Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
MUS_4/MUS146
Alfred de MUSSET
POÉSIES POSTHUMES
1824-1857
A Aimée d’Alton
A Ninon
Avec tout votre esprit, | la belle indifférente, 6+6 a
Avec tous vos grands airs | de rigueur nonchalante, 6+6 a
Qui nous font tant de mal | et qui vous vont si bien, 6+6 b
Il n’en est pas moins vrai | que vous n’y pouvez rien. 6+6 b
5 Il n’en est pas moins vrai | que, sans qu’il y paraisse, 6+6 a
Vous êtes mon idole | et ma seule maîtresse ; 6+6 a
Qu’on n’en aime pas moins | pour devoir se cacher, 6+6 b
Et que vous ne pouvez, | Ninon, m’en empêcher. 6+6 b
Il n’en est pas moins vrai | qu’en dépit de vous-même, 6+6 a
10 Quand vous dites un mot | vous sentez qu’on vous aime, 6+6 a
Que, malgré vos mépris, | on n’en veut pas guérir, 6+6 b
Et que d’amour de vous, | il est doux de souffrir. 6+6 b
Il n’en est pas moins vrai | que, sitôt qu’on vous touche, 6+6 a
Vous avez beau nous fuir, | sensitive farouche, 6+6 a
15 On emporte de vous | des éclairs de beauté, 6+6 b
Et que le tourment même | est une volupté. 6+6 b
Soyez bonne ou maligne, | orgueilleuse ou coquette, 6+6 a
Vous avez beau railler | et mépriser l’amour, 6+6 b
Et, comme un diamant | qui change de facette, 6+6 a
20 Sous mille aspects divers | vous montrer tour à tour ; 6+6 b
Il n’en est pas moins vrai | que je vous remercie, 6+6 a
Que je me trouve heureux, | que je vous appartiens, 6+6 b
Et que, si vous voulez | du reste de ma vie, 6+6 a
Le mal qui vient de vous | vaut mieux que tous les biens. 6+6 b
25 Je vous dirai quelqu’un | qui sait que je vous aime : 6+6 a
C’est ma Muse, Ninon ; | nous avons nos secrets. 6+6 b
Ma Muse vous ressemble, | ou plutôt, c’est vous-même ; 6+6 a
Pour que je l’aime encor | elle vient sous vos traits. 6+6 b
La nuit, je vois dans l’ombre | une pale auréole, 6+6 a
30 Où flottent doucement | les contours d’un beau front ; 6+6 b
Un rêve m’apparaît | qui passe et qui s’envole ; 6+6 a
Les heureux sont les fous : | les poètes le sont. 6+6 b
J’entoure de mes bras | une forme légère ; 6+6 a
J’écoute à mon chevet | murmurer une voix ; 6+6 b
35 Un bel ange aux yeux noirs | sourit à ma misère ; 6+6 a
Je regarde le ciel, | Ninon, et je vous vois ; 6+6 b
O mon unique amour, | cette douleur chérie, 6+6 a
Ne me l’arrachez pas | quand j’en devrais mourir ! 6+6 b
Je me tais devant vous ; | — quel mal fait ma folie ? 6+6 a
40 Ne me plaignez jamais | et laissez-moi souffrir. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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