des raisins mûrs 6+6 a
Et les carquois sonnaientaux dos des sagittaires. 6+6 c
Les frondeurs brandissaientleurs bras noueux et durs 6+6 a
Et des cavaliers nusau galop des cavales 6+6 b
Entrèrent en hurlantpar les brèches des murs. 6+6 a
40 Des torches consumaientde leurs pourpres rivales 6+6 b
Les voiles rouges etles blocs de marbre roux. 6+6 c
Et des gerbes de feufusaient par intervalles. 6+6 b
L'absence de vivantsattisait le courroux 6+6 c
Des barbares frustrésde la chair des prêtresses, 6+6 a
45 Et les images d'orse brisaient sous leurs coups. 6+6 c
Tel le Temple, parmiles clameurs vengeresses, 6+6 a
S'abîmait dans les flotsde bronze incandescent 6+6 b
Qui couronnaient les montsde monstrueuses tresses. 6+6 a
Seuls, les cygnes éparsdans le val frémissant 6+6 b
50 Regardaient la lueurrouge de l'incendie 6+6 c
Comme un morne soleilqui meurt et qui descend ; 6+6 b
Et, vers l'astre nouveaud' la flamme irradie, 6+6 c
Désespérant des dieuxqui les ont oubliés, 6+6 a
Ils tournaient tristementleur prunelle agrandie, 6+6 c
55 Mais les barbares las,jetant leurs boucliers, 6+6 a
Firent pleuvoir, avecles pierres de leurs frondes, 6+6 b
Les flèches qui sifflaiententre les peupliers. 6+6 a
Pointes de fer, silexaigus et balles rondes 6+6 b
Trouaient l'eau frissonnanteavec un bruit strident 6+6 c
60 Et le sang des oiseauxtachait les claires ondes. 6+6 b
Alors un chant funèbreemplit le ciel ardent : 6+6 c
Un concert douloureuxd'ineffable harmonie 6+6 a
Montait vers les tueurssurgis de l'occident. 6+6 c
La voix des chanteurs blancspleurant leur agonie 6+6 a
65 Poursuivait les guerriersjusque-là sans remords 6+6 b
Dont la chair palpitaitd'une angoisse infinie ; 6+6 a
Et tandis qu'autour d'euxl'âme des cygnes morts 6+6 b
Semait un hymne amerde vengeance éternelle, 6+6 c
Les barbares, au volde leurs chevaux sans mors, 6+6 b
70 S'enfonçaient, affolés,dans l'ombre solennelle. 6+6 c
mètre profil métrique : 6−6
logo du CRISCO logo de l'université