Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
MOL10/MOL10
MOLIÈRE
(Jean-Baptiste de Poquelin)
1668
AMPHYTRION
Comédie
ACTEURS
MERCURE
LA NUIT
JUPITER sous le forme d'Amphitryon
AMPHITRYON général des Thébains
ALCMÈNE femme d'Amphitryon
CLEANTHIS suivante d'Alcmène et femme de Sosie
SOSIE valet d'Amphitryon
ARGATIPHONDITAS capitaine thébain
NAUCRATES capitaine thébain
POLIDAS capitaine thébain
POSICLES capitaine thébain
PROLOGUE
Mercure, sur un nuage ; la Nuit, dans un char traîné par deux chevaux.
MERCURE
Tout beau ! Charmante Nuit ;daignez vous arrêter : 6+6 1
Il est certain secoursque de vous on désire, 6+6 2
 Et j'ai deux mots à vous dire 7 2
 De la part de Jupiter. 7 3
LA NUIT
5  Ah ! Ah ! C'est vous, seigneur Mercure ! 8 4
Qui vous t devinélà, dans cette posture ? 6+6 4
MERCURE
Ma foi ! Me trouvant las,pour ne pouvoir fournir 6+6 5
Aux différents emplois Jupiter m'engage, 6+6 6
Je me suis doucementassis sur ce nuage, 6+6 6
10  Pour vous attendre venir. 7 5
LA NUIT
Vous vous moquez, Mercure,et vous n'y songez pas : 6+6 7
Sied-il bien à des dieuxde dire qu'ils sont las ? 6+6 7
MERCURE
Les dieux sont-ils de fer ?
LA NUIT
Non ; mais il faut sans cesse 6+6 8
Garder le decorumde la divinité. 6+6 1
15 Il est de certains motsdont l'usage rabaisse 6+6 8
 Cette sublime qualité, 8 1
 Et que, pour leur indignité, 8 1
 Il est bon qu'aux hommes on laisse. 8 8
MERCURE
 À votre aise vous en parlez, 8 1
20 Et vous avez, la belle,une chaise roulante, 6+6 9
par deux bons chevaux,en dame nonchalante, 6+6 9
Vous vous faites trnerpartout vous voulez. 6+6 1
 Mais de moi ce n'est pas de même ; 8 10
Et je ne puis vouloir,dans mon destin fatal, 6+6 11
25  Aux poètes assez de mal 8 11
 De leur impertinence extrême, 8 10
 D'avoir, par une injuste loi, 8 12
 Dont on veut maintenir l'usage, 8 6
 À chaque dieu, dans son emploi, 8 12
30  Donné quelque allure en partage, 8 6
 Et de me laisser à pied, moi, 8 12
 Comme un messager de village, 8 6
Moi, qui suis, comme on sait,en terre et dans les cieux, 6+6 13
Le fameux messagerdu souverain des dieux, 6+6 13
35  Et qui, sans rien exagérer, 8 1
 Par tous les emplois qu'il me donne, 8 14
 Aurais besoin, plus que personne, 8 14
 D'avoir de quoi me voiturer. 8 1
LA NUIT
 Que voulez-vous faire à cela ? 8 15
40  Les poètes font à leur guise : 8 16
 Ce n'est pas la seule sottise 8 16
 Qu'on voit faire à ces messieurs-là. 8 15
Mais contre eux toutefoisvotre âme à tort s'irrite, 6+6 17
Et vos ailes aux piedssont un don de leurs soins. 6+6 18
MERCURE
45  Oui ; mais, pour aller plus vite, 7 17
 Est-ce qu'on s'en lasse moins ? 7 18
LA NUIT
 Laissons cela, seigneur Mercure, 8 4
 Et sachons ce dont il s'agit. 8 19
MERCURE
 C'est Jupiter,comme je vous l'ai dit, 4+6 19
50 Qui de votre manteauveut la faveur obscure, 6+6 4
 Pour certaine douce aventure 8 4
 Qu'un nouvel amour lui fournit. 8 19
Ses pratiques, je crois,ne vous sont pas nouvelles : 6+6 20
Bien souvent pour la terreil néglige les cieux ; 6+6 13
55 Et vous n'ignorez pasque ce mtre des dieux 6+6 13
Aime à s'humaniserpour des beautés mortelles, 6+6 20
 Et sait cent tours ingénieux, 8 13
 Pour mettre à bout les plus cruelles. 8 20
 Des yeux d'Alcmèneil a senti les coups ; 4+6 21
60 Et tandis qu'au milieudes béotiques plaines, 6+6 22
 Amphitryon, son époux, 7 23
 Commande aux troupes thébaines, 7 22
Il en a pris la forme,et reçoit là-dessous 6+6 21
 Un soulagement à ses peines 8 22
65 Dans la possessiondes plaisirs les plus doux. 6+6 23
L'état des mariésà ses feux est propice : 6+6 16
L'hymen ne les a jointsque depuis quelques jours ; 6+6 24
Et la jeune chaleurde leurs tendres amours 6+6 24
A fait que Jupiterà ce bel artifice 6+6 16
70  S'est avisé d'avoir recours. 8 24
Son stratagème icise trouve salutaire ; 6+6 25
 Mais, près de maint objet chéri, 8 26
Pareil déguisementserait pour ne rien faire, 6+6 25
Et ce n'est pas partoutun bon moyen de plaire 6+6 25
75  Que la figure d'un mari. 8 26
LA NUIT
J'admire Jupiter,et je ne comprends pas 6+6 7
Tous les déguisementsqui lui viennent en tête. 6+6 27
MERCURE
Il veut gter par làtoutes sortes d'états, 6+6 7
 Et c'est agiren dieu qui n'est pas bête. 4+6 27
80 Dans quelque rang qu'il soitdes mortels regardé, 6+6 1
 Je le tiendrais fort misérable, 8 28
S'il ne quittait jamaissa mine redoutable, 6+6 28
Et qu'au fte des cieuxil fût toujours guindé. 6+6 1
Il n'est point, à mon gré,de plus sotte méthode 6+6 29
85 Que d'être emprisonnétoujours dans sa grandeur ; 6+6 30
Et surtout aux transportsde l'amoureuse ardeur 6+6 30
La haute qualitédevient fort incommode. 6+6 29
Jupiter, qui sans douteen plaisirs se connt, 6+6 31
Sait descendre du hautde sa gloire suprême ; 6+6 10
90  Et pour entrerdans tout ce qu'il lui plt 4+6 31
 Il sort tout à fait de lui-même, 8 10
Et ce n'est plus alorsJupiter qui part. 6+6 31
LA NUIT
Passe encor de le voir,de ce sublime étage, 6+6 6
 Dans celui des hommes venir, 8 5
95 Prendre tous les transportsque leur cœur peut fournir, 6+6 5
 Et se faire à leur badinage, 8 6
Si, dans les changements son humeur l'engage, 6+6 6
À la nature humaineil s'en voulait tenir ; 6+6 5
 Mais de voir Jupiter taureau, 8 32
100  Serpent, cygne, ou quelque autre chose, 8 33
 Je ne trouve point cela beau, 8 32
Et ne m'étonne passi parfois on en cause. 6+6 33
MERCURE
 Laissons dire tous les censeurs : 8 34
 Tels changements ont leurs douceurs 8 34
105  Qui passent leur intelligence. 8 35
Ce dieu sait ce qu'il faitaussi bien là qu'ailleurs ; 6+6 34
Et dans les mouvementsde leurs tendres ardeurs, 6+6 34
Les bêtes ne sont passi bêtes que l'on pense. 6+6 35
LA NUIT
Revenons à l'objetdont il a les faveurs. 6+6 34
110 Si par son stratagèmeil voit sa flamme heureuse, 6+6 36
Que peut-il souhaiter ?Et qu'est-ce que je puis ? 6+6 37
MERCURE
Que vos chevaux, par vousau petit pas réduits, 6+6 37
Pour satisfaire aux vœuxde son âme amoureuse, 6+6 36
 D'une nuit si délicieuse 8 36
115  Fassent la plus longue des nuits ; 8 37
 Qu'à ses transportsvous donniez plus d'espace, 4+6 38
 Et retardiezla naissance du jour 4+6 39
 Qui doit avancer le retour 8 39
 De celui dont il tient la place. 8 38
LA NUIT
120  Voilà sans doute un bel emploi 8 12
 Que le grand Jupiter m'apprête, 8 27
 Et l'on donne un nom fort honnête 8 27
 Au service qu'il veut de moi. 8 12
MERCURE
 Pour une jeune déesse, 7 8
125  Vous êtes bien du bon temps ! 7 40
 Un tel emploi n'est bassesse 7 8
 Que chez les petites gens. 7 40
Lorsque dans un haut rangon a l'heur de partre, 6+6 41
 Tout ce qu'on faitest toujours bel et bon ; 4+6 42
130  Et suivant ce qu'on peut être, 7 41
 Les choses changent de nom. 7 42
LA NUIT
 Sur de pareilles matières 7 43
 Vous en savez plus que moi ; 7 12
 Et pour accepter l'emploi, 7 12
135  J'en veux croire vos lumières. 7 43
MERCURE
 Hé ! Là, là, Madame la Nuit, 8 19
 Un peu doucement, je vous prie. 8 44
 Vous avez dans le monde un bruit 8 19
 De n'être pas si renchérie. 8 44
140 On vous fait confidente,en cent climats divers, 6+6 45
 De beaucoup de bonnes affaires ; 8 43
Et je crois, à parlerà sentiments ouverts, 6+6 45
 Que nous ne nous en devons guères. 8 43
LA NUIT
 Laissons ces contrariétés, 8 46
145  Et demeurons ce que nous sommes : 8 47
 N'apprêtons point à rire aux hommes 8 47
 En nous disant nos vérités. 8 46
MERCURE
Adieu : je vais là-bas,dans ma commission, 6+6 42
Dépouiller promptementla forme de Mercure, 6+6 4
150  Pour y vêtir la figure 7 4
 Du valet d'Amphitryon. 7 42
LA NUIT
Moi, dans cet hémisphère,avec ma suite obscure, 6+6 4
 Je vais faire une station. 8 42
MERCURE
 Bonjour, la Nuit.
LA NUIT
 Adieu, Mercure. 8 4
ACTE I
SCÈNE PREMIÈRE
SOSIE
155 Qui va là ? Heu ? Ma peur,à chaque pas, s'accrt. 6+6 48
 Messieurs, ami de tout le monde. 8 49
 Ah ! Quelle audace sans seconde 8 49
 De marcher à l'heure qu'il est ! 8 31
 Que mon mtre, couvert de gloire, 8 50
160  Me joue ici d'un vilain tour ! 8 39
Quoi ? Si pour son prochainil avait quelque amour, 6+6 39
M'aurait-il fait partirpar une nuit si noire ? 6+6 50
Et pour me renvoyerannoncer son retour 6+6 39
 Et le détail de sa victoire, 8 50
165 Ne pouvait-il pas bienattendre qu'il fût jour ? 6+6 39
 Sosie, à quelle servitude 8 51
 Tes jours sont-ils assujettis ! 8 37
 Notre sort est beaucoup plus rude 8 51
 Chez les grands que chez les petits. 8 37
170 Ils veulent que pour euxtout soit, dans la nature, 6+6 4
 Obligé de s'immoler. 7 1
Jour et nuit, grêle, vent,péril, chaleur, froidure, 6+6 4
 Dès qu'ils parlent, il faut voler. 8 1
 Vingt ans d'assidu service 7 16
175  N'en obtiennent rien pour nous ; 7 21
 Le moindre petit caprice 7 16
 Nous attire leur courroux. 7 23
 Cependant notre âme insensée 8 52
S'acharne au vain honneurde demeurer près d'eux, 6+6 13
180 Et s'y veut contenterde la fausse pensée 6+6 52
Qu'ont tous les autres gensque nous sommes heureux. 6+6 13
Vers la retraite en vainla raison nous appelle ; 6+6 53
En vain notre dépitquelquefois y consent : 6+6 54
 Leur vue a sur notre zèle 7 53
185  Un ascendant trop puissant, 7 54
Et la moindre faveurd'un coup d'œil caressant 6+6 54
 Nous rengage de plus belle. 7 53
 Mais enfin, dans l'obscurité, 8 1
Je vois notre maison,et ma frayeur s'évade. 6+6 55
190  Il me faudrait, pour l'ambassade, 8 55
 Quelque discours prémédité. 8 1
Je dois aux yeux d'Alcmèneun portrait militaire 6+6 25
Du grand combat qui metnos ennemis à bas ; 6+6 7
 Mais comment diantre le faire, 7 25
195  Si je ne m'y trouvai pas ? 7 7
N'importe, parlons-enet d'estoc et de taille, 6+6 56
 Comme oculaire témoin : 7 57
Combien de gens font-ilsdes récits de bataille 6+6 56
 Dont ils se sont tenus loin ? 7 57
200  Pour jouer mon rôle sans peine, 8 58
 Je le veux un peu repasser. 8 1
Voici la chambre j'entreen courrier que l'on mène, 6+6 58
 Et cette lanterne est Alcmène, 8 58
 À qui je me dois adresser. 8 1
Il pose sa lanterne à terre, et lui adresse son compliment.
205 « Madame, Amphitryon,mon mtre, et votre époux… 6+6 23
(Bon ! Beau début !) L'esprittoujours plein de vos charmes, 6+6 59
 M'a voulu choisir entre tous, 8 21
Pour vous donner avisdu succès de ses armes, 6+6 59
Et du désir qu'il ade se voir près de vous. » 6+6 21
210  « Ha ! Vraiment, mon pauvre Sosie, 8 44
 À te revoirj'ai de la joie au cœur. » 4+6 30
 « Madame, ce m'est trop d'honneur, 8 30
 Et mon destin doit faire envie. » 8 44
(Bien répondu ! ) « Commentse porte Amphitryon ? » 6+6 42
215  « Madame, en homme de courage, 8 6
Dans les occasions la gloire l'engage. » 6+6 6
 (Fort bien ! Belle conception ! ) 8 42
 « Quand viendra-t-il,par son retour charmant, 4+6 54
 Rendre mon âme satisfaite ? » 8 27
220 « Le plus tôt qu'il pourra,Madame, assurément, 6+6 54
 Mais bien plus tardque son cœur ne souhaite. » 4+6 27
(Ah !) « Mais quel est l'état la guerre l'a mis ? 6+6 37
Que dit-il ? Que fait-il ?Contente un peu mon âme. » 6+6 60
 « Il dit moins qu'il ne fait, Madame, 8 60
225  Et fait trembler les ennemis. » 8 37
(Peste ! prend mon esprittoutes ces gentillesses ? ) 6+6 61
« Que font les révoltés ?Dis-moi, quel est leur sort ? » 6+6 62
« Ils n'ont pu résister,Madame, à notre effort : 6+6 62
 Nous les avons taillés en pièces, 8 61
230  Mis Ptérélas leur chef à mort, 8 62
Pris Télèbe d'assaut,et déjà dans le port 6+6 62
 Tout retentit de nos prouesses. » 8 61
« Ah ! Quel succès ! Ô dieux !Qui l't pu jamais croire ? 6+6 50
Raconte-moi, Sosie,un tel événement. » 6+6 54
235 « Je le veux bien, Madame ;et, sans m'enfler de gloire, 6+6 50
 Du détail de cette victoire 8 50
 Je puis parler très savamment. 8 54
 Figurez-vous donc que Télèbe, 8 63
 Madame, est de ce côté : 7 1
Il marque les lieux sur sa main, ou à terre.
240  C'est une ville, en vérité, 8 1
 Aussi grande quasi que Thèbe. 8 63
 La rivière est comme là. 7 15
 Ici nos gens se campèrent ; 7 64
 Et l'espace que voilà, 7 15
245  Nos ennemis l'occupèrent : 7 64
 Sur un haut, vers cet endroit, 7 65
 Était leur infanterie ; 7 44
 Et plus bas, du côté droit, 7 65
 Était la cavalerie. 7 44
250 Après avoir aux dieuxadressé les prières, 6+6 43
Tous les ordres donnés,on donne le signal. 6+6 11
Les ennemis, pensantnous tailler des croupières, 6+6 43
Firent trois pelotonsde leurs gens à cheval ; 6+6 11
Mais leur chaleur par nousfut bientôt réprimée, 6+6 52
255  Et vous allez voir comme quoi. 8 12
Voilà notre avant-gardeà bien faire animée ; 6+6 52
 Là, les archersde Créon, notre roi ; 4+6 12
 Et voici le corps d'armée, 7 52
On fait un peu de bruit.
Qui d'abord… Attendez :« Le corps d'armée a peur. 6+6 30
260  J'entends quelque bruit, ce me semble. 8 66
SCÈNE II
MERCURE, sous la forme de sosie.
