Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
MEN_2/MEN27
Catulle MENDÈS
Pagode
1866
Le Mystère du Lotus
Ta colère triomphe,ô Kâla ! nul refuge. 6+6 a
Bleue encor des poisonsde l’océan lacté, 6+6 b
Ta sombre gorge avaitamassé le déluge. 6+6 a
Telle qu’un grand ravinpar Marût habité, 6+6 b
5 Ta narine profondea soufflé la tourmente 6+6 c
Sur l’incendie issude ton œil irrité. 6+6 b
sont les vastes cieuxet la terre charmante ? 6+6 c
Hélas ! toute la vieet toute la beauté 6+6 a
Gisent sous l’onde morne le vent se lamente. 6+6 c
10 Les vastes cieux, Indra,que baignait la clarté 6+6 a
Des étoiles, ont fuidans la tempête noire 6+6 b
Comme un pavillon d’orpar la bise emporté. 6+6 a
Le Çwarga lumineuxaux escaliers d’ivoire 6+6 b
N’est plus. Les seuils de jaspeet les chars de cristal 6+6 c
15 Sont brisés. O vainqueur,qu’as-tu fait de ta gloire ! 6+6 b
Les Gandharwîs, orgueilcharmant du ciel natal, 6+6 c
Ont cessé d’agiterles nûpûras sonores 6+6 a
De leurs pieds que doraitla poudre de çantal. 6+6 c
Les Açwins éclatantscomme des météores 6+6 a
20 Ne courbent plus au jougde leur char constellé 6+6 b
Les Vaches aux poils rouxqui portaient les Aurores ; 6+6 a
Et la terre, Prisni,comme un bloc descellé, 6+6 b
Avec ses pics hautainset ses plaines fertiles, 6+6 c
On ne sait , dans l’ombre,éperdue, a roulé, 6+6 b
25 Tandis que, hérissantsa tête de reptile 6+6 c
Et le pied sur les flancsdes dragons, le Dieu noir 6+6 a
Brandissait le Çîras,destructeur des sept Iles ! 6+6 c
Maintenant l’arme augustea rempli son devoir. 6+6 a
Au sein de l’Être unique,étang de quiétude, 6+6 b
30 Brahmâ s’est endormi,voyant tomber le soir. 6+6 a
Répudiant l’orgueilet la sollicitude 6+6 b
De l’œuvre, il gte, aprèsmille âges évolus, 6+6 c
L’anéantissementdans la béatitude. 6+6 b
L’universelle merprécipite ses flux 6+6 c
35 Ténébreux à traversl’horreur universelle, 6+6 a
Cherchant la grève absenteet l’île qui n’est plus. 6+6 c
Chaque lame en bramantpresse un flot qui harcèle 6+6 a
Une vague tandisque la vague poursuit 6+6 b
Une autre lame en pleursqui vers un flot ruisselle ; 6+6 a
40 Et, sur la houle énormeau lamentable bruit, 6+6 b
Comme un vaste étendardque la tempête arbore, 6+6 c
Palpite l’épouvanteobscure de la nuit. 6+6 b
Oh ! que d’âges suivisde tant d’âges encore 6+6 c
Traverseront l’effroidu gouffre illimité, 6+6 a
45 Sans souvenir de jouret sans espoir d’aurore ! 6+6 c
Hors du nombre, des lieuxet de la qualité, 6+6 a
L’Être unique et totals’est abîmé soi-même 6+6 b
Dans l’informe infinide sa propre entité. 6+6 a
Tel se concentre et gîtparmi la cendre blême 6+6 b
50 Le Feu rassasiédes mystiques repas, 6+6 c
Tel se recueille, oisif,le Principe suprême. 6+6 b
Sous la forme du Temps,il est ce qui n’est pas. 6+6 c
Sa présence a son lieudans toutes les absences 6+6 a
Et son réveil latentdort dans tous les trépas. 6+6 c
55 L’angoisse des espoirset des réminiscences 6+6 a
Meurt au fond du Tîrthasans rivage et stagnant 6+6 b
Fait du fleuve domptédes tristes renaissances ; 6+6 a
Et chaque âge divinse déroule, enchnant 6+6 b
A d’innombrables nuitssa nuit démesurée, 6+6 c
60 Sans vaincre ce reposimmense et permanent. 6+6 b
Mais enfin, du constanteffort de la durée, 6+6 c
L’Amour est né. Bientôt,mystérieux ferment, 6+6 a
Sourdra la Force au seinde l’être demeurée. 6+6 c
Par le Temps qui s’amasseaccrue infiniment, 6+6 a
65 La Passion pénètreen tout ce qui repose, 6+6 b
Avec un convulsifet chaud frémissement. 6+6 a
Tel se renforce Agnidu çoma qui l’arrose, 6+6 b
Tel s’enfle, imbu d’amour,le germe originel ; 6+6 c
Le désir de l’effets’empare de la cause. 6+6 b
70 Sous des voiles chargésd’influx passionnel 6+6 c
Et pareils à la brume l’aurore va ntre, 6+6 a
Flotte un contour étrangeet vaguement charnel. 6+6 c
Palpitante, Mâyâs’efforce d’appartre ; 6+6 a
Le vide, d’une transeineffable agité, 6+6 b
75 Voit s’accomplir l’hymende la Forme avec l’Être ; 6+6 a
Et dans son adorableextériorité, 6+6 b
Parmi l’effarementdes ombres, sur la face 6+6 c
De l’abîme sans bord,l’Esprit-Monde est porté ! 6+6 b
O Pûrûçha ! la houleincessante déplace 6+6 c
80 Et ramène ton litsouple, formé des nœuds 6+6 a
Que le Roi des serpentsenlace et désenlace ! 6+6 c
Clairs et resplendissantsde métaux lumineux, 6+6 a
Les mille chefs du grandÇécha, comme une ombrelle, 6+6 b
S’abaissent vers ton frontqui se reflète en eux ! 6+6 a
85 Tu médites, auguste,à travers la querelle 6+6 b
Des noirs remous ! portantles œuvres dans ton flanc, 6+6 c
Tu sens frémir au lointa forme corporelle ! 6+6 b
Et de ton pur nombril,mystérieux étang, 6+6 c
Le grand Lotus, berceaudes trois Mondes, s’élève, 6+6 a
90 Doux comme le soleildes jours d’automne, et blanc ! 6+6 c
Il éclaire, il féconde,ayant l’amour pour sève ; 6+6 a
Il verse la candeuret la limpidité 6+6 b
De l’aube dans l’effroide la nuit qui s’achève ; 6+6 a
Et de sa léthargieenfin ressuscité, 6+6 b
95 Brahmâ, pistil géantde ce calice énorme, 6+6 c
Détend ses membres faitsde force et de bonté, 6+6 b
D’ se déroulerontl’Étendue et la Forme ! 6+6 c
mètre profil métrique : 6+6
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