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LOR_1/LOR56
Jean LORRAIN
LE SANG DES DIEUX
1882
III
LE SANG DES DIEUX
LA PRINCESSE AUDOVÈRE
A THÉODORE DE BANVILLE
DANS le calme des bois, auprès du cloître austère, 6+6 a
Où dorment des rois francs les tombeaux vénérés, 6+6 b
Voici venir, pensive et les cheveux dorés, 6+6 b
La princesse Audovère. 6 a
5 Plus blanche qu'une perle, au fond des bois sacrés, 6+6 a
Elle passe à pas lents ; sa lèvre un peu sévère 6+6 b
Garde le fier secret des rêves ignorés, 6+6 a
Audovère est sans mère. 6 b
Blanche dans les plis blancs de sa robe de laine 6+6 a
10 Dont l'ourlet est brodé de larges trèfles d'ors, 6+6 b
Audovère sourit dans l'ombre des grands chênes ; 6+6 a
Et les vieux arbres morts. 6 b
Dont les rameaux séchés trempent dans les fontaines, 6+6 a
Reverdissent dans l'herbe et les menthes du bord, 6+6 b
15 Quand vient à les frôler dans sa blancheur hautaine 6+6 a
L'ample robe de laine, 6 a
Dont l'ourlet est brodé de larges trèfles d'or. 6+6 b
Au fond du cloître obscur, dans le bois séculaire, 6+6 a
Calme et le cœur empli d'un retour annoncé, 6+6 b
20 Elle attend, comme une autre attend un fiancé, 6+6 b
Un roi sexagénaire. 6 a
Entre les hauts talus fleuris de primevère 6+6 a
Elle va, souriante et les yeux enivrés, 6+6 b
Rêvant de la bataille et des rois massacrés. 6+6 b
25 Dont triomphe son père. 6 a
Elle cueille en passant les rouges digitales 6+6 a
De pourpre et les lys blancs, dont le pistil est d'ors ! 6+6 b
Un sourire cruel ouvre ses lèvres pâles. 6+6 a
Elle songe aux rois morts : 6 b
30 « L'éclat neigeux des lys est moins blanc que leur corps, 6+6 a
« Leur sang est plus vermeil que vos rouges pétales, 6+6 b
« Fleurs de pourpre, » dit-elle, et ses lèvres royales 6+6 b
Baisent les digitales, 6 b
Tandis que ses doigts blancs effeuillent les lys d'ors. 6+6 a
35 Car les champs de bataille et les rouges clairières, 6+6 a
Où râlent, soulevés sur deux poings empourprés, 6+6 b
Les princes expirant sous leurs chevaux cabrés, 6+6 b
Plaisent aux vierges fières. 6 a
Les vierges pour le sang n'ont pas l'horreur des mères 6+6 a
40 Frissonnantes toujours pour un fils adoré ; 6+6 b
Leur cœur n'a pas souffert, leurs yeux n'ont pas pleuré 6+6 b
Aux vierges solitaires. 6 a
Blanche dans les plis blancs de sa robe de laine, 6+6 a
Dont l'ourlet est brodé de larges trèfles d'ors, 6+6 b
45 Audovère sourit dans l'ombre des grands chênes ; 6+6 a
Et les beaux princes morts, 6 b
Dont les fauves cheveux trempent dans les fontaines, 6+6 a
Saignent dans la grande herbe et les menthes du bord, 6+6 b
Quand passe au fond des bois dans sa robe qui traîne 6+6 a
50 La blonde et jeune reine, 6 a
Dont l'ourlet est brodé de larges trèfles d'or. 6+6 b
Dans le calme des bois, au fond du cloître austère, 6+6 a
Où dorment des rois francs les tombeaux vénérés, 6+6 b
Elle dort, elle aussi, dans ces cheveux dorés 6+6 b
55 La princesse Audovère. 6 a
Plus blanche qu'une perle, au fond du bois sacré, 6+6 a
Elle dort à jamais ; sa lèvre un peu sévère 6+6 b
A gardé le secret de son rêve ignoré, 6+6 a
Cruel et solitaire. 6 b
mètre profils métriques : 6, 6+6
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