 Sous ce minois qui lui ressemble, 8 66
 Chassons de ces lieux ce causeur, 8 30
Dont l'abord importuntroublerait la douceur 6+6 30
 Que nos amants gtent ensemble. 8 66
SOSIE
265  Mon cœur tant soit peu se rassure, 8 4
 Et je pense que ce n'est rien. 8 67
 Crainte pourtantde sinistre aventure, 4+6 4
 Allons chez nousachever l'entretien. 4+6 67
MERCURE
 Tu seras plus fort que Mercure, 8 4
270  Ou je t'en empêcherai bien. 8 67
SOSIE
Cette nuit en longueurme semble sans pareille. 6+6 68
Il faut, depuis le tempsque je suis en chemin, 6+6 67
Ou que mon mtre ait prisle soir pour le matin, 6+6 67
Ou que trop tard au litle blond Phébus sommeille, 6+6 68
275  Pour avoir trop pris de son vin. 8 67
MERCURE
 Comme avec irrévérence 7 35
 Parle des dieux ce maraud ! 7 69
 Mon bras saura bien tantôt 7 70
 Châtier cette insolence, 7 35
280 Et je vais m'égayeravec lui comme il faut, 6+6 70
En lui volant son nom,avec sa ressemblance. 6+6 35
SOSIE
 Ah ! Par ma foi, j'avais raison : 8 42
 C'est fait de moi,chétive créature ! 4+6 4
 Je vois devant notre maison 8 42
285  Certain homme dont l'encolure 8 4
 Ne me présage rien de bon. 8 42
 Pour faire semblant d'assurance, 8 35
 Je veux chanter un peu d'ici. 8 26
Il chante ; et lorsque Mercure parle, sa voix s'affaiblit peu à peu.
MERCURE
Qui donc est ce coquinqui prend tant de licence, 6+6 35
290  Que de chanteret m'étourdir ainsi ? 4+6 26
Veut-il qu'à l'étrillerma main un peu s'applique ? 6+6 71
SOSIE
Cet homme assurémentn'aime pas la musique. 6+6 71
MERCURE
 Depuis plus d'une semaine, 7 58
Je n'ai trouvé personneà qui rompre les os ; 6+6 72
295 La vertu de mon brasse perd dans le repos, 6+6 72
 Et je cherche quelque dos, 7 72
 Pour me remettre en haleine. 7 58
SOSIE
 Quel diable d'homme est-ce ci ? 7 26
De mortelles frayeursje sens mon âme atteinte. 6+6 73
300  Mais pourquoi trembler tant aussi ? 8 26
Peut-être a-t-il dans l'âmeautant que moi de crainte, 6+6 73
 Et que le drôle parle ainsi 8 26
Pour me cacher sa peursous une audace feinte ? 6+6 73
Oui, oui, ne souffrons pointqu'on nous croie un oison : 6+6 42
305 Si je ne suis hardi,tâchons de le partre. 6+6 41
 Faisons-nous du cœur par raison ; 8 42
Il est seul, comme moi ;je suis fort, j'ai bon mtre, 6+6 41
 Et voilà notre maison. 7 42
MERCURE
Qui va là ?
SOSIE
Moi.
MERCURE
Qui, moi ?
SOSIE
Moi. Courage, Sosie ! 6+6 44
MERCURE
Quel est ton sort, dis-moi ?
SOSIE
310 D'être homme, et de parler. 6+6 1
MERCURE
Es-tu mtre ou valet ?
SOSIE
Comme il me prend envie. 6+6 44
MERCURE
s'adressent tes pas ?
SOSIE
j'ai dessein d'aller. 6+6 1
MERCURE
Ah ! Ceci me déplt.
SOSIE
J'en ai l'âme ravie. 6+6 44
MERCURE
 Résolument,par force ou par amour, 4+6 39
315  Je veux savoir de toi, trtre, 7 41
 Ce que tu fais,d' tu viens avant jour, 4+6 39
  tu vas, à qui tu peux être. 8 41
SOSIE
 Je fais le bienet le mal tour à tour ; 4+6 39
Je viens de là, vais là ;j'appartiens à mon mtre. 6+6 41
MERCURE
320 Tu montres de l'esprit,et je te vois en train 6+6 67
De trancher avec moide l'homme d'importance. 6+6 35
Il me prend un désir,pour faire connaissance, 6+6 35
 De te donnerun soufflet de ma main. 4+6 67
SOSIE
À moi-même ?
MERCURE
À toi-même :et t'en voilà certain. 6+6 67
Il lui donne un soufflet.
SOSIE
Ah ! Ah ! C'est tout de bon !
MERCURE
325 Non : ce n'est que pour rire, 6+6 2
 Et répondre à tes quolibets. 8 74
SOSIE
 Tudieu ! L'ami, sans vous rien dire, 8 2
 Comme vous baillez des soufflets ! 8 74
MERCURE
 Ce sont là de mes moindres coups, 8 21
330  De petits soufflets ordinaires. 8 43
SOSIE
 Si j'étais aussi prompt que vous, 8 21
 Nous ferions de belles affaires. 8 43
MERCURE
 Tout cela n'est encor rien, 7 67
 Pour y faire quelque pause : 7 33
335  Nous verrons bien autre chose ; 7 33
 Poursuivons notre entretien. 7 67
SOSIE
Je quitte la partie.
Il veut s'en aller.
MERCURE
vas-tu ?
SOSIE
Que t'importe ? 6+6 75
MERCURE
 Je veux savoir tu vas. 7 7
SOSIE
 Me faire ouvrir cette porte. 7 75
340  Pourquoi retiens-tu mes pas ? 7 7
MERCURE
Si jusqu'à l'approchertu pousses ton audace, 6+6 38
Je fais sur toi pleuvoirun orage de coups. 6+6 21
SOSIE
 Quoi ? Tu veux, par ta menace, 7 38
 M'empêcher d'entrer chez nous ? 7 21
MERCURE
 Comment, chez nous ?
SOSIE
 Oui, chez nous.
MERCURE
345  Ô le trtre ! 4+6 41
 Tu te dis de cette maison ? 8 42
SOSIE
Fort bien. Amphitryonn'en est-il pas le mtre ? 6+6 41
MERCURE
 Hé bien ! Que fait cette raison ? 8 42
SOSIE
Je suis son valet.
MERCURE
Toi ?
SOSIE
Moi.
MERCURE
Son valet ?
SOSIE
Sans doute. 6+6 76
MERCURE
Valet d'Amphitryon ?
SOSIE
350 D'Amphitryon, de lui. 6+6 26
MERCURE
Ton nom est… ?
SOSIE
Sosie.
MERCURE
Heu ?Comment ?
SOSIE
Sosie.
MERCURE
Écoute : 6+6 76
Sais-tu que de ma mainje t'assomme aujourd'hui ? 6+6 26
SOSIE
Pourquoi ? De quelle rageest ton âme saisie ? 6+6 44
MERCURE
Qui te donne, dis-moi,cette témérité 6+6 1
355  De prendre le nom de Sosie ? 8 44
SOSIE
Moi, je ne le prends point,je l'ai toujours porté. 6+6 1
MERCURE
Ô le mensonge horrible !Et l'impudence extrême ! 6+6 10
Tu m'oses soutenirque Sosie est ton nom ? 6+6 42
SOSIE
Fort bien : je le soutiens,par la grande raison 6+6 42
360 Qu'ainsi l'a fait des dieuxla puissance suprême, 6+6 10
Et qu'il n'est pas en moide pouvoir dire non, 6+6 42
 Et d'être un autre que moi-même. 8 10
Mercure le bat.
MERCURE
Mille coups de bâtondoivent être le prix 6+6 77
 D'une pareille effronterie. 8 44
SOSIE
365 Justice, citoyens !Au secours ! Je vous prie. 6+6 44
MERCURE
 Comment, bourreau, tu fais des cris ? 8 37
SOSIE
 De mille coups tu me meurtris, 8 37
 Et tu ne veux pas que je crie ? 8 44
MERCURE
C'est ainsi que mon bras…
SOSIE
L'action ne vaut rien : 6+6 67
370  Tu triomphes de l'avantage 8 6
Que te donne sur moimon manque de courage ; 6+6 6
 Et ce n'est pas en user bien. 8 67
 C'est pure fanfaronnerie 8 44
De vouloir profiterde la poltronnerie 6+6 44
375  De ceux qu'attaque notre bras. 8 7
Battre un homme à jeu sûrn'est pas d'une belle âme ; 6+6 60
 Et le cœur est digne de blâme 8 60
 Contre les gens qui n'en ont pas. 8 7
MERCURE
Hé bien ! Es-tu Sosieà présent ? Qu'en dis-tu ? 6+6 78
SOSIE
380 Tes coups n'ont point en moifait de métamorphose ; 6+6 33
Et tout le changementque je trouve à la chose, 6+6 33
 C'est d'être Sosie battu. 7 78
MERCURE
Encor ? Cent autres coupspour cette autre impudence. 6+6 35
SOSIE
 De grâce, fais trêve à tes coups. 8 21
MERCURE
385  Fais donc trêve à ton insolence. 8 35
SOSIE
Tout ce qu'il te plaira ;je garde le silence : 6+6 35
La dispute est par tropinégale entre nous. 6+6 21
MERCURE
 Es-tu Sosie encor ? Dis, trtre ! 8 41
SOSIE
 Hélas ! Je suis ce que tu veux ; 8 13
390 Dispose de mon sorttout au gré de tes vœux : 6+6 13
 Ton bras t'en a fait le mtre. 7 41
MERCURE
Ton nom était Sosie,à ce que tu disais ? 6+6 74
SOSIE
Il est vrai, jusqu'icij'ai cru la chose claire ; 6+6 25
 Mais ton bâton, sur cette affaire, 8 25
395  M'a fait voir que je m'abusais. 8 74
MERCURE
C'est moi qui suis Sosie,et tout Thèbes l'avoue : 6+6 79
Amphitryon jamaisn'en eut d'autre que moi. 6+6 12
SOSIE
Toi, Sosie ?
MERCURE
Oui, Sosie ;et si quelqu'un s'y joue, 6+6 79
 Il peut bien prendre garde à soi. 8 12
SOSIE
400 Ciel ! Me faut-il ainsirenoncer à moi-même, 6+6 10
Et par un imposteurme voir voler mon nom ? 6+6 42
 Que son bonheur est extrême 7 10
 De ce que je suis poltron ! 7 42
Sans cela, par la mort…!
MERCURE
Entre tes dents, je pense, 6+6 35
405  Tu murmures je ne sais quoi ? 8 12
SOSIE
Non. Mais, au nom des dieux,donne-moi la licence 6+6 35
 De parler un moment à toi. 8 12
MERCURE
 Parle.
SOSIE
 Mais promets-moi, de grâce, 8 38
 Que les coups n'en seront point. 7 80
 Signons une trêve.
MERCURE
410  Passe ; 7 38
 Va, je t'accorde ce point. 7 80
SOSIE
Qui te jette, dis-moi,dans cette fantaisie ? 6+6 44
Que te reviendra-t-ilde m'enlever mon nom ? 6+6 42
Et peux-tu faire enfin,quand tu serais démon, 6+6 42
415 Que je ne sois pas moi ?Que je ne sois Sosie ? 6+6 44
MERCURE, levant son bâton sur Sosie.
 Comment, tu peux…
SOSIE
 Ah ! Tout doux : 7 23
 Nous avons fait trêve aux coups. 7 21
MERCURE
Quoi ? Pendard, imposteur,coquin
SOSIE
Pour des injures, 6+6 81
 Dis-m'en tant que tu voudras : 7 7
420  Ce sont légères blessures, 7 81
 Et je ne m'en fâche pas. 7 7
MERCURE
Tu te dis Sosie ?
SOSIE
Oui.Quelque conte frivole 6+6 82
MERCURE
Sus, je romps notre trêve,et reprends ma parole. 6+6 82
SOSIE
N'importe, je ne puism'anéantir pour toi, 6+6 12
425 Et souffrir un discourssi loin de l'apparence. 6+6 35
Être ce que je suisest-il en ta puissance ? 6+6 35
 Et puis-je cesser d'être moi ? 8 12
S'avisa-t-on jamaisd'une chose pareille ? 6+6 68
Et peut-on démentircent indices pressants ? 6+6 40
430  Rêvé-je ? Est-ce que je sommeille ? 8 68
Ai-je l'esprit troublépar des transports puissants ? 6+6 40
 Ne sens-je pas bien que je veille ? 8 68
 Ne suis-je pas dans mon bon sens ? 8 40
Mon mtre Amphitryonne m'a-t-il pas commis 6+6 37
435 À venir en ces lieuxvers Alcmène sa femme ? 6+6 60
Ne lui dois-je pas faire,en lui vantant sa flamme, 6+6 60
Un récit de ses faitscontre nos ennemis ? 6+6 37
Ne suis-je pas du portarrivé tout à l'heure ? 6+6 83
 Ne tiens-je pasune lanterne en main ? 4+6 67
440 Ne te trouvé-je pasdevant notre demeure ? 6+6 83
Ne t'y parlé-je pasd'un esprit tout humain ? 6+6 67
Ne te tiens-tu pas fortde ma poltronnerie 6+6 44
 Pour m'empêcher d'entrer chez nous ? 8 21
N'as-tu pas sur mon dosexercé ta furie ? 6+6 44
445  Ne m'as-tu pas roué de coups ? 8 21
 Ah ! Tout celan'est que trop véritable, 4+6 28
 Et plût au ciel le fût-il moins ! 8 18
Cesse donc d'insulterau sort d'un misérable, 6+6 28
Et laisse à mon devoirs'acquitter de ses soins. 6+6 18
MERCURE
450 Arrête, ou sur ton dosle moindre pas attire 6+6 2
Un assommant éclatde mon juste courroux. 6+6 23
 Tout ce que tu viens de dire 7 2
 Est à moi, hormis les coups. 7 21
C'est moi qu'Amphitryondépute vers Alcmène, 6+6 58
455 Et qui du port persiquearrive de ce pas ; 6+6 7
Moi qui viens annoncerla valeur de son bras 6+6 7
Qui nous fait remporterune victoire pleine, 6+6 58
Et de nos ennemisa mis le chef à bas ; 6+6 7
C'est moi qui suis Sosieenfin, de certitude, 6+6 51
460  Fils de Dave, honnête berger ; 8 1
Frère d'Arpage, morten pays étranger ; 6+6 1
 Mari de Cléanthis la prude, 8 51
 Dont l'humeur me fait enrager ; 8 1
Qui dans Thèbe ai reçumille coups d'étrivière, 6+6 25
465  Sans en avoir jamais dit rien, 8 67
Et jadis en publicfus marqué par derrière, 6+6 25
 Pour être trop homme de bien. 8 67
SOSIE
 Il a raison.À moins d'être Sosie, 4+6 44
 On ne peut passavoir tout ce qu'il dit ; 4+6 19
470 Et dans l'étonnementdont mon âme est saisie, 6+6 44
Je commence, à mon tour,à le croire un petit. 6+6 19
En effet, maintenantque je le considère, 6+6 25
Je vois qu'il a de moitaille, mine, action. 6+6 42
 Faisons-lui quelque question, 8 42
475  Afin d'éclaircir ce mystère. 8 25
Parmi tout le butinfait sur nos ennemis, 6+6 37
Qu'est-ce qu'Amphitryonobtient pour son partage ? 6+6 6
MERCURE
Cinq fort gros diamants,en nœud proprement mis, 6+6 37
Dont leur chef se paraitcomme d'un rare ouvrage. 6+6 6
SOSIE
480 À qui destine-t-ilun si riche présent ? 6+6 54
MERCURE
À sa femme ; et sur elleil le veut voir partre. 6+6 41
SOSIE
Mais , pour l'apporter,est-il mis à présent ? 6+6 54
MERCURE
Dans un coffret, scellédes armes de mon mtre. 6+6 41
SOSIE
Il ne ment pas d'un motà chaque repartie, 6+6 44
485 Et de moi je commenceà douter tout de bon. 6+6 42
Près de moi, par la force,il est déjà Sosie ; 6+6 44
Il pourrait bien encorl'être par la raison. 6+6 42
Pourtant, quand je me tâte,et que je me rappelle, 6+6 53
 Il me semble que je suis moi. 8 12
490 puis-je rencontrerquelque clarté fidèle, 6+6 53
 Pour démêler ce que je vois ? 8 84
Ce que j'ai fait tout seul,et que n'a vu personne, 6+6 14
À moins d'être moi-même,on ne le peut savoir. 6+6 85
Par cette questionil faut que je l'étonne : 6+6 14
495 C'est de quoi le confondre,et nous allons le voir. 6+6 85
Lorsqu'on était aux mains,que fis-tu dans nos tentes, 6+6 86
  tu courus seul te fourrer ? 8 1
MERCURE
D'un jambon
SOSIE
L'y voilà !
