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MAC_1/MAC2
Maurice MAC-NAB
Poèmes Mobiles
1886
POÈMES MOBILES
PLUS DE CORS !
A Charles de Sivry.
O désespoir, ô désespoir 8
Zoé (c'est ma femme), étendue 8
Sur un sofa, jambe tendue, 8
Tristement gémissait un soir ! 8
5 N'était-ce pas une migraine 8
Ou quelque névrose inhumaine ? 8
Hélas ! c'était bien pis encor. 8
Pis que la mort, je vous assure : 8
La pauvre enfant souffrait d'un cor, 8
10 Ayant mis étroite chaussure. 8
Ce n'était pas un cor banal, 8
De ces cors qui ne font la guerre 8
Qu'aux extrémités du vulgaire : 8
C'était un cor phé-no-mé-nal ! 8
15 Or chacun sait où les victimes 8
D'un cor intempestif et dur 8
Trouvent un remède très sûr 8
Pour quatre-vingt-quinze centimes. 8
Comme un fou je prends mon chapeau, 8
20 Mon lorgnon, ma canne et ma bourse, 8
Et je m'en vais, au pas de course, 8
Chez le célèbre Galopeau. 8
« Monsieur, me dit ce pédicure 8
(Lequel habite un entresol 8
25 Au boulevard Sébastopol), 8
Avant de tenter cette cure, 8
Je crois qu'il est superflu d'ex- 8
(La formule est dans le Codex) 8
Pliquer avec quoi je compose 8
30 Mon onguent odorant et rose. 8
Grâce à son efficacité, 8
Il est dans l'univers cité ! » 8
Après avoir dit cette phrase, 8
Très simplement et sans emphase, 8
35 Il me remit un petit pot 8
Plein de pommade Galopeau. 8
Or la malade avec adresse 8
Oignit de l'onguent sans pareil 8
L'extrémité de son orteil. 8
40 Voilà soudain qu'elle se dresse, 8
Elle marche, court, galope… oh ! 8
Cette pommade Galopeau !… 8
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
Voilà bientôt une semaine 8
(O merveilleuse guérison !) 8
45 Que mon épouse se promène 8
Sans revenir à la maison. 8
Moi qui sais que la terre est ronde, 8
J'attends en paix la vagabonde, 8
En contemplant le petit pot 8
50 Plein de pommade Galopeau ! 8
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