Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
NOA_1/NOA80
Anna de NOAILLES
Les Vivants et les Morts
1913
II
LES CLIMATS
ARLES
Mes souvenirs, ce soir, | me séparent de toi ; 6+6 a
Au-dessus de tes yeux, | de ta voix qui me parle, 6+6 b
De ce frais horizon | d'églises et de toits, 6+6 a
J'écoute, dans mon rêve | où frémit leur émoi, 6+6 a
5 Les hirondelles sur le ciel d'Arles ! 9 b
La nuit était torride | à l'heure du couchant. 6+6 a
Les doux cieux languissaient | comme une barcarolle ; 6+6 b
Deux colonnes des Grecs, | levant leurs bras touchants, 6+6 a
Semblaient une Andromaque | éplorée, et cherchant 6+6 a
10 A fléchir | une ombre qui s'envole ! 3+6 b
Ce qu'un beau soir contient | de perfide langueur 6+6 a
Ployait dans un silence | empli de bruits infimes ; 6+6 b
Je regardais, les mains | retombant sur mon cœur, 6+6 a
Briller ainsi qu'un vase | où coule la chaleur, 6+6 a
15 Le pâle cloître de Saint-Trophime ! 9 b
Une brise amollie | et lourde de parfums, 6+6 a
Glissait, silencieuse, | au bord gisant du Rhône. 6+6 b
Tout ce que l'on obtient | me semblait importun, 6+6 a
Mes pensers, mes désirs, | s'éloignaient un à un 6+6 a
20 Pour monter | vers d'invisibles zones ! 3+6 b
O soleil, engourdi | par les senteurs du thym, 6+6 a
Parfums de poivre et d'huile | épandus sur la plaine, 6+6 b
Rochers blancs, éventés, | où, dans l'air argentin, 6+6 a
On croit voir, se gorgeant | des flots du ciel latin, 6+6 a
25 Les rapides Victoires | d'Athènes ! 6+3 b
Soir torturé d'amour | et de pesants tourments, 6+6 a
Grands songes accablés | des roseaux d'Aigues-Mortes, 6+6 b
Musicale torpeur | où volent des flamants, 6+6 a
Couleur du soir divin, | qui promets et qui ments, 6+6 a
30 C'est ta détresse qui | me transporte ! 6+3 b
Ah ! les amants unis, | qui dorment, oubliés, 6+6 a
Dans les doux Alyscamps | bercés du clair de lune, 6+6 b
Connaissent, sous le vent | léger des peupliers, 6+6 a
Le bonheur de languir, | assouvis et liés, 6+6 a
35 Dans la même | amoureuse infortune ; 3+6 b
Mais les corps des vivants, | aspirés par l'été, 6+6 a
Sont des sanglots secrets | que tout l'azur élance. 6+6 b
Je songeais sans parler, | lointaine à vos côtés ; 6+6 a
Qui jamais avouera | l'âpre infidélité 6+6 a
40 D'un cœur sensible dans le silence !… 9 b
mètre profils métriques : 6+6, 3÷6
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