MERCURE
Que j'allai déterrer, 6+6 1
Je coupai bravementdeux tranches succulentes, 6+6 86
500  Dont je sus fort bien me bourrer ; 8 1
Et joignant à celad'un vin que l'on ménage, 6+6 6
Et dont, avant le gt,les yeux se contentaient, 6+6 87
 Je pris un peu de courage, 7 6
 Pour nos gens qui se battaient. 7 87
SOSIE
505  Cette preuve sans pareille 7 68
 En sa faveur conclut bien ; 7 67
 Et l'on n'y peut dire rien, 7 67
 S'il n'était dans la bouteille. 7 68
Je ne saurais nier,aux preuves qu'on m'expose, 6+6 33
510 Que tu ne sois Sosie,et j'y donne ma voix. 6+6 88
Mais si tu l'es, dis-moiqui tu veux que je sois ? 6+6 84
Car encor faut-il bienque je sois quelque chose. 6+6 33
MERCURE
 Quand je ne serai plus Sosie, 8 44
 Sois-le, j'en demeure d'accord ; 8 89
515 Mais tant que je le suis,je te garantis mort, 6+6 62
 Si tu prends cette fantaisie. 8 44
SOSIE
Tout cet embarras metmon esprit sur les dents, 6+6 40
 Et la raisonà ce qu'on voit s'oppose. 4+6 33
Mais il faut terminerenfin par quelque chose ; 6+6 33
520 Et le plus court pour moi,c'est d'entrer là dedans. 6+6 40
MERCURE
Ah ! Tu prends donc, pendard,gt à la bastonnade ? 6+6 55
SOSIE
Ah ! Qu'est-ce ci ? Grands dieux !Il frappe un ton plus fort, 6+6 62
Et mon dos, pour un mois,en doit être malade. 6+6 55
Laissons ce diable d'homme,et retournons au port. 6+6 62
525 Ô juste ciel ! J'ai faitune belle ambassade ! 6+6 55
MERCURE
Enfin, je l'ai fait fuir ;et sous ce traitement 6+6 54
De beaucoup d'actionsil a reçu la peine. 6+6 58
Mais je vois Jupiter,que fort civilement 6+6 54
 Reconduit l'amoureuse Alcmène. 8 58
SCÈNE III
JUPITER
530 Défendez, chère Alcmène,aux flambeaux d'approcher. 6+6 1
Ils m'offrent des plaisirsen m'offrant votre vue ; 6+6 90
Mais ils pourraient icidécouvrir ma venue, 6+6 90
 Qu'il est à propos de cacher. 8 1
Mon amour, que gênaienttous ces soins éclatants 6+6 40
535 me tenait liéla gloire de nos armes, 6+6 59
Au devoir de ma chargea volé les instants 6+6 40
 Qu'il vient de donner à vos charmes. 8 59
Ce vol qu'à vos beautésmon cœur a consacré 6+6 1
Pourrait être blâmédans la bouche publique, 6+6 71
540  Et j'en veux pour témoin unique 8 71
 Celle qui peut m'en savoir gré. 8 1
ALCMÈNE
Je prends, Amphitryon,grande part à la gloire 6+6 50
Que répandent sur vousvos illustres exploits ; 6+6 84
 Et l'éclat de votre victoire 8 50
545 Sait toucher de mon cœurles sensibles endroits ; 6+6 84
 Mais quand je voisque cet honneur fatal 4+6 11
 Éloigne de moi ce que j'aime, 8 10
Je ne puis m'empêcher,dans ma tendresse extrême, 6+6 10
 De lui vouloir un peu de mal, 8 11
550 Et d'opposer mes vœuxà cet ordre suprême 6+6 10
 Qui des Thébainsvous fait le général. 4+6 11
C'est une douce chose,après une victoire, 6+6 50
Que la gloire l'on voitce qu'on aime élevé ; 6+6 1
Mais parmi les périlsmêlés à cette gloire, 6+6 50
555 Un triste coup, hélas !Est bientôt arrivé. 6+6 1
De combien de frayeursa-t-on l'âme blessée, 6+6 52
 Au moindre chocdont on entend parler ! 4+6 1
Voit-on, dans les horreursd'une telle pensée, 6+6 52
 Par jamais se consoler 8 1
560  Du coup dont on est menacée ? 8 52
Et de quelque laurierqu'on couronne un vainqueur, 6+6 30
Quelque part que l'on aità cet honneur suprême, 6+6 10
Vaut-il ce qu'il en cteaux tendresses d'un cœur 6+6 30
Qui peut, à tout moment,trembler pour ce qu'il aime ? 6+6 10
JUPITER
565 Je ne vois rien en vousdont mon feu ne s'augmente : 6+6 9
Tout y marque à mes yeuxun cœur bien enflammé ; 6+6 1
Et c'est, je vous l'avoue,une chose charmante 6+6 9
De trouver tant d'amourdans un objet aimé. 6+6 1
Mais, si je l'ose dire,un scrupule me gêne 6+6 58
570 Aux tendres sentimentsque vous me faites voir ; 6+6 85
Et pour les bien gter,mon amour, chère Alcmène, 6+6 58
Voudrait n'y voir entrerrien de votre devoir : 6+6 85
Qu'à votre seule ardeur,qu'à ma seule personne, 6+6 14
Je dusse les faveursque je reçois de vous. 6+6 21
575 Et que la qualitéque j'ai de votre époux 6+6 23
 Ne fût point ce qui me les donne. 8 14
ALCMÈNE
C'est de ce nom pourtantque l'ardeur qui me brûle 6+6 91
 Tient le droit de partre au jour, 8 39
Et je ne comprends rienà ce nouveau scrupule 6+6 91
580  Dont s'embarrasse votre amour. 8 39
JUPITER
Ah ! Ce que j'ai pour vousd'ardeur et de tendresse 6+6 8
 Passe aussi celle d'un époux, 8 23
Et vous ne savez pas,dans des moments si doux, 6+6 23
 Quelle en est la délicatesse. 8 8
585 Vous ne concevez pointqu'un cœur bien amoureux 6+6 13
Sur cent petits égardss'attache avec étude, 6+6 51
 Et se fait une inquiétude 8 51
 De la manière d'être heureux. 8 13
 En moi, belle et charmante Alcmène, 8 58
590 Vous voyez un mari,vous voyez un amant ; 6+6 54
Mais l'amant seul me touche,à parler franchement, 6+6 54
Et je sens, près de vous,que le mari le gêne. 6+6 58
Cet amant, de vos vœuxjaloux au dernier point, 6+6 80
Souhaite qu'à lui seulvotre cœur s'abandonne, 6+6 14
595  Et sa passion ne veut point 8 80
 De ce que le mari lui donne. 8 14
Il veut de pure sourceobtenir vos ardeurs, 6+6 34
Et ne veut rien tenirdes nœuds de l'hyménée, 6+6 52
Rien d'un fâcheux devoirqui fait agir les cœurs, 6+6 34
600 Et par qui, tous les jours,des plus chères faveurs 6+6 34
 La douceur est empoisonnée. 8 52
Dans le scrupule enfindont il est combattu, 6+6 78
Il veut, pour satisfaireà sa délicatesse, 6+6 8
Que vous le sépariezd'avec ce qui le blesse, 6+6 8
605 Que le mari ne soitque pour votre vertu, 6+6 78
Et que de votre cœur,de bonté revêtu, 6+6 78
L'amant ait tout l'amouret toute la tendresse. 6+6 8
ALCMÈNE
 Amphitryon, en vérité, 8 1
 Vous vous moquezde tenir ce langage, 4+6 6
610  Et j'aurais peurqu'on ne vous crût pas sage, 4+6 6
 Si de quelqu'unvous étiez écouté. 4+6 1
JUPITER
 Ce discours est plus raisonnable, 8 28
 Alcmène, que vous ne pensez ; 8 1
Mais un plus long séjourme rendrait trop coupable, 6+6 28
615 Et du retour au portles moments sont pressés. 6+6 46
Adieu : de mon devoirl'étrange barbarie 6+6 44
 Pour un temps m'arrache de vous ; 8 21
Mais, belle Alcmène, au moins,quand vous verrez l'époux, 6+6 23
 Songez à l'amant, je vous prie. 8 44
ALCMÈNE
620 Je ne sépare pointce qu'unissent les dieux, 6+6 13
Et l'époux et l'amantme sont fort précieux. 6+6 13
CLEANTHIS
 Ô ciel ! Que d'aimables caresses 8 61
 D'un époux ardemment chéri ! 8 26
 Et que mon trtre de mari 8 26
625  Est loin de toutes ces tendresses ! 8 61
MERCURE
 La Nuit, qu'il me faut avertir, 8 5
 N'a plus qu'à plier tous ses voiles ; 8 92
 Et, pour effacer les étoiles, 8 92
Le Soleil de son litpeut maintenant sortir. 6+6 5
SCÈNE IV
CLEANTHIS
Mercure veut s'en aller.
630  Quoi ? C'est ainsi que l'on me quitte ? 8 17
MERCURE
 Et comment donc ? Ne veux-tu pas 8 7
 Que de mon devoir je m'acquitte ? 8 17
Et que d'Amphitryonj'aille suivre les pas ? 6+6 7
CLEANTHIS
 Mais avec cette brusquerie, 8 44
635  Trtre, de moi te séparer ! 8 1
MERCURE
 Le beau sujet de fâcherie ! 8 44
Nous avons tant de tempsensemble à demeurer. 6+6 1
CLEANTHIS
Mais quoi ? Partir ainsid'une façon brutale, 6+6 93
Sans me dire un seul motde douceur pour régale ! 6+6 93
MERCURE
640  Diantre ! veux-tu que mon esprit 8 19
 T'aille chercher des fariboles ? 8 94
Quinze ans de mariageépuisent les paroles, 6+6 94
Et depuis un long tempsnous nous sommes tout dit. 6+6 19
CLEANTHIS
 Regarde, trtre, Amphitryon, 8 42
645 Vois combien pour Alcmèneil étale de flamme, 6+6 60
Et rougis là-dessusdu peu de passion 6+6 42
 Que tu témoignes pour ta femme. 8 60
MERCURE
Hé ! Mon Dieu ! Cléanthis,ils sont encore amants. 6+6 40
 Il est certain âge tout passe ; 8 38
650 Et ce qui leur sied biendans ces commencements, 6+6 40
En nous, vieux mariés,aurait mauvaise grâce. 6+6 38
Il nous ferait beau voir,attachés face à face 6+6 38
 À pousser les beaux sentiments ! 8 40
CLEANTHIS
Quoi ? Suis-je hors d'état,perfide, d'espérer 6+6 1
655  Qu'un cœur auprès de moi soupire ? 8 2
MERCURE
 Non, je n'ai garde de le dire ; 8 2
Mais je suis trop barbonpour oser soupirer, 6+6 1
 Et je ferais crever de rire. 8 2
CLEANTHIS
Mérites-tu, pendard,cet insigne bonheur 6+6 30
660 De te voir pour épouseune femme d'honneur ? 6+6 30
MERCURE
 Mon Dieu ! Tu n'es que trop honnête : 8 27
 Ce grand honneur ne me vaut rien. 8 67
 Ne sois point si femme de bien, 8 67
 Et me romps un peu moins la tête. 8 27
CLEANTHIS
665 Comment ? De trop bien vivreon te voit me blâmer ? 6+6 1
MERCURE
La douceur d'une femmeest tout ce qui me charme ; 6+6 95
 Et ta vertu fait un vacarme 8 95
 Qui ne cesse de m'assommer. 8 1
CLEANTHIS
Il te faudrait des cœurspleins de fausses tendresses, 6+6 61
670 De ces femmes aux beauxet louables talents, 6+6 40
Qui savent accablerleurs maris de caresses, 6+6 61
Pour leur faire avalerl'usage des galants. 6+6 40
MERCURE
 Ma foi ! Veux-tu que je te dise ? 8 16
Un mal d'opinionne touche que les sots ; 6+6 72
675  Et je prendrais pour ma devise : 8 16
 « Moins d'honneur, et plus de repos. » 8 72
CLEANTHIS
Comment ? Tu souffrirais,sans nulle répugnance, 6+6 35
Que j'aimasse un galantavec toute licence ? 6+6 35
MERCURE
Oui, si je n'étais plusde tes cris rebattu, 6+6 78
680 Et qu'on te vît changerd'humeur et de méthode. 6+6 29
 J'aime mieux un vice commode 8 29
 Qu'une fatigante vertu. 8 78
 Adieu, Cléanthis, ma chère âme : 8 60
 Il me faut suivre Amphitryon. 8 42
Il s'en va.
CLEANTHIS
685  Pourquoi, pour punir cet infâme, 8 60
Mon cœur n'a-t-il assezde résolution ? 6+6 42
 Ah ! Que dans cette occasion 8 42
 J'enrage d'être honnête femme ! 8 60
ACTE II
SCÈNE PREMIÈRE
AMPHYTRION
Viens çà, bourreau, viens çà.Sais-tu, mtre fripon, 6+6 42
690 Qu'à te faire assommerton discours peut suffire ? 6+6 2
Et que pour te traitercomme je le désire, 6+6 2
 Mon courroux n'attend qu'un bâton ? 8 42
SOSIE
 Si vous le prenez sur ce ton, 8 42
 Monsieur, je n'ai plus rien à dire, 8 2
695  Et vous aurez toujours raison. 8 42
AMPHYTRION
Quoi ? Tu veux me donnerpour des vérités, trtre, 6+6 41
Des contes que je voisd'extravagance outrés ? 6+6 46
SOSIE
Non : je suis le valet,et vous êtes le mtre ; 6+6 41
Il n'en sera, Monsieur,que ce que vous voudrez. 6+6 1
AMPHYTRION
700 Çà, je veux étoufferle courroux qui m'enflamme, 6+6 60
Et tout du long t'ouïrsur ta commission. 6+6 42
 Il faut, avant que voir ma femme, 8 60
Que je débrouille icicette confusion. 6+6 42
Rappelle tous tes sens,rentre bien dans ton âme, 6+6 60
705 Et réponds, mot pour mot,à chaque question. 6+6 42
SOSIE
 Mais, de peur d'incongruité, 8 1
 Dites-moi, de grâce, à l'avance, 8 35
De quel air il vous pltque ceci soit traité. 6+6 1
Parlerai-je, Monsieur,selon ma conscience, 6+6 35
710 Ou comme auprès des grandson le voit usité ? 6+6 1
 Faut-il dire la vérité, 8 1
 Ou bien user de complaisance ? 8 35
AMPHYTRION
 Non : je ne te veux obliger 8 1
Qu'à me rendre de toutun compte fort sincère. 6+6 25
SOSIE
715  Bon, c'est assez ; laissez-moi faire : 8 25
 Vous n'avez qu'à m'interroger. 8 1
AMPHYTRION
Sur l'ordre que tantôtje t'avais su prescrire… ? 6+6 2
SOSIE
Je suis parti, les cieuxd'un noir crêpe voilés, 6+6 46
Pestant fort contre vousdans ce fâcheux martyre, 6+6 2
720 Et maudissant vingt foisl'ordre dont vous parlez. 6+6 1
AMPHYTRION
Comment, coquin ?
SOSIE
Monsieur,vous n'avez rien qu'à dire, 6+6 2
 Je mentirai, si vous voulez. 8 1
AMPHYTRION
Voilà comme un valetmontre pour nous du zèle. 6+6 53
Passons. Sur les cheminsque t'est-il arrivé ? 6+6 1
SOSIE
725  D'avoir une frayeur mortelle, 8 53
 Au moindre objet que j'ai trouvé. 8 1
AMPHYTRION
Poltron !
SOSIE
En nous formantNature a ses caprices ; 6+6 96
Divers penchants en nouselle fait observer : 6+6 1
Les uns à s'exposertrouvent mille délices ; 6+6 96
730  Moi, j'en trouve à me conserver. 8 1
AMPHYTRION
Arrivant au logis…?
SOSIE
J'ai, devant notre porte, 6+6 75
En moi-même voulurépéter un petit 6+6 19
 Sur quel ton et de quelle sorte 8 75
Je ferais du combatle glorieux récit. 6+6 19
AMPHYTRION
Ensuite ?
SOSIE
735 On m'est venutroubler et mettre en peine. 6+6 58
AMPHYTRION
Et qui ?
SOSIE
Sosie, un moi,de vos ordres jaloux, 6+6 23
Que vous avez du portenvoyé vers Alcmène, 6+6 58
Et qui de nos secretsa connaissance pleine, 6+6 58
 Comme le moi qui parle à vous. 8 21
AMPHYTRION
Quels contes !
