Métrique en Ligne
MUS_4/MUS156
Alfred de MUSSET
POÉSIES POSTHUMES
1824-1857
A la Sœur Marceline
J’étais couché pâle et sans vie 8
Dans un linceul de sang glacé 8
Où la douleur et l’insomnie 8
Pendant trois nuits m’avaient bercé. 8
5 Pauvre fille, tu n’es pas belle, 8
A force de veiller sur elle 8
La mort t’a laissé sa pâleur ; 8
En soignant la misère humaine 8
Ta main s’est durcie à la peine 8
10 Comme celle du laboureur. 8
Mais la fatigue et le courage 8
Font briller ce pâte visage, 8
Au chevet de l’agonisant. 8
Elle est douce, ta main grossière, 8
15 Au pauvre blessé qui la serre 8
Pleine de larmes et de sang. 8
Poursuis ta route solitaire, 8
Chaque pas que tu fais sur terre, 8
C’est pour ton œuvre et vers ton Dieu. 8
20 Nous disons que le mal existe, 8
Nous, dont la sagesse consiste, 8
A savoir le fuir en tout lieu ; 8
Mais ta conscience le nie. 8
Tu n’y crois plus, toi dont la vie 8
25 N’est qu’un long combat contre lui, 8
Et tu ne sens pas ses atteintes, 8
Car ta bouche n’a plus de plaintes 8
Que pour les souffrances d’autrui. 8
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