SOSIE
740 Non, monsieur,c'est la vérité pure. 6+6 4
Ce moi plutôt que mois'est au logis trouvé ; 6+6 1
 Et j'étais venu, je vous jure, 8 4
 Avant que je fusse arrivé. 8 1
AMPHYTRION
 D' peut procéder, je te prie, 8 44
745  Ce galimatias maudit ? 8 19
 Est-ce songe ? Est-ce ivrognerie ? 8 44
 Aliénation d'esprit ? 8 19
 Ou méchante plaisanterie ? 8 44
SOSIE
 Non : c'est la chose comme elle est, 8 31
750  Et point du tout conte frivole. 8 82
Je suis homme d'honneur,j'en donne ma parole, 6+6 82
 Et vous m'en croirez, s'il vous plt. 8 31
Je vous dis que, croyantn'être qu'un seul Sosie, 6+6 44
 Je me suis trouvé deux chez nous ; 8 21
755 Et que de ces deux moi,piqués de jalousie, 6+6 44
L'un est à la maison,et l'autre est avec vous ; 6+6 21
Que le moi que voici,chargé de lassitude, 6+6 51
A trouvé l'autre moifrais, gaillard et dispos, 6+6 72
 Et n'ayant d'autre inquiétude 8 51
760  Que de battre, et casser des os. 8 72
AMPHYTRION
 Il faut être, je le confesse, 8 8
D'un esprit bien posé,bien tranquille, bien doux, 6+6 23
Pour souffrir qu'un valetde chansons me repaisse. 6+6 8
SOSIE
 Si vous vous mettez en courroux, 8 23
765  Plus de conférence entre nous : 8 21
 Vous savez que d'abord tout cesse. 8 8
AMPHYTRION
Non : sans emportementje te veux écouter ; 6+6 1
Je l'ai promis. Mais dis,en bonne conscience, 6+6 35
Au mystère nouveauque tu me viens conter 6+6 1
770  Est-il quelque ombre d'apparence ? 8 35
SOSIE
Non : vous avez raison,et la chose à chacun 6+6 97
 Hors de créance doit partre. 8 41
 C'est un fait à n'y rien conntre, 8 41
Un conte extravagant,ridicule, importun : 6+6 97
775  Cela choque le sens commun ; 8 97
 Mais cela ne laisse pas d'être. 8 41
AMPHYTRION
Le moyen d'en rien croire,à moins qu'être insensé ? 6+6 1
SOSIE
Je ne l'ai pas cru, moi,sans une peine extrême : 6+6 10
Je me suis d'être deuxsenti l'esprit blessé, 6+6 1
780 Et longtemps d'imposteurj'ai traité ce moi-même. 6+6 10
Mais à me reconntreenfin il m'a forcé : 6+6 1
J'ai vu que c'était moi,sans aucun stratagème ; 6+6 10
Des pieds jusqu'à la tête,il est comme moi fait, 6+6 31
Beau, l'air noble, bien pris,les manières charmantes ; 6+6 86
785  Enfin deux gouttes de lait 7 31
 Ne sont pas plus ressemblantes ; 7 86
Et n'était que ses mainssont un peu trop pesantes, 6+6 86
 J'en serais fort satisfait. 7 31
AMPHYTRION
À quelle patienceil faut que je m'exhorte ! 6+6 75
790 Mais enfin n'es-tu pasentré dans la maison ? 6+6 42
SOSIE
 Bon, entré ! Hé ! De quelle sorte ? 8 75
Ai-je voulu jamaisentendre de raison ? 6+6 42
Et ne me suis-je pasinterdit notre porte ? 6+6 75
AMPHYTRION
 Comment donc ?
SOSIE
 Avec un bâton : 8 42
795 Dont mon dos sent encoreune douleur très forte. 6+6 75
AMPHYTRION
On t'a battu ?
SOSIE
Vraiment.
AMPHYTRION
Et qui ?
SOSIE
Moi.
AMPHYTRION
Toi, te battre ? 6+6 98
SOSIE
 Oui, moi : non pas le moi d'ici, 8 26
Mais le moi du logis,qui frappe comme quatre. 6+6 98
AMPHYTRION
Te confonde le cielde me parler ainsi ! 6+6 26
SOSIE
800  Ce ne sont point des badinages. 8 99
 Le moi que j'ai trouvé tantôt 8 70
Sur le moi qui vous parlea de grands avantages : 6+6 99
 Il a le bras fort, le cœur haut ; 8 70
 J'en ai reçu des témoignages, 8 99
805 Et ce diable de moim'a rossé comme il faut ; 6+6 70
 C'est un drôle qui fait des rages. 8 99
AMPHYTRION
Achevons. As-tu vuma femme ?
SOSIE
Non.
AMPHYTRION
Pourquoi ? 6+6 12
SOSIE
 Par une raison assez forte. 8 75
AMPHYTRION
Qui t'a fait y manquer,maraud ? Explique-toi. 6+6 12
SOSIE
810 Faut-il le répétervingt fois de même sorte ? 6+6 75
Moi, vous dis-je, ce moiplus robuste que moi, 6+6 12
Ce moi qui s'est de forceemparé de la porte, 6+6 75
 Ce moi qui m'a fait filer doux, 8 23
 Ce moi qui le seul moi veut être, 8 41
815  Ce moi de moi-même jaloux, 8 23
 Ce moi vaillant, dont le courroux 8 23
 Au moi poltron s'est fait conntre, 8 41
 Enfin ce moi qui suis chez nous, 8 21
 Ce moi qui s'est montré mon mtre, 8 41
820  Ce moi qui m'a roué de coups. 8 21
AMPHYTRION
Il faut que ce matin,à force de trop boire, 6+6 50
 Il se soit troublé le cerveau. 8 32
SOSIE
Je veux être pendusi j'ai bu que de l'eau : 6+6 32
 À mon serment on m'en peut croire. 8 50
AMPHYTRION
825 Il faut donc qu'au sommeiltes sens se soient portés ? 6+6 46
Et qu'un songe fâcheux,dans ses confus mystères, 6+6 43
 T'ait fait voir toutes les chimères 8 43
 Dont tu me fais des vérités ? 8 46
SOSIE
 Tout aussi peu.Je n'ai point sommeillé, 4+6 1
830  Et n'en ai même aucune envie. 8 44
 Je vous parle bien éveillé ; 8 1
J'étais bien éveilléce matin, sur ma vie ! 6+6 44
Et bien éveillé mêmeétait l'autre Sosie, 6+6 44
 Quand il m'a si bien étrillé. 8 1
AMPHYTRION
835  Suis-moi. Je t'impose silence : 8 35
 C'est trop me fatiguer l'esprit ; 8 19
Et je suis un vrai foud'avoir la patience 6+6 35
D'écouter d'un valetles sottises qu'il dit. 6+6 19
SOSIE
 Tous les discours sont des sottises, 8 96
840  Partant d'un homme sans éclat ; 8 100
 Ce serait paroles exquises 8 96
 Si c'était un grand qui parlât. 8 100
AMPHYTRION
 Entrons, sans davantage attendre. 8 101
Mais Alcmène partavec tous ses appas. 6+6 7
845 En ce moment sans douteelle ne m'attend pas, 6+6 7
 Et mon abord la va surprendre. 8 101
SCÈNE II
ALCMÈNE
Allons pour mon époux,Cléanthis, vers les dieux 6+6 13
 Nous acquitter de nos hommages, 8 99
Et les remercierdes succès glorieux 6+6 13
850 Dont Thèbes, par son bras,gte les avantages. 6+6 99
Ô dieux !
AMPHYTRION
Fasse le cielqu'Amphitryon vainqueur 6+6 30
 Avec plaisirsoit revu de sa femme, 4+6 60
 Et que ce jourfavorable à ma flamme 4+6 60
Vous redonne à mes yeuxavec le même cœur, 6+6 30
855  Que j'y retrouve autant d'ardeur 8 30
 Que vous en rapporte mon âme ! 8 60
ALCMÈNE
Quoi ? De retour si tôt ?
AMPHYTRION
Certes, c'est en ce jour 6+6 39
Me donner de vos feuxun mauvais témoignage, 6+6 6
 Et ce « Quoi ? Si tôt de retour ? » 8 39
860 En ces occasionsn'est guère le langage 6+6 6
 D'un cœur bien enflammé d'amour. 8 39
 J'osais me flatter en moi-même 8 10
 Que loin de vousj'aurais trop demeuré. 4+6 1
L'attente d'un retourardemment désiré 6+6 1
865 Donne à tous les instantsune longueur extrême, 6+6 10
 Et l'absence de ce qu'on aime, 8 10
Quelque peu qu'elle dure,a toujours trop duré. 6+6 1
ALCMÈNE
Je ne vois…
AMPHYTRION
Non, Alcmène,à son impatience 6+6 35
On mesure le tempsen de pareils états ; 6+6 7
870  Et vous comptezles moments de l'absence 4+6 35
 En personne qui n'aime pas. 8 7
 Lorsque l'on aime comme il faut, 8 70
 Le moindre éloignement nous tue, 8 90
 Et ce dont on chérit la vue 8 90
875  Ne revient jamais assez tôt. 8 70
 De votre accueil, je le confesse, 8 8
 Se plaint icimon amoureuse ardeur, 4+6 30
 Et j'attendais de votre cœur 8 30
 D'autres transportsde joie et de tendresse. 4+6 8
ALCMÈNE
880  J'ai peine à comprendre sur quoi 8 12
Vous fondez les discoursque je vous entends faire ; 6+6 25
 Et si vous vous plaignez de moi, 8 12
 Je ne sais pas, de bonne foi, 8 12
 Ce qu'il faut pour vous satisfaire. 8 25
885 Hier au soir, ce me semble,à votre heureux retour, 6+6 39
On me vit témoignerune joie assez tendre, 6+6 101
 Et rendre aux soins de votre amour 8 39
Tout ce que de mon cœurvous aviez lieu d'attendre. 6+6 101
AMPHYTRION
Comment ?
ALCMÈNE
Ne fis-je paséclater à vos yeux 6+6 13
890 Les soudains mouvementsd'une entière allégresse ? 6+6 8
Et le transport d'un cœurpeut-il s'expliquer mieux, 6+6 13
Au retour d'un épouxqu'on aime avec tendresse ? 6+6 8
AMPHYTRION
Que me dites-vous là ?
ALCMÈNE
Que même votre amour 6+6 39
Montra de mon accueilune joie incroyable ; 6+6 28
895 Et que, m'ayant quittéeà la pointe du jour, 6+6 39
 Je ne vois pasqu'à ce soudain retour 4+6 39
 Ma surprise soit si coupable. 8 28
AMPHYTRION
Est-ce que du retourque j'ai précipité 6+6 1
Un songe, cette nuit,Alcmène, dans votre âme 6+6 60
900  A prévenu la vérité ? 8 1
Et que m'ayant peut-êtreen dormant bien traité, 6+6 1
 Votre cœur se croit vers ma flamme 8 60
 Assez amplement acquitté ? 8 1
ALCMÈNE
Est-ce qu'une vapeur,par sa malignité, 6+6 1
905  Amphitryon, a dans votre âme 8 60
Du retour d'hier au soirbrouillé la vérité ? 6+6 1
Et que du doux accueilduquel je m'acquittai 6+6 102
 Votre cœur prétend à ma flamme 8 60
 Ravir toute l'honnêteté ? 8 1
AMPHYTRION
910  Cette vapeurdont vous me régalez 4+6 1
 Est un peu, ce me semble, étrange 8 103
ALCMÈNE
 C'est ce qu'on peut donner pour change 8 103
 Au songe dont vous me parlez. 8 1
AMPHYTRION
 À moins d'un songe,on ne peut pas sans doute 4+6 76
915 Excuser ce qu'icivotre bouche me dit. 6+6 19
ALCMÈNE
À moins d'une vapeurqui vous trouble l'esprit, 6+6 19
On ne peut pas sauverce que de vous j'écoute. 6+6 76
AMPHYTRION
 Laissons un peucette vapeur, Alcmène. 4+6 58
ALCMÈNE
 Laissons un peuce songe, Amphitryon. 4+6 42
AMPHYTRION
920  Sur le sujetdont il est question, 4+6 42
Il n'est guère de jeuque trop loin on ne mène. 6+6 58
ALCMÈNE
 Sans doute ; et pour marque certaine, 8 58
Je commence à sentirun peu d'émotion. 6+6 42
AMPHYTRION
Est-ce donc que par làvous voulez essayer 6+6 1
925 À réparer l'accueildont je vous ai fait plainte ? 6+6 73
ALCMÈNE
 Est-ce donc que par cette feinte 8 73
 Vous désirez vous égayer ? 8 1
AMPHYTRION
Ah ! De grâce, cessons,Alcmène, je vous prie, 6+6 44
 Et parlons sérieusement. 8 54
ALCMÈNE
930 Amphitryon, c'est troppousser l'amusement : 6+6 54
 Finissons cette raillerie. 8 44
AMPHYTRION
 Quoi ? Vous osezme soutenir en face 4+6 38
Que plus tôt qu'à cette heureon m'ait ici pu voir ? 6+6 85
ALCMÈNE
 Quoi ? Vous vouleznier avec audace 4+6 38
935 Que dès hier en ces lieuxvous vîntes sur le soir ? 6+6 85
AMPHYTRION
Moi ! Je vins hier ?
ALCMÈNE
Sans doute ;et dès devant l'aurore, 6+6 104
 Vous vous en êtes retourné. 8 1
AMPHYTRION
Ciel ! Un pareil débats'est-il pu voir encore ? 6+6 104
Et qui de tout cecine serait étonné ? 6+6 1
Sosie ?
SOSIE
940 Elle a besoinde six grains d'ellébore, 6+6 104
 Monsieur, son esprit est tourné. 8 1
AMPHYTRION
 Alcmène, au nom de tous les dieux ! 8 13
 Ce discours a d'étranges suites : 8 105
 Reprenez vos sens un peu mieux, 8 13
945  Et pensez à ce que vous dites. 8 105
ALCMÈNE
 J'y pense mûrement aussi ; 8 26
Et tous ceux du logisont vu votre arrivée. 6+6 52
J'ignore quel motifvous fait agir ainsi ; 6+6 26
Mais si la chose avaitbesoin d'être prouvée, 6+6 52
950 S'il était vrai qu'on pûtne s'en souvenir pas, 6+6 7
De qui puis-je tenir,que de vous, la nouvelle 6+6 53
 Du dernier de tous vos combats ? 8 7
Et les cinq diamantsque portait Ptérélas, 6+6 7
 Qu'a fait dans la nuit éternelle 8 53
955  Tomber l'effort de votre bras ? 8 7
En pourrait-on vouloirun plus sûr témoignage ? 6+6 6
AMPHYTRION
 Quoi ? Je vous ai déjà donné 8 1
Le nœud de diamantsque j'eus pour mon partage, 6+6 6
 Et que je vous ai destiné ? 8 1
ALCMÈNE
960  Assurément.Il n'est pas difficile 4+6 106
De vous en bien convaincre.
AMPHYTRION
Et comment ?
ALCMÈNE
Le voici. 6+6 26
AMPHYTRION
Sosie !
SOSIE
Elle se moque,et je le tiens ici ; 6+6 26
 Monsieur, la feinte est inutile. 8 106
AMPHYTRION
Le cachet est entier.
ALCMÈNE
Est-ce une vision ? 6+6 42
965 Tenez. Trouverez-vouscette preuve assez forte ? 6+6 75
AMPHYTRION
Ah ciel ! ô juste ciel !
ALCMÈNE
Allez, Amphitryon, 6+6 42
 Vous vous moquezd'en user de la sorte, 4+6 75
Et vous en devriezavoir confusion. 6+6 42
AMPHYTRION
Romps vite ce cachet.
SOSIE, ayant ouvert le coffret.
Ma foi, la place est vide. 6+6 107
970 Il faut que par magieon ait su le tirer, 6+6 1
Ou bien que de lui-mêmeil soit venu, sans guide, 6+6 107
Vers celle qu'il a suqu'on en voulait parer. 6+6 1
AMPHYTRION
Ô dieux, dont le pouvoirsur les choses préside, 6+6 107
Quelle est cette aventure ?Et qu'en puis-je augurer 6+6 1
975  Dont mon amour ne s'intimide ? 8 107
SOSIE
Si sa bouche dit vrai,nous avons même sort, 6+6 62
Et de même que moi,monsieur, vous êtes double. 6+6 108
AMPHYTRION
 Tais-toi.
ALCMÈNE
 Sur quoivous étonner si fort ? 4+6 62
 Et d' peut ntre ce grand trouble ? 8 108
AMPHYTRION
980  Ô ciel ! Quel étrange embarras ! 8 7
Je vois des incidentsqui passent la nature ; 6+6 4
 Et mon honneurredoute une aventure 4+6 4
 Que mon esprit ne comprend pas. 8 7
ALCMÈNE
Songez-vous, en tenantcette preuve sensible, 6+6 109
985 À me nier encorvotre retour pressé ? 6+6 1
AMPHYTRION
Non ; mais à ce retourdaignez, s'il est possible, 6+6 109
 Me conter ce qui s'est passé. 8 1
ALCMÈNE
Puisque vous demandezun récit de la chose, 6+6 33
Vous voulez dire doncque ce n'était pas vous ? 6+6 21
AMPHYTRION
990  Pardonnez-moi ;mais j'ai certaine cause 4+6 33
Qui me fait demanderce récit entre nous. 6+6 21
ALCMÈNE
Les soucis importantsqui vous peuvent saisir, 6+6 5
Vous ont-ils fait si viteen perdre la mémoire ? 6+6 50
AMPHYTRION
Peut-être ; mais enfinvous me ferez plaisir 6+6 5
995  De m'en dire toute l'histoire. 8 50
ALCMÈNE
L'histoire n'est pas longue.À vous je m'avançai, 6+6 102
 Pleine d'une aimable surprise ; 8 16
 Tendrement je vous embrassai, 8 102
Et témoignai ma joieà plus d'une reprise. 6+6 16
AMPHITRYON, en soi-même.
1000 Ah ! D'un si doux accueilje me serais passé. 6+6 1
ALCMÈNE
Vous me fîtes d'abordce présent d'importance, 6+6 35
Que du butin conquisvous m'aviez destiné. 6+6 1
 Votre cœur, avec véhémence, 8 35
M'étala de ses feuxtoute la violence, 6+6 35
1005 Et les soins importunsqui l'avaient enchné, 6+6 1
L'aise de me revoir,les tourments de l'absence, 6+6 35
 Tout le soucique son impatience 4+6 35
 Pour le retour s'était donné ; 8 1
Et jamais votre amour,en pareille occurrence, 6+6 35
1010 Ne me parut si tendreet si passionné. 6+6 1
AMPHITRYON, en soi-même.
Peut-on plus vivementse voir assassiné ? 6+6 1
ALCMÈNE
 Tous ces transports,toute cette tendresse, 4+6 8
Comme vous croyez bien,ne me déplaisaient pas ; 6+6 7
 Et s'il faut que je le confesse, 8 8
1015 Mon cœur, Amphitryon,y trouvait mille appas. 6+6 7
AMPHYTRION
Ensuite, s'il vous plt.
ALCMÈNE
Nous nous entrecoupâmes 6+6 110
De mille questionsqui pouvaient nous toucher. 6+6 1
On servit. Tête à têteensemble nous soupâmes ; 6+6 110
Et le souper fini,nous nous fûmes coucher. 6+6 1
AMPHYTRION
Ensemble ?
ALCMÈNE
1020 Assurément.Quelle est cette demande ? 6+6 111
AMPHYTRION
Ah ! C'est ici le couple plus cruel de tous, 6+6 21
Et dont à s'assurertremblait mon feu jaloux. 6+6 23
ALCMÈNE
D' vous vient à ce motune rougeur si grande ? 6+6 111
Ai-je fait quelque malde coucher avec vous ? 6+6 21
AMPHYTRION
1025 Non, ce n'était pas moi,pour ma douleur sensible : 6+6 109
Et qui dit qu'hier icimes pas se sont portés, 6+6 46
 Dit de toutes les faussetés 8 46
 La fausseté la plus horrible. 8 109
ALCMÈNE
Amphitryon !
AMPHYTRION
Perfide !
ALCMÈNE
Ah ! Quel emportement ! 6+6 54
AMPHYTRION
1030 Non, non : plus de douceuret plus de déférence, 6+6 35
Ce revers vient à boutde toute ma constance ; 6+6 35
Et mon cœur ne respire,en ce fatal moment, 6+6 54
 Et que fureur et que vengeance. 8 35
ALCMÈNE
De qui donc vous vengez ?Et quel manque de foi 6+6 12
1035  Vous fait icime traiter de coupable ? 4+6 28
AMPHYTRION
 Je ne sais pas,mais ce n'était pas moi ; 4+6 12
Et c'est un désespoirqui de tout rend capable. 6+6 28
ALCMÈNE
Allez, indigne époux,le fait parle de soi, 6+6 12
 Et l'imposture est effroyable. 8 28
1040  C'est trop me pousser là-dessus, 8 112
Et d'infidélitéme voir trop condamnée. 6+6 52
 Si vous cherchez,dans ces transports confus, 4+6 112
Un prétexte à briserles nœuds d'un hyménée 6+6 52
 Qui me tient à vous enchnée, 8 52
1045  Tous ces détours sont superflus ; 8 112
 Et me voilà déterminée 8 52
À souffrir qu'en ce journos liens soient rompus. 6+6 112
AMPHYTRION
Après l'indigne affrontque l'on me fait conntre, 6+6 41
C'est bien à quoi sans douteil faut vous préparer : 6+6 1
1050 C'est le moins qu'on doit voir,et les choses peut-être 6+6 41
 Pourront n'en pas là demeurer. 8 1
Le déshonneur est sûr,mon malheur m'est visible, 6+6 109
Et mon amour en vainvoudrait me l'obscurcir ; 6+6 5
Mais le détail encorne m'en est pas sensible, 6+6 109
1055 Et mon juste courrouxprétend s'en éclaircir. 6+6 5
Votre frère déjàpeut hautement répondre 6+6 113
Que jusqu'à ce matinje ne l'ai point quitté : 6+6 1
Je m'en vais le chercher,afin de vous confondre 6+6 113
Sur ce retour qui m'estfaussement imputé. 6+6 1
1060 Après, nous perceronsjusqu'au fond d'un mystère 6+6 25
 Jusques à présent inouï ; 8 26
Et dans les mouvementsd'une juste colère, 6+6 25
 Malheur à qui m'aura trahi ! 8 26
SOSIE
 Monsieur…
AMPHYTRION
 Ne m'accompagne pas, 8 7
1065  Et demeure ici pour m'attendre. 8 101
CLEANTHIS
 Faut-il… ?
ALCMÈNE
 Je ne puis rien entendre : 8 101
 Laisse-moi seule,et ne suis point mes pas. 4+6 7
SCÈNE III
CLEANTHIS
Il faut que quelque choseait brouillé sa cervelle ; 6+6 53
 Mais le frère sur-le-champ 7 114
1070  Finira cette querelle. 7 53
SOSIE
C'est ici, pour mon mtre,un coup assez touchant, 6+6 54
 Et son aventure est cruelle. 8 53
Je crains fort pour mon faitquelque chose approchant, 6+6 54
Et je m'en veux tout douxéclaircir avec elle. 6+6 53
CLEANTHIS
1075 Voyez s'il me viendraseulement aborder ! 6+6 1
Mais je veux m'empêcherde rien faire partre. 6+6 41
SOSIE
La chose quelquefoisest fâcheuse à conntre, 6+6 41
 Et je tremble à la demander. 8 1
Ne vaudrait-il point mieux,pour ne rien hasarder, 6+6 1
1080  Ignorer ce qu'il en peut être ? 8 41
 Allons, tout coup vaille, il faut voir, 8 85
 Et je ne m'en saurais défendre. 8 101
 La faiblesse humaine est d'avoir 8 85
 Des curiosités d'apprendre 8 101
1085  Ce qu'on ne voudrait pas savoir. 8 85
Dieu te gard', Cléanthis !
CLEANTHIS
Ah ! Ah ! Tu t'en avises, 6+6 96
 Trtre, de t'approcher de nous ! 8 21
SOSIE
Mon Dieu ! Qu'as-tu ? Toujourson te voit en courroux, 6+6 23
 Et sur rien tu te formalises. 8 96
CLEANTHIS
Qu'appelles-tu sur rien,dis ?
SOSIE
1090 J'appelle sur rien 6+6 67
Ce qui sur rien s'appelleen vers ainsi qu'en prose ; 6+6 33
 Et rien, comme tu le sais bien, 8 67
 Veut dire rien, ou peu de chose. 8 33
CLEANTHIS
 Je ne sais qui me tient, infâme, 8 60
1095  Que je ne t'arrache les yeux, 8 13
Et ne t'apprenne vale courroux d'une femme. 6+6 60
SOSIE
Holà ! D' te vient doncce transport furieux ? 6+6 13
CLEANTHIS
Tu n'appelles donc rienle procédé, peut-être, 6+6 41
 Qu'avec moi ton cœur a tenu ? 8 78
SOSIE
 Et quel ?
CLEANTHIS
1100  Quoi ? Tu fais l'ingénu ? 8 78
 Est-ce qu'à l'exemple du mtre 8 41
Tu veux dire qu'icitu n'es pas revenu ? 6+6 78
SOSIE
 Non : je sais fort bien le contraire ; 8 25
 Mais je ne t'en fais pas le fin : 8 67
1105  Nous avions bude je ne sais quel vin, 4+6 67
Qui m'a fait oubliertout ce que j'ai pu faire. 6+6 25
CLEANTHIS
 Tu crois peut-êtreexcuser par ce trait… 4+6 31
SOSIE
 Non, tout de bon, tu m'en peux croire. 8 50
J'étais dans un état je puis avoir fait 6+6 31
1110  Des choses dont j'aurais regret, 8 31
 Et dont je n'ai nulle mémoire. 8 50
CLEANTHIS
Tu ne te souviens pointdu tout de la manière 6+6 25
Dont tu m'as su traiter,étant venu du port ? 6+6 62
SOSIE
Non plus que rien. Tu peuxm'en faire le rapport : 6+6 62
1115  Je suis équitable et sincère, 8 25
Et me condamneraimoi-même, si j'ai tort. 6+6 62
CLEANTHIS
Comment ? Amphitryonm'ayant su disposer, 6+6 1
Jusqu'à ce que tu vinsj'avais poussé ma veille ; 6+6 68
Mais je ne vis jamaisune froideur pareille : 6+6 68
1120 De ta femme il fallutmoi-même t'aviser ; 6+6 1
 Et lorsque je fus te baiser, 8 1
Tu détournas le nez,et me donnas l'oreille. 6+6 68
SOSIE
Bon !
CLEANTHIS
Comment, bon ?
SOSIE
Mon Dieu !Tu ne sais pas pourquoi, 6+6 12
 Cléanthis, je tiens ce langage : 8 6
1125 J'avais mangé de l'ail,et fis en homme sage 6+6 6
De détourner un peumon haleine de toi. 6+6 12
CLEANTHIS
Je te sus exprimerdes tendresses de cœur ; 6+6 30
Mais à tous mes discourstu fus comme une souche ; 6+6 115
 Et jamais un mot de douceur 8 30
1130  Ne te put sortir de la bouche. 8 115
SOSIE
Courage !
CLEANTHIS
Enfin ma flammeeut beau s'émanciper, 6+6 1
Sa chaste ardeur en toine trouva rien que glace ; 6+6 38
Et dans un tel retour,je te vis la tromper, 6+6 1
Jusqu'à faire refusde prendre au lit la place 6+6 38
1135 Que les lois de l'hyment'obligent d'occuper. 6+6 1
SOSIE
Quoi ? Je ne couchai point…
CLEANTHIS
Non, lâche.
SOSIE
Est-il possible ? 6+6 109
CLEANTHIS
 Trtre, il n'est que trop assuré. 8 1
C'est de tous les affrontsl'affront le plus sensible ; 6+6 109
Et loin que ce matinton cœur l'ait réparé, 6+6 1
1140  Tu t'es d'avec moi séparé 8 1
Par des discours chargésd'un mépris tout visible. 6+6 109
SOSIE
Vivat Sosie !
CLEANTHIS
Hé quoi ?Ma plainte a cet effet ? 6+6 31
 Tu ris après ce bel ouvrage ? 8 6
SOSIE
 Que je suis de moi satisfait ! 8 31
CLEANTHIS
1145 Exprime-t-on ainsile regret d'un outrage ? 6+6 6
SOSIE
Je n'aurais jamais cruque j'eusse été si sage. 6+6 6
CLEANTHIS
Loin de te condamnerd'un si perfide trait, 6+6 31
Tu m'en fais éclaterla joie en ton visage ! 6+6 6
SOSIE
Mon Dieu, tout doucement !Si je parois joyeux, 6+6 13
1150 Crois que j'en ai dans l'âmeune raison très forte, 6+6 75
Et que, sans y penser,je ne fis jamais mieux 6+6 13
Que d'en user tantôtavec toi de la sorte. 6+6 75
CLEANTHIS
 Trtre, te moques-tu de moi ? 8 12
SOSIE
 Non, je te parle avec franchise. 8 16
1155 En l'état j'étais,j'avais certain effroi, 6+6 12
Dont avec ton discoursmon âme s'est remise. 6+6 16
Je m'appréhendais fort,et craignais qu'avec toi 6+6 12
 Je n'eusse fait quelque sottise. 8 16
CLEANTHIS
Quelle est cette frayeur ?Et sachons donc pourquoi. 6+6 12
SOSIE
1160  Les médecinsdisent, quand on est ivre, 4+6 116
 Que de sa femmeon se doit abstenir, 4+6 5
Et que dans cet étatil ne peut provenir 6+6 5
Que des enfants pesantset qui ne sauraient vivre 6+6 116
Vois, si mon cœur n't sude froideur se munir, 6+6 5
1165 Quels inconvénientsauraient pu s'en ensuivre ! 6+6 116
CLEANTHIS
 Je me moque des médecins, 8 117
 Avec leurs raisonnements fades : 8 118
 Qu'ils règlent ceux qui sont malades, 8 118
Sans vouloir gouvernerles gens qui sont bien sains. 6+6 117
1170  Ils se mêlent de trop d'affaires, 8 43
De prétendre tenirnos chastes feux gênés ; 6+6 46
 Et sur les jours caniculaires 8 43
Ils nous donnent encore,avec leurs lois sévères, 6+6 43
 De cent sots contes par le nez. 8 1
SOSIE
Tout doux !
CLEANTHIS
1175 Non : je soutiensque cela conclut mal : 6+6 11
Ces raisons sont raisonsd'extravagantes têtes. 6+6 119
Il n'est ni vin ni tempsqui puisse être fatal 6+6 11
À remplir le devoirde l'amour conjugal ; 6+6 11
 Et les médecins sont des bêtes. 8 119
SOSIE
1180 Contre eux, je t'en supplie,apaise ton courroux : 6+6 23
Ce sont d'honnêtes gens,quoi que le monde en dise. 6+6 16
CLEANTHIS
Tu n'es pas tu crois ;en vain tu files doux : 6+6 23
Ton excuse n'est pointune excuse de mise ; 6+6 16
Et je me veux vengertôt ou tard, entre nous, 6+6 21
1185 De l'air dont chaque jourje vois qu'on me méprise. 6+6 16
Des discours de tantôtje garde tous les coups, 6+6 21
Et tâcherai d'user,lâche et perfide époux, 6+6 23
De cette libertéque ton cœur m'a permise. 6+6 16
SOSIE
Quoi ?
CLEANTHIS
Tu m'as dit tantôtque tu consentais fort, 6+6 62
1190  Lâche, que j'en aimasse un autre. 8 120
SOSIE
 Ah ! Pour cet article, j'ai tort. 8 62
 Je m'en dédis,il y va trop du nôtre : 4+6 120
 Garde-toi biende suivre ce transport. 4+6 62
CLEANTHIS
 Si je puis une fois pourtant 8 54
1195  Sur mon esprit gagner la chose 8 33
SOSIE
 Fais à ce discours quelque pause : 8 33
Amphitryon revient,qui me part content. 6+6 54
SCÈNE IV
JUPITER
Je viens prendre le tempsde rapaiser Alcmène, 6+6 58
De bannir les chagrinsque son cœur veut garder, 6+6 1
1200 Et donner à mes feux,dans ce soin qui m'amène, 6+6 58
 Le doux plaisirde se raccommoder. 4+6 1
 Alcmène est là-haut, n'est-ce pas ? 8 7
CLEANTHIS
 Oui, pleine d'une inquiétude 8 51
 Qui cherche de la solitude, 8 51
1205 Et qui m'a défendud'accompagner ses pas. 6+6 7
JUPITER
 Quelque défense qu'elle ait faite, 8 27
 Elle ne sera pas pour moi. 8 12
CLEANTHIS
 Son chagrin, à ce que je vois, 8 84
 A fait une prompte retraite. 8 27
SCÈNE V
SOSIE
1210 Que dis-tu, Cléanthis,de ce joyeux maintien, 6+6 67
 Après son fracas effroyable ? 8 28
CLEANTHIS
 Que si toutes nous faisions bien, 8 67
 Nous donnerionstous les hommes au diable, 4+6 28
 Et que le meilleur n'en vaut rien. 8 67
SOSIE
1215  Cela se dit dans le courroux ; 8 23
Mais aux hommes par tropvous êtes accrochées ; 6+6 121
Et vous seriez, ma foi !Toutes bien empêchées, 6+6 121
 Si le diable les prenait tous. 8 21
CLEANTHIS
 Vraiment…
SOSIE
 Les voici. Taisons-nous. 8 21
SCÈNE VI
JUPITER
1220  Voulez-vous me désespérer ? 8 1
 Hélas ! Arrêtez, belle Alcmène. 8 58
ALCMÈNE
 Non, avec l'auteur de ma peine 8 58
 Je ne puis du tout demeurer. 8 1
JUPITER
De grâce
ALCMÈNE
Laissez-moi.
JUPITER
Quoi… ?
ALCMÈNE
Laissez-moi, vous dis-je. 6+6 122
JUPITER
1225 Ses pleurs touchent mon âme,et sa douleur m'afflige. 6+6 122
Souffrez que mon cœur…
ALCMÈNE
Non,ne suivez point mes pas. 6+6 7
JUPITER
voulez-vous aller ?
ALCMÈNE
vous ne serez pas. 6+6 7
JUPITER
 Ce vous est une attente vaine. 8 58
Je tiens à vos beautéspar un nœud trop serré, 6+6 1
1230 Pour pouvoir un momenten être séparé : 6+6 1
 Je vous suivrai partout, Alcmène. 8 58
ALCMÈNE
 Et moi, partout je vous fuirai. 8 102
JUPITER
 Je suis donc bien épouvantable ? 8 28
ALCMÈNE
 Plus qu'on ne peut dire, à mes yeux. 8 13
1235  Oui, je vous voiscomme un monstre effroyable, 4+6 28
 Un monstre cruel, furieux, 8 13
 Et dont l'approche est redoutable, 8 28
 Comme un monstre à fuir en tous lieux. 8 13
Mon cœur souffre, à vous voir,une peine incroyable ; 6+6 28
1240  C'est un supplice qui m'accable ; 8 28
 Et je ne vois rien sous les cieux 8 13
 D'affreux, d'horrible, d'odieux, 8 13
 Qui ne me fûtplus que vous supportable. 4+6 28
JUPITER
En voilà bien, hélas !Que votre bouche dit. 6+6 19
ALCMÈNE
1245  J'en ai dans le cœur davantage ; 8 6
Et pour s'exprimer tout,ce cœur a du dépit 6+6 19
 De ne point trouver de langage. 8 6
JUPITER
 Hé ! Que vous a donc fait ma flamme, 8 60
Pour me pouvoir, Alcmène,en monstre regarder ? 6+6 1
ALCMÈNE
1250 Ah ! Juste ciel ! Celapeut-il se demander ? 6+6 1
 Et n'est-ce paspour mettre à bout une âme ? 4+6 60
JUPITER
 Ah ! D'un esprit plus adouci 8 26
ALCMÈNE
Non, je ne veux du toutvous voir, ni vous entendre. 6+6 101
JUPITER
Avez-vous bien le cœurde me traiter ainsi ? 6+6 26
1255  Est-ce là cet amour si tendre, 8 101
Qui devait tant durerquand je vins hier ici ? 6+6 26
ALCMÈNE
Non, non, ce ne l'est pas ;et vos lâches injures 6+6 81
 En ont autrement ordonné. 8 1
Il n'est plus, cet amourtendre et passionné ; 6+6 1
1260 Vous l'avez dans mon cœur,par cent vives blessures, 6+6 81
 Cruellement assassiné. 8 1
 C'est en sa placeun courroux inflexible, 4+6 109
Un vif ressentiment,un dépit invincible, 6+6 109
Un désespoir d'un cœurjustement animé, 6+6 1
1265 Qui prétend vous haïr,pour cet affront sensible, 6+6 109
Autant qu'il est d'accordde vous avoir aimé : 6+6 1
 Et c'est haïrautant qu'il est possible. 4+6 109
JUPITER
Hélas ! Que votre amourn'avait guère de force, 6+6 123
Si de si peu de choseon le peut voir mourir ! 6+6 5
1270 Ce qui n'était que jeudoit-il faire un divorce ? 6+6 123
Et d'une railleriea-t-on lieu de s'aigrir ? 6+6 5
ALCMÈNE
 Ah ! C'est celadont je suis offensée, 4+6 52
 Et que ne peutpardonner mon courroux. 4+6 23
Des véritables traitsd'un mouvement jaloux 6+6 23
1275  Je me trouverais moins blessée. 8 52
 La jalousiea des impressions 4+6 124
 Dont bien souventla force nous entrne ; 4+6 58
Et l'âme la plus sage,en ces occasions, 6+6 124
 Sans doute avec assez de peine 8 58
1280  Répond de ses émotions ; 8 124
L'emportement d'un cœurqui peut s'être abusé 6+6 1
A de quoi ramenerune âme qu'il offense ; 6+6 35
 Et dans l'amourqui lui donne naissance 4+6 35
Il trouve au moins, malgrétoute sa violence, 6+6 35
1285  Des raisons pour être excusé ; 8 1
De semblables transportscontre un ressentiment 6+6 54
Pour défense toujoursont ce qui les fait ntre, 6+6 41
 Et l'on donne grâce aisément 8 54
 À ce dont on n'est pas le mtre. 8 41
1290  Mais que, de gayeté de cœur, 8 30
On passe aux mouvementsd'une fureur extrême, 6+6 10
Que sans cause l'on vienne,avec tant de rigueur, 6+6 30
 Blesser la tendresse et l'honneur 8 30
 D'un cœur qui chèrement nous aime, 8 10
1295  Ah ! C'est un couptrop cruel en lui-même, 4+6 10
 Et que jamaisn'oubliera ma douleur. 4+6 30
JUPITER
Oui, vous avez raison,Alcmène, il se faut rendre : 6+6 101
Cette action, sans doute,est un crime odieux ; 6+6 13
 Je ne prétends plus le défendre ; 8 101
1300 Mais souffrez que mon cœurs'en défende à vos yeux, 6+6 13
 Et donne au vôtre à qui se prendre 8 101
 De ce transport injurieux. 8 13
 À vous en faireun aveu véritable, 4+6 28
 L'époux, Alcmène,a commis tout le mal ; 4+6 11
1305 C'est l'époux qu'il vous fautregarder en coupable. 6+6 28
L'amant n'a point de partà ce transport brutal, 6+6 11
Et de vous offenserson cœur n'est point capable : 6+6 28
Il a pour vous, ce cœur,pour jamais y penser, 6+6 1
 Trop de respect et de tendresse ; 8 8
1310 Et si de faire rienà vous pouvoir blesser 6+6 1
 Il avait eula coupable faiblesse, 4+6 8
De cent coups à vos yeuxil voudrait le percer. 6+6 1
Mais l'époux est sortide ce respect soumis 6+6 37
  pour vous on doit toujours être ; 8 41
1315 À son dur procédél'époux s'est fait conntre, 6+6 41
Et par le droit d'hymenil s'est cru tout permis ; 6+6 37
Oui, c'est lui qui sans douteest criminel vers vous, 6+6 21
Lui seul a maltraitévotre aimable personne : 6+6 14
 Haïssez, détestez l'époux, 8 23
1320  J'y consens, et vous l'abandonne. 8 14
Mais, Alcmène, sauvezl'amant de ce courroux 6+6 23
 Qu'une telle offense vous donne ; 8 14
 N'en jetez pas sur lui l'effet, 8 31
 Démêlez-le un peu du coupable ; 8 28
1325  Et pour être enfin équitable, 8 28
Ne le punissez pointde ce qu'il n'a pas fait. 6+6 31
ALCMÈNE
 Ah ! Toutes ces subtilités 8 46
 N'ont que des excuses frivoles, 8 94
 Et pour les esprits irrités 8 46
1330 Ce sont des contre-tempsque de telles paroles. 6+6 94
Ce détour ridiculeest en vain pris par vous : 6+6 21
Je ne distingue rienen celui qui m'offense, 6+6 35
 Tout y devientl'objet de mon courroux, 4+6 23
 Et dans sa juste violence 8 35
1335  Sont confonduset l'amant et l'époux. 4+6 23
Tous deux de même sorteoccupent ma pensée, 6+6 52
Et des mêmes couleurs,par mon âme blessée, 6+6 52
 Tous deux ils sont peints à mes yeux : 8 13
Tous deux sont criminels,tous deux m'ont offensée, 6+6 52
1340  Et tous deux me sont odieux. 8 13
JUPITER
 Hé bien ! Puisque vous le voulez, 8 1
 Il faut donc me charger du crime. 8 125
Oui, vous avez raisonlorsque vous m'immolez 6+6 1
À vos ressentimentsen coupable victime ; 6+6 125
1345 Un trop juste dépitcontre moi vous anime, 6+6 125
Et tout ce grand courrouxqu'ici vous étalez 6+6 1
Ne me fait endurerqu'un tourment légitime ; 6+6 125
 C'est avec droitque mon abord vous chasse, 4+6 38
 Et que de me fuir en tous lieux 8 13
1350  Votre colère me menace : 8 38
 Je dois vous êtreun objet odieux, 4+6 13
Vous devez me vouloirun mal prodigieux ; 6+6 13
Il n'est aucune horreurque mon forfait ne passe, 6+6 38
 D'avoir offensé vos beaux yeux. 8 13
1355 C'est un crime à blesserles hommes et les dieux, 6+6 13
Et je mérite enfin,pour punir cette audace, 6+6 38
 Que contre moivotre haine ramasse 4+6 38
 Tous ses traits les plus furieux. 8 13
 Mais mon cœur vous demande grâce ; 8 38
1360 Pour vous la demanderje me jette à genoux, 6+6 23
Et la demande au nomde la plus vive flamme, 6+6 60
 Du plus tendre amour dont une âme 8 60
 Puisse jamais brûler pour vous. 8 21
 Si votre cœur, charmante Alcmène, 8 58
1365 Me refuse la grâce j'ose recourir, 6+6 5
 Il faut qu'une atteinte soudaine 8 58
 M'arrache, en me faisant mourir, 8 5
 Aux dures rigueurs d'une peine 8 58
 Que je ne saurais plus souffrir. 8 5
1370  Oui, cet état me désespère : 8 25
 Alcmène, ne présumez pas 8 7
Qu'aimant comme je faisvos célestes appas, 6+6 7
Je puisse vivre un jouravec votre colère. 6+6 25
Déjà de ces momentsla barbare longueur 6+6 30
1375  Fait sous des atteintes mortelles 8 20
 Succomber tout mon triste cœur ; 8 30
Et de mille vautoursles blessures cruelles 6+6 20
N'ont rien de comparableà ma vive douleur. 6+6 30
Alcmène, vous n'avezqu'à me le déclarer : 6+6 1
1380 S'il n'est point de pardonque je doive espérer, 6+6 1
Cette épée aussitôt,par un coup favorable, 6+6 28
Va percer à vos yeuxle cœur d'un misérable, 6+6 28
Ce cœur, ce trtre cœur,trop digne d'expirer, 6+6 1
Puisqu'il a pu fâcherun objet adorable : 6+6 28
1385 Heureux, en descendantau ténébreux séjour, 6+6 39
Si de votre courrouxmon trépas vous ramène, 6+6 58
Et ne laisse en votre âme,après ce triste jour, 6+6 39
 Aucune impression de haine 8 58
 Au souvenir de mon amour ! 8 39
1390 C'est tout ce que j'attendspour faveur souveraine. 6+6 58
ALCMÈNE
Ah ! Trop cruel époux !
JUPITER
Dites, parlez, Alcmène. 6+6 58
ALCMÈNE
Faut-il encor pour vousconserver des bontés, 6+6 46
Et vous voir m'outragerpar tant d'indignités ? 6+6 46
JUPITER
Quelque ressentimentqu'un outrage nous cause, 6+6 33
1395 Tient-il contre un remordsd'un cœur bien enflammé ? 6+6 1
ALCMÈNE
Un cœur bien plein de flammeà mille morts s'expose, 6+6 33
Plutôt que de vouloirfâcher l'objet aimé. 6+6 1
JUPITER
Plus on aime quelqu'un,moins on trouve de peine 6+6 58
ALCMÈNE
Non, ne m'en parlez point :vous méritez ma haine. 6+6 58
JUPITER
Vous me haïssez donc ?
ALCMÈNE
1400 J'y fais tout mon effort ; 6+6 62
Et j'ai dépit de voirque toute votre offense 6+6 35
Ne puisse de mon cœurjusqu'à cette vengeance 6+6 35
 Faire encore aller le transport. 8 62
JUPITER
 Mais pourquoi cette violence, 8 35
1405 Puisque pour vous vengerje vous offre ma mort ? 6+6 62
Prononcez-en l'arrêt,et j'obéis sur l'heure. 6+6 83
ALCMÈNE
Qui ne saurait haïrpeut-il vouloir qu'on meure ? 6+6 83
JUPITER
Et moi, je ne puis vivre,à moins que vous quittiez 6+6 1
 Cette colère qui m'accable, 8 28
1410 Et que vous m'accordiezle pardon favorable 6+6 28
 Que je vous demande à vos pieds. 8 46
Sosie et Cléanthis se mettent aussi à genoux.
 Résolvez ici l'un des deux : 8 13
 Ou de punir, ou bien d'absoudre. 8 126
ALCMÈNE
 Hélas ! Ce que je puis résoudre 8 126
1415  Part bien plus que je ne veux. 8 13
Pour vouloir soutenirle courroux qu'on me donne, 6+6 14
 Mon cœur a trop su me trahir : 8 5
 Dire qu'on ne saurait haïr, 8 5
 N'est-ce pas dire qu'on pardonne ? 8 14
JUPITER
1420 Ah ! Belle Alcmène, il fautque, comblé d'allégresse 6+6 8
ALCMÈNE
Laissez : je me veux malde mon trop de faiblesse. 6+6 8
JUPITER
 Va, Sosie, et dépêche-toi, 8 12
Voir, dans les doux transportsdont mon âme est charmée, 6+6 52
Ce que tu trouverasd'officiers de l'armée, 6+6 52
1425  Et les inviteà dîner avec moi. 4+6 12
 Tandis que d'ici je le chasse, 8 38
 Mercure y remplira sa place. 8 38
SCÈNE VII
SOSIE
 Hé bien ! Tu vois,Cléanthis, ce ménage : 4+6 6
 Veux-tu qu'à leur exemple ici 8 26
1430 Nous fassions entre nousun peu de paix aussi, 6+6 26
 Quelque petit rapatriage ? 8 6
CLEANTHIS
C'est pour ton nez, vraiment !Cela se fait ainsi. 6+6 26
SOSIE
Quoi ? Tu ne veux pas ?
CLEANTHIS
Non.
SOSIE
Il ne m'importe guère : 6+6 25
 Tant pis pour toi.
CLEANTHIS
 La, la, reviens. 8 117
SOSIE
1435  Non, morbleu ! Je n'en ferai rien, 8 67
 Et je veux être,à mon tour, en colère. 4+6 25
CLEANTHIS
 Va, va, trtre, laisse-moi faire : 8 25
On se lasse parfoisd'être femme de bien. 6+6 67
ACTE III
SCÈNE PREMIÈRE
AMPHYTRION
Oui, sans doute le sorttout exprès me le cache, 6+6 127
1440 Et des tours que je faisà la fin je suis las. 6+6 7
Il n'est point de destinplus cruel, que je sache : 6+6 127
Je ne saurais trouver,portant partout mes pas, 6+6 7
 Celui qu'à chercher je m'attache, 8 127
Et je trouve tous ceuxque je ne cherche pas. 6+6 7
1445 Mille fâcheux cruels,qui ne pensent pas l'être, 6+6 41
De nos faits avec moi,sans beaucoup me conntre, 6+6 41
Viennent se réjouir,pour me faire enrager. 6+6 1
Dans l'embarras crueldu souci qui me blesse, 6+6 8
De leurs embrassementset de leur allégresse 6+6 8
1450 Sur mon inquiétudeils viennent tous charger. 6+6 1
 En vain à passer je m'apprête, 8 27
 Pour fuir leurs persécutions, 8 124
Leur tuante amitiéde tous côtés m'arrête ; 6+6 27
Et tandis qu'à l'ardeurde leurs expressions 6+6 124
1455  Je réponds d'un geste de tête, 8 27
Je leur donne tout bascent malédictions. 6+6 124
Ah ! Qu'on est peu flattéde louange, d'honneur, 6+6 30
Et de tout ce que donneune grande victoire, 6+6 50
Lorsque dans l'âme on souffreune vive douleur ! 6+6 30
1460 Et que l'on donneraitvolontiers cette gloire, 6+6 50
 Pour avoir le repos du cœur ! 8 30
 Ma jalousie, à tout propos, 8 72
 Me promène sur ma disgrâce ; 8 38
 Et plus mon esprit y repasse, 8 38
1465 Moins j'en puis débrouillerle funeste chaos. 6+6 72
Le vol des diamantsn'est pas ce qui m'étonne : 6+6 14
On lève les cachets,qu'on ne l'apeoit pas ; 6+6 7
Mais le don qu'on veut qu'hierj'en vins faire en personne 6+6 14
Est ce qui fait icimon cruel embarras. 6+6 7
1470 La nature parfoisproduit des ressemblances 6+6 128
Dont quelques imposteursont pris droit d'abuser ; 6+6 1
Mais il est hors de sensque sous ces apparences 6+6 128
Un homme pour épouxse puisse supposer, 6+6 1
Et dans tous ces rapportssont mille différences 6+6 128
1475 Dont se peut une femmeaisément aviser. 6+6 1
 Des charmes de la Thessalie 8 44
On vante de tout tempsles merveilleux effets ; 6+6 74
Mais les contes fameuxqui partout en sont faits, 6+6 74
Dans mon esprit toujoursont passé pour folie ; 6+6 44
1480 Et ce serait du sortune étrange rigueur, 6+6 30
 Qu'au sortir d'une ample victoire 8 50
 Je fusse contraint de les croire, 8 50
 Aux dépens de mon propre honneur. 8 30
Je veux la retâtersur ce fâcheux mystère, 6+6 25
1485 Et voir si ce n'est pointune vaine chimère 6+6 25
Qui sur ses sens troublésait su prendre crédit. 6+6 19
 Ah ! Fasse le ciel équitable 8 28
 Que ce penser soit véritable, 8 28
Et que pour mon bonheurelle ait perdu l'esprit ! 6+6 19
SCÈNE II
MERCURE
1490 Comme l'amour icine m'offre aucun plaisir, 6+6 5
Je m'en veux faire au moinsqui soient d'autre nature, 6+6 4
Et je vais égayermon sérieux loisir 6+6 5
À mettre Amphitryonhors de toute mesure. 6+6 4
Cela n'est pas d'un dieubien plein de charité ; 6+6 1
1495 Mais aussi n'est-ce pasce dont je m'inquiète, 6+6 27
 Et je me sens par ma planète 8 27
 À la malice un peu porté. 8 1
AMPHYTRION
D' vient donc qu'à cette heureon ferme cette porte ? 6+6 75
MERCURE
Holà ! Tout doucement !Qui frappe ?
AMPHYTRION
Moi.
MERCURE
Qui, moi ? 6+6 12
AMPHYTRION
Ah ! Ouvre.
MERCURE
1500 Comment, ouvre ?Et qui donc es-tu, toi, 6+6 12
Qui fais tant de vacarmeet parles de la sorte ? 6+6 75
AMPHYTRION
 Quoi ? Tu ne me connais pas ?
MERCURE
 Non, 8 42
 Et n'en ai pas la moindre envie. 8 44
AMPHYTRION
Tout le monde perd-ilaujourd'hui la raison ? 6+6 42
1505 Est-ce un mal répandu ?Sosie, holà ! Sosie ! 6+6 44
MERCURE
 Hé bien ! Sosie : oui, c'est mon nom ; 8 42
 As-tu peur que je ne l'oublie ? 8 44
AMPHYTRION
Me vois-tu bien ?
MERCURE
Fort bien.Qui peut pousser ton bras 6+6 7
 À faire une rumeur si grande ? 8 111
1510  Et que demandes-tu là-bas ? 8 7
AMPHYTRION
 Moi, pendard ! Ce que je demande ? 8 111
MERCURE
 Que ne demandes-tu donc pas ? 8 7
 Parle, si tu veux qu'on t'entende. 8 111
AMPHYTRION
 Attends, trtre : avec un bâton 8 42
1515  Je vais là-haut me faire entendre, 8 101
 Et de bonne façon t'apprendre 8 101
 À m'oser parler sur ce ton. 8 42
MERCURE
Tout beau ! Si pour heurtertu fais la moindre instance, 6+6 35
Je t'envoirai d'icides messagers fâcheux. 6+6 13
AMPHYTRION
1520 Ô ciel ! Vit-on jamaisune telle insolence ? 6+6 35
La peut-on concevoird'un serviteur, d'un gueux ? 6+6 13
MERCURE
Hé bien ! Qu'est-ce ? M'as-tutout parcouru par ordre ? 6+6 129
M'as-tu de tes gros yeuxassez considéré ? 6+6 1
Comme il les écarquille,et part effaré ! 6+6 1
1525  Si des regards on pouvait mordre, 8 129
 Il m'aurait déjà déchiré. 8 1
AMPHYTRION
Moi-même je frémisde ce que tu t'apprêtes, 6+6 119
 Avec ces impudents propos. 8 72
Que tu grossis pour toid'effroyables tempêtes ! 6+6 119
1530 Quels orages de coupsvont fondre sur ton dos ! 6+6 72
MERCURE
L'ami, si de ces lieuxtu ne veux dispartre, 6+6 41
Tu pourras y gagnerquelque contusion. 6+6 42
AMPHYTRION
Ah ! Tu sauras, maraud,à ta confusion, 6+6 42
Ce que c'est qu'un valetqui s'attaque à son mtre. 6+6 41
MERCURE
Toi, mon mtre ?
AMPHYTRION
1535 Oui, coquin.M'oses-tu méconntre ? 6+6 41
MERCURE
Je n'en reconnais pointd'autre qu'Amphitryon. 6+6 42
AMPHYTRION
Et cet Amphitryon,qui, hors moi, le peut être ? 6+6 41
MERCURE
Amphitryon ?
AMPHYTRION
Sans doute.
MERCURE
Ah ! Quelle vision ! 6+6 42
Dis-nous un peu : quel estle cabaret honnête 6+6 27
1540   tu t'es coiffé le cerveau ? 8 32
AMPHYTRION
Comment ? Encor ?
MERCURE
Était-ceun vin à faire fête ? 6+6 27
AMPHYTRION
 Ciel !
MERCURE
 Était-il vieux, ou nouveau ? 8 32
AMPHYTRION
Que de coups !
MERCURE
Le nouveaudonne fort dans la tête, 6+6 27
 Quand on le veut boire sans eau. 8 32
AMPHYTRION
1545 Ah ! Je t'arracheraicette langue sans doute. 6+6 76
MERCURE
 Passe, mon cher ami, crois-moi : 8 12
 Que quelqu'un ici ne t'écoute. 8 76
Je respecte le vin :va-t'en, retire-toi, 6+6 12
Et laisse Amphitryondans les plaisirs qu'il gte. 6+6 76
AMPHYTRION
Comment Amphitryonest là dedans ?
MERCURE
1550 Fort bien : 6+6 67
Qui, couvert des lauriersd'une victoire pleine, 6+6 58
 Est auprès de la belle Alcmène, 8 58
À jouir des douceursd'un aimable entretien. 6+6 67
Après le démêléd'un amoureux caprice, 6+6 16
1555 Ils gtent le plaisirde s'être rajustés. 6+6 46
Garde-toi de troublerleurs douces privautés, 6+6 46
 Si tu ne veux qu'il ne punisse 8 16
 L'excès de tes témérités. 8 46
SCÈNE III
AMPHYTRION
Ah ! Quel étrange coupm'a-t-il porté dans l'âme ! 6+6 60
1560 En quel trouble crueljette-t-il mon esprit ! 6+6 19
Et si les choses sontcomme le trtre dit, 6+6 19
vois-je ici réduitsmon honneur et ma flamme ? 6+6 60
À quel parti me doitrésoudre ma raison ? 6+6 42
 Ai-je l'éclatou le secret à prendre ? 4+6 101
1565 Et dois-je, en mon courroux,renfermer ou répandre 6+6 101
 Le déshonneur de ma maison ? 8 42
Ah ! Faut-il consulterdans un affront si rude ? 6+6 51
Je n'ai rien à prétendreet rien à ménager ; 6+6 1
 Et toute mon inquiétude 8 51
1570  Ne doit aller qu'à me venger. 8 1
SCÈNE IV
SOSIE
Monsieur, avec mes soinstout ce que j'ai pu faire, 6+6 25
C'est de vous amenerces messieurs que voici. 6+6 26
AMPHYTRION
Ah ! Vous voilà ?
SOSIE
Monsieur.
AMPHYTRION
Insolent ! Téméraire ! 6+6 25
SOSIE
Quoi ?
AMPHYTRION
Je vous apprendraide me traiter ainsi. 6+6 26
SOSIE
Qu'est-ce donc ? Qu'avez-vous ?
AMPHITRYON, mettant l'épée à la main.
1575 Ce que j'ai, misérable ? 6+6 28
SOSIE
 Holà ! Messieurs, venez donc tôt. 8 70
NAUCRATES
Ah ! De grâce, arrêtez.
SOSIE
De quoi suis-je coupable ? 6+6 28
AMPHYTRION
 Tu me le demandes, maraud ? 8 69
Laissez-moi satisfaireun courroux légitime. 6+6 125
SOSIE
1580 Lorsque l'on pend quelqu'un,on lui dit pourquoi c'est. 6+6 31
NAUCRATES
Daignez-nous dire au moinsquel peut être son crime. 6+6 125
SOSIE
 Messieurs, tenez bon, s'il vous plt. 8 31
AMPHYTRION
 Comment ? Il vient d'avoir l'audace 8 38
 De me fermer ma porte au nez, 8 1
1585  Et de joindre encor la menace 8 38
 À mille propos effrénés ! 8 46
Ah, coquin !
SOSIE
Je suis mort.
NAUCRATES
Calmez cette colère. 6+6 25
SOSIE
 Messieurs.
POLIDAS
 Qu'est-ce ?
SOSIE
 M'a-t-il frappé ? 8 1
AMPHYTRION
 Non, il faut qu'il ait le salaire 8 25
1590 Des mots tout à l'heureil s'est émancipé. 6+6 1
SOSIE
 Comment cela se peut-il faire, 8 25
Si j'étais par votre ordreautre part occupé ? 6+6 1
Ces messieurs sont icipour rendre témoignage 6+6 6
Qu'à dîner avec vousje les viens d'inviter. 6+6 1
NAUCRATES
1595 Il est vrai qu'il nous vientde faire ce message, 6+6 6
 Et n'a point voulu nous quitter. 8 1
AMPHYTRION
 Qui t'a donné cet ordre ?
SOSIE
 Vous. 8 21
AMPHYTRION
 Et quand ?
SOSIE
 Après votre paix faite, 8 27
Au milieu des transportsd'une âme satisfaite 6+6 27
1600  D'avoir d'Alcmèneapaisé le courroux. 4+6 23
Sosie se relève.
AMPHYTRION
 Ô ciel ! Chaque instant, chaque pas 8 7
Ajoute quelque choseà mon cruel martyre ; 6+6 2
 Et dans ce fatal embarras, 8 7
 Je ne sais plusque croire, ni que dire. 4+6 2
NAUCRATES
1605 Tout ce que de chez vousil vient de nous conter 6+6 1
 Surpasse si fort la nature, 8 4
Qu'avant que de rien faireet de vous emporter, 6+6 1
Vous devez éclaircirtoute cette aventure. 6+6 4
AMPHYTRION
Allons : vous y pourrezseconder mon effort, 6+6 62
1610 Et le ciel à proposici vous a fait rendre. 6+6 101
Amphitryon frappe à la porte de sa maison
Voyons quelle fortuneen ce jour peut m'attendre : 6+6 101
Débrouillons ce mystère,et sachons notre sort. 6+6 62
 Hélas ! Je brûle de l'apprendre, 8 101
 Et je le crains plus que la mort. 8 62
SCÈNE V
JUPITER
1615  Quel bruit à descendre m'oblige ? 8 122
 Et qui frappe en mtre je suis ? 8 37
AMPHYTRION
Que vois-je ? Justes dieux !
NAUCRATES
Ciel ! Quel est ce prodige ? 6+6 122
Quoi ? Deux Amphitryonsici nous sont produits ! 6+6 37
AMPHYTRION
 Mon âme demeure transie ; 8 44
1620 Hélas ! Je n'en puis plus :l'aventure est à bout, 6+6 130
 Ma destinée est éclaircie, 8 44
 Et ce que je vois me dit tout. 8 130
NAUCRATES
Plus mes regards sur euxs'attachent fortement, 6+6 54
Plus je trouve qu'en toutl'un à l'autre est semblable. 6+6 28
SOSIE, passant du côté de Jupiter.
1625  Messieurs, voici le véritable ; 8 28
L'autre est un imposteurdigne de châtiment. 6+6 54
POLIDAS
 Certes, ce rapport admirable 8 28
 Suspend ici mon jugement. 8 54
AMPHYTRION
C'est trop être éludéspar un fourbe exécrable : 6+6 28
1630 Il faut, avec ce fer,rompre l'enchantement. 6+6 54
NAUCRATES
Arrêtez.
AMPHYTRION
Laissez-moi.
NAUCRATES
Dieux ! Que voulez-vous faire ? 6+6 25
AMPHYTRION
Punir d'un imposteurles lâches trahisons. 6+6 124
JUPITER
Tout beau ! L'emportementest fort peu nécessaire ; 6+6 25
Et lorsque de la sorteon se met en colère, 6+6 25
1635 On fait croire qu'on ade mauvaises raisons. 6+6 124
SOSIE
Oui, c'est un enchanteurqui porte un caractère 6+6 25
 Pour ressembleraux mtres des maisons. 4+6 124
AMPHYTRION
 Je te ferai, pour ton partage, 8 6
Sentir par mille coupsces propos outrageants. 6+6 40
SOSIE
1640  Mon mtre est homme de courage, 8 6
Et ne souffrira pointque l'on batte ses gens. 6+6 40
AMPHYTRION
Laissez-moi m'assouvirdans mon courroux extrême, 6+6 10
Et laver mon affrontau sang d'un scélérat. 6+6 100
NAUCRATES, arrêtant Amphitryon.
Nous ne souffrirons pointcet étrange combat 6+6 100
1645  D'Amphitryon contre lui-même. 8 10
AMPHYTRION
Quoi ? Mon honneur de vousreçoit ce traitement ? 6+6 54
Et mes amis d'un fourbeembrassent la défense ? 6+6 35
Loin d'être les premiersà prendre ma vengeance, 6+6 35
Eux-mêmes font obstacleà mon ressentiment ? 6+6 54
NAUCRATES
1650  Que voulez-vous qu'à cette vue 8 90
 Fassent nos résolutions, 8 124
 Lorsque par deux Amphitryons 8 124
Toute notre chaleurdemeure suspendue ? 6+6 90
À vous faire éclaternotre zèle aujourd'hui, 6+6 26
1655 Nous craignons de failliret de vous méconntre. 6+6 41
Nous voyons bien en vousAmphitryon partre, 6+6 41
Du salut des Thébainsle glorieux appui ; 6+6 26
Mais nous le voyons tousaussi partre en lui, 6+6 26
Et ne saurions jugerdans lequel il peut être. 6+6 41
1660  Notre parti n'est point douteux, 8 13
Et l'imposteur par nousdoit mordre la poussière ; 6+6 25
Mais ce parfait rapportle cache entre vous deux ; 6+6 13
 Et c'est un coup trop hasardeux 8 13
 Pour l'entreprendre sans lumière. 8 25
1665  Avec douceur laissez-nous voir 8 85
 De quel côtépeut être l'imposture ; 4+6 4
Et dès que nous auronsdémêlé l'aventure, 6+6 4
Il ne nous faudra pointdire notre devoir. 6+6 85
JUPITER
Oui, vous avez raison ;et cette ressemblance 6+6 35
1670 À douter de tous deuxvous peut autoriser. 6+6 1
Je ne m'offense pointde vous voir en balance : 6+6 35
Je suis plus raisonnable,et sais vous excuser. 6+6 1
L'œil ne peut entre nousfaire de différence, 6+6 35
Et je vois qu'aisémenton s'y peut abuser. 6+6 1
1675 Vous ne me voyez pointtémoigner de colère, 6+6 25
 Point mettre l'épée à la main : 8 67
C'est un mauvais moyend'éclaircir ce mystère, 6+6 25
Et j'en puis trouver unplus doux et plus certain. 6+6 67
 L'un de nous est Amphitryon ; 8 42
1680 Et tous deux à vos yeuxnous le pouvons partre. 6+6 41
C'est à moi de finircette confusion ; 6+6 42
Et je prétends me faireà tous si bien conntre, 6+6 41
Qu'aux pressantes clartésde ce que je puis être, 6+6 41
Lui-même soit d'accorddu sang qui m'a fait ntre, 6+6 41
1685 Il n'ait plus de rien direaucune occasion. 6+6 42
C'est aux yeux des Thébainsque je veux avec vous 6+6 21
De la vérité pureouvrir la connaissance ; 6+6 35
Et la chose sans douteest assez d'importance, 6+6 35
 Pour affecter la circonstance 8 35
1690  De l'éclaircir aux yeux de tous. 8 21
Alcmène attend de moice public témoignage : 6+6 6
Sa vertu, que l'éclatde ce désordre outrage, 6+6 6
Veut qu'on la justifie,et j'en vais prendre soin. 6+6 57
C'est à quoi mon amourenvers elle m'engage ; 6+6 6
1695 Et des plus nobles chefsje fais un assemblage 6+6 6
Pour l'éclaircissementdont sa gloire a besoin. 6+6 57
Attendant avec vousces témoins souhaités, 6+6 46
 Ayez, je vous prie, agréable 8 28
 De venir honorer la table 8 28
1700   vous a Sosie invités. 8 46
SOSIE
Je ne me trompais pas.Messieurs, ce mot termine 6+6 131
 Toute l'irrésolution : 8 42
 Le véritable Amphitryon 8 42
 Est l'Amphitryon l'on dîne. 8 131
AMPHYTRION
1705 Ô ciel ! Puis-je plus basme voir humilié ? 6+6 1
Quoi ? Faut-il que j'entendeici, pour mon martyre, 6+6 2
Tout ce que l'imposteurà mes yeux vient de dire, 6+6 2
Et que, dans la fureurque ce discours m'inspire, 6+6 2
 On me tienne le bras lié ? 8 1
NAUCRATES
1710 Vous vous plaignez à tort.Permettez-nous d'attendre 6+6 101
 L'éclaircissement qui doit rendre 8 101
 Les ressentiments de saison. 8 42
 Je ne sais pas s'il impose ; 7 33
 Mais il parle sur la chose 7 33
1715  Comme s'il avait raison. 7 42
AMPHYTRION
Allez, faibles amis,et flattez l'imposture : 6+6 4
Thèbes en a pour moide tout autres que vous ; 6+6 21
Et je vais en trouverqui, partageant l'injure, 6+6 4
Sauront prêter la mainà mon juste courroux. 6+6 23
JUPITER
1720 Hé bien ! Je les attends,et saurai décider 6+6 1
 Le différend en leur présence. 8 35
AMPHYTRION
Fourbe, tu crois par làpeut-être t'évader ; 6+6 1
Mais rien ne te sauraitsauver de ma vengeance. 6+6 35
JUPITER
 À ces injurieux propos 8 72
1725  Je ne daigne à présent répondre ; 8 113
 Et tantôt je saurai confondre 8 113
 Cette fureur, avec deux mots. 8 72
AMPHYTRION
Le ciel même, le cielne t'y saurait soustraire, 6+6 25
Et jusques aux enfersj'irai suivre tes pas. 6+6 7
JUPITER
1730  Il ne sera pas nécessaire, 8 25
Et l'on verra tantôtque je ne fuirai pas. 6+6 7
AMPHYTRION
Allons, courons, avantque d'avec eux il sorte, 6+6 75
Assembler des amisqui suivent mon courroux, 6+6 23
 Et chez moi venons à main forte, 8 75
1735  Pour le percer de mille coups. 8 21
JUPITER
 Point de façons, je vous conjure : 8 4
 Entrons vite dans la maison. 8 42
NAUCRATES
 Certes, toute cette aventure 8 4
 Confond le sens et la raison. 8 42
SOSIE
1740 Faites trêve, messieurs,à toutes vos surprises, 6+6 96
Et pleins de joie, alleztabler jusqu'à demain. 6+6 67
Que je vais m'en donner,et me mettre en beau train 6+6 67
 De raconter nos vaillantises ! 8 96
 Je brûle d'en venir aux prises, 8 96
1745  Et jamais je n'eus tant de faim. 8 67
SCÈNE VI
MERCURE
Arrête. Quoi ? Tu viensici mettre ton nez, 6+6 1
 Impudent fleureur de cuisine ? 8 131
SOSIE
Ah ! De grâce, tout doux !
MERCURE
Ah ! Vous y retournez ! 6+6 1
 Je vous ajusterai l'échine. 8 131
SOSIE
1750  Hélas ! Brave et généreux moi, 8 12
 Modère-toi, je t'en supplie. 8 44
 Sosie, épargne un peu Sosie, 8 44
Et ne te plais point tantà frapper dessus toi. 6+6 12
MERCURE
 Qui de t'appeler de ce nom 8 42
1755  A pu te donner la licence ? 8 35
Ne t'en ai-je pas faitune expresse défense, 6+6 35
Sous peine d'essuyermille coups de bâton ? 6+6 42
SOSIE
C'est un nom que tous deuxnous pouvons à la fois 6+6 84
 Posséder sous un même mtre. 8 41
1760 Pour Sosie en tous lieuxon sait me reconntre ; 6+6 41
 Je souffre bien que tu le sois : 8 84
 Souffre aussi que je le puisse être. 8 41
 Laissons aux deux Amphitryons 8 124
 Faire éclater des jalousies ; 8 132
1765  Et parmi leurs contentions, 8 124
Faisons en bonne paixvivre les deux Sosies. 6+6 132
MERCURE
Non : c'est assez d'un seul,et je suis obstiné 6+6 1
 À ne point souffrir de partage. 8 6
SOSIE
Du pas devant sur moitu prendras l'avantage ; 6+6 6
1770 Je serai le cadet,et tu seras l'né. 6+6 1
MERCURE
Non : un frère incommode,et n'est pas de mon gt, 6+6 130
 Et je veux être fils unique. 8 71
SOSIE
 Ô cœur barbare et tyrannique ! 8 71
Souffre qu'au moins je soiston ombre.
MERCURE
Point du tout. 6+6 130
SOSIE
1775 Que d'un peu de pitiéton âme s'humanise ; 6+6 16
En cette qualitésouffre-moi près de toi : 6+6 12
Je te serai partoutune ombre si soumise, 6+6 16
 Que tu seras content de moi. 8 12
MERCURE
 Point de quartier :immuable est la loi. 4+6 12
1780 Si d'entrer là dedanstu prends encor l'audace, 6+6 38
 Mille coups en seront le fruit. 8 19
SOSIE
 Las ! à quelle étrange disgrâce, 8 38
 Pauvre Sosie, es-tu réduit ! 8 19
MERCURE
 Quoi ? Ta bouche se licencie 8 44
1785 À te donner encoreun nom que je défends ? 6+6 40
SOSIE
 Non, ce n'est pas moi que j'entends, 8 40
 Et je parle d'un vieux Sosie 8 44
 Qui fut jadis de mes parents, 8 40
 Qu'avec très grande barbarie, 8 44
1790 À l'heure du dîner,l'on chassa de céans. 6+6 40
MERCURE
Prends garde de tomberdans cette frénésie, 6+6 44
Si tu veux demeurerau nombre des vivants. 6+6 40
SOSIE
Que je te rosserais,si j'avais du courage, 6+6 6
Double fils de putain,de trop d'orgueil enflé ! 6+6 1
MERCURE
Que dis-tu ?
SOSIE
Rien.
MERCURE
1795 Tu tiens,je crois, quelque langage. 6+6 6
SOSIE
 Demandez : je n'ai pas soufflé. 8 1
MERCURE
 Certain mot de fils de putain 8 67
 A pourtant frappé mon oreille, 8 68
 Il n'est rien de plus certain. 7 67
SOSIE
1800 C'est donc un perroquetque le beau temps réveille. 6+6 68
MERCURE
Adieu. Lorsque le dospourra te démanger, 6+6 1
 Voilà l'endroit je demeure. 8 83
SOSIE
 Ô ciel ! Que l'heure de manger 8 1
Pour être mis dehorsest une maudite heure ! 6+6 83
1805 Allons, cédons au sortdans notre affliction, 6+6 42
Suivons-en aujourd'huil'aveugle fantaisie ; 6+6 44
 Et par une juste union, 8 42
 Joignons le malheureux Sosie 8 44
 Au malheureux Amphitryon. 8 42
1810 Je l'apeois veniren bonne compagnie. 6+6 44
SCÈNE VII
AMPHYTRION
Arrêtez là, messieurs ;suivez-nous d'un peu loin, 6+6 57
 Et n'avancez tous, je vous prie, 8 44
 Que quand il en sera besoin. 8 57
POSICLES.
Je comprends que ce coupdoit fort toucher votre âme. 6+6 60
AMPHYTRION
1815 Ah ! De tous les côtésmortelle est ma douleur, 6+6 30
 Et je souffre pour ma flamme 7 60
 Autant que pour mon honneur. 7 30
POSICLES.
Si cette ressemblanceest telle que l'on dit, 6+6 19
 Alcmène, sans être coupable 8 28
AMPHYTRION
1820  Ah ! Sur le fait dont il s'agit, 8 19
L'erreur simple devientun crime véritable, 6+6 28
Et, sans consentement,l'innocence y périt. 6+6 19
De semblables erreurs,quelque jour qu'on leur donne, 6+6 14
 Touchent des endroits délicats, 8 7
1825  Et la raisonbien souvent les pardonne, 4+6 14
Que l'honneur et l'amourne les pardonnent pas. 6+6 7
ARGATIPHONTIDAS
Je n'embarrasse pointlà dedans ma pensée ; 6+6 52
Mais je hais vos messieursde leurs honteux délais ; 6+6 74
Et c'est un procédédont j'ai l'âme blessée, 6+6 52
1830 Et que les gens de cœurn'approuveront jamais. 6+6 74
Quand quelqu'un nous emploie,on doit, tête baissée, 6+6 52
 Se jeter dans ses intérêts. 8 74
Argatiphontidasne va point aux accords. 6+6 133
écouter d'un amiraisonner l'adversaire 6+6 25
1835 Pour des hommes d'honneurn'est point un coup à faire : 6+6 25
Il ne faut écouterque la vengeance alors. 6+6 133
 Le procès ne me saurait plaire ; 8 25
Et l'on doit commencertoujours, dans ses transports, 6+6 133
 Par bailler, sans autre mystère, 8 25
1840  De l'épée au travers du corps. 8 133
 Oui, vous verrez, quoi qu'il advienne, 8 58
Qu'Argatiphontidasmarche droit sur ce point ; 6+6 80
 Et de vous il faut que j'obtienne 8 58
 Que le pendard ne meure point 8 80
1845  D'une autre main que de la mienne. 8 58
AMPHYTRION
Allons.
SOSIE
Je viens, monsieur,subir, à vos genoux, 6+6 23
Le juste châtimentd'une audace maudite. 6+6 17
Frappez, battez, chargez,accablez-moi de coups, 6+6 21
 Tuez-moi dans votre courroux : 8 23
1850  Vous ferez bien, je le mérite, 8 17
Et je n'en dirai pasun seul mot contre vous. 6+6 21
AMPHYTRION
Lève-toi. Que fait-on ?
SOSIE
L'on m'a chassé tout net ; 6+6 31
Et croyant à mangerm'aller comme eux ébattre, 6+6 98
 Je ne songeais pas qu'en effet 8 31
1855  Je m'attendais là pour me battre. 8 98
Oui, l'autre moi, valetde l'autre vous, a fait 6+6 31
 Tout de nouveau le diable à quatre. 8 98
 La rigueur d'un pareil destin, 8 67
 Monsieur, aujourd'hui nous talonne ; 8 14
1860  Et l'on me des-Sosie enfin 8 67
 Comme on vous dés-Amphitryonne. 8 14
AMPHYTRION
Suis-moi.
SOSIE
N'est-il pas mieuxde voir s'il vient personne ? 6+6 14
SCÈNE VIII
CLEANTHIS
 Ô ciel !
AMPHYTRION
 Qui t'épouvante ainsi ? 8 26
 Quelle est la peur que je t'inspire ? 8 2
CLEANTHIS
1865 Las ! Vous êtes là-haut,et je vous vois ici ! 6+6 26
NAUCRATES
 Ne vous pressez point : le voici, 8 26
Pour donner devant tousles clartés qu'on désire, 6+6 2
Et qui, si l'on peut croireà ce qu'il vient de dire, 6+6 2
Sauront vous affranchirde trouble et de souci. 6+6 26
SCÈNE IX
MERCURE
1870 Oui, vous l'allez voir tous ;et sachez par avance 6+6 35
 Que c'est le grand mtre des dieux 8 13
Que, sous les traits chérisde cette ressemblance, 6+6 35
Alcmène a fait du cieldescendre dans ces lieux ; 6+6 13
 Et quant à moi, je suis Mercure, 8 4
1875 Qui, ne sachant que faire,ai rossé tant soit peu 6+6 134
 Celui dont j'ai pris la figure : 8 4
Mais de s'en consoleril a maintenant lieu ; 6+6 134
 Et les coups de bâton d'un dieu 8 134
 Font honneur à qui les endure. 8 4
SOSIE
1880 Ma foi ! Monsieur le dieu,je suis votre valet : 6+6 31
Je me serais passéde votre courtoisie. 6+6 44
MERCURE
Je lui donne à présentcongé d'être Sosie : 6+6 44
Je suis las de porterun visage si laid, 6+6 135
Et je m'en vais au ciel,avec de l'ambrosie, 6+6 44
1885  M'en débarbouiller tout à fait. 8 31
(Il vole dans le ciel.)
SOSIE
Le ciel de m'approchert'ôte à jamais l'envie ! 6+6 44
Ta fureur s'est par tropacharnée après moi ; 6+6 12
 Et je ne vis de ma vie 7 44
 Un dieu plus diable que toi. 7 12
SCÈNE X
JUPITER dans une nue.
1890 Regarde, Amphitryon,quel est ton imposteur, 6+6 30
Et sous tes propres traitsvois Jupiter partre : 6+6 41
À ces marques tu peuxaisément le conntre ; 6+6 41
Et c'est assez, je crois,pour remettre ton cœur 6+6 30
 Dans l'état auquel il doit être, 8 41
1895 Et rétablir chez toila paix et la douceur. 6+6 30
Mon nom, qu'incessammenttoute la terre adore, 6+6 104
étouffe ici les bruitsqui pouvaient éclater. 6+6 1
 Un partage avec Jupiter 8 3
 N'a rien du tout qui déshonore ; 8 104
1900 Et sans doute il ne peutêtre que glorieux 6+6 13
De se voir le rivaldu souverain des dieux. 6+6 13
Je n'y vois pour ta flammeaucun lieu de murmure ; 6+6 4
 Et c'est moi, dans cette aventure, 8 4
Qui, tout dieu que je suis,doit être le jaloux. 6+6 23
1905 Alcmène est toute à toi,quelque soin qu'on emploie ; 6+6 136
Et ce doit à tes feuxêtre un objet bien doux 6+6 23
De voir que pour lui plaireil n'est point d'autre voie 6+6 136
 Que de partre son époux, 8 23
Que Jupiter, ornéde sa gloire immortelle, 6+6 53
1910 Par lui-même n'a putriompher de sa foi, 6+6 12
 Et que ce qu'il a reçu d'elle 8 53
N'a par son cœur ardentété donné qu'à toi. 6+6 12
SOSIE
Le seigneur Jupitersait dorer la pilule. 6+6 91
JUPITER
Sors donc des noirs chagrinsque ton cœur a soufferts, 6+6 45
1915 Et rends le calme entierà l'ardeur qui te brûle : 6+6 91
Chez toi doit ntre un filsqui, sous le nom d'Hercule, 6+6 91
Remplira de ses faitstout le vaste univers. 6+6 45
L'éclat d'une fortuneen mille biens féconde 6+6 49
Fera conntre à tousque je suis ton support, 6+6 62
1920  Et je mettrai tout le monde 7 49
 Au point d'envier ton sort. 7 62
 Tu peux hardiment te flatter 8 1
 De ces espérances données ; 8 121
 C'est un crime que d'en douter : 8 1
1925  Les paroles de Jupiter 8 3
 Sont des arrêts des destinées. 8 121
(Il se perd dans les nues.)
NAUCRATES
Certes, je suis ravide ces marques brillantes… 6+6 86
SOSIE
Messieurs, voulez-vous biensuivre mon sentiment ? 6+6 54
 Ne vous embarquez nullement 8 54
1930  Dans ces douceurs congratulantes : 8 86
 C'est un mauvais embarquement, 8 54
Et d'une et d'autre part,pour un tel compliment, 6+6 54
 Les phrases sont embarrassantes. 8 86
Le grand dieu Jupiternous fait beaucoup d'honneur, 6+6 30
1935 Et sa bonté sans douteest pour nous sans seconde ; 6+6 49
 Il nous prometl'infaillible bonheur 4+6 30
 D'une fortuneen mille biens féconde, 4+6 49
Et chez nous il doit ntreun fils d'un très grand cœur : 6+6 30
 Tout cela va le mieux du monde ; 8 49
1940  Mais enfin coupons aux discours, 8 24
Et que chacun chez soidoucement se retire. 6+6 2
 Sur telles affaires, toujours 8 24
 Le meilleur est de ne rien dire. 8 2
mètre profils métriques : 7, 8, 6+6, 4+6
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