Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
LEC_3/LEC141
Charles-Marie LECONTE DE LISLE
POÈMES ANTIQUES
1852
Chant alterné
I
Déesse athénienne | aux tissus diaphanes, 6+6 a
Ton peuple, ô blanche Hellas, | me créa de ses mains. 6+6 b
J'ai convié les dieux | à mes baisers profanes ; 6+6 a
D'un immortel amour | j'ai brûlé les humains. 6+6 b
II
5 Dans ma robe aux longs plis, | humble vierge voilée, 6+6 a
Les bras en croix, je viens | du mystique Orient. 6+6 b
J'ai fleuri sur ton sable, | ô lac de Galilée ! 6+6 a
Sous les larmes d'un dieu | je suis née en priant. 6+6 b
I
Sur mon front plein d'ivresse | éclate un divin rire, 6+6 a
10 Un trouble rayonnant | s'épanche de mes yeux ; 6+6 b
Ton miel, ô volupté, | sur mes lèvres respire, 6+6 a
Et ta flamme a doré | mon corps harmonieux. 6+6 b
II
La tristesse pieuse | où s'écoule ma vie 6+6 a
Est comme une ombre douce | aux cœurs déjà blessés ; 6+6 b
15 Quand vers l'époux divin | vole l'âme ravie, 6+6 a
J'allège pour le ciel | le poids des jours passés. 6+6 b
I
Jamais le papyrus | n'a noué ma tunique : 6+6 a
Mon sein libre jaillit, | blanc trésor de Paros ! 6+6 b
Et je chante Cypris | sur le mode ionique, 6+6 a
20 Foulant d'un pied d'ivoire | hyacinthe et lotos. 6+6 b
II
Heureux qui se réchauffe | à mon pieux délire, 6+6 a
Heureux qui s'agenouille | à mon autel sacré ! 6+6 b
Les cieux sont comme un livre | où tout homme peut lire, 6+6 a
Pourvu qu'il ait aimé, | pourvu qu'il ait pleuré. 6+6 b
I
25 Éros aux traits aigus, | d'une atteinte assurée 6+6 a
Dès le berceau récent | m'a blessée en ses jeux ; 6+6 b
Et depuis, le désir, | cette flèche dorée, 6+6 a
Étincelle et frémit | dans mon cœur orageux. 6+6 b
II
Les roses de Sâron, | le muguet des collines 6+6 a
30 N'ont jamais de mon front | couronné la pâleur ; 6+6 b
Mais j'ai la tige d'or | et les odeurs divines 6+6 a
Et le mystique éclat | de l'éternelle fleur. 6+6 b
I
Plus belle qu'Artémis | aux forêts d'Ortygie, 6+6 a
Rejetant le cothurne | en dansant dénoué, 6+6 b
35 Sur les monts florissants | de la sainte Phrygie 6+6 a
J'ai bu les vins sacrés | en chantant évohé ! 6+6 b
II
Un esprit lumineux | m'a saluée en reine ; 6+6 a
Pâle comme le lis | à l'abri du soleil, 6+6 b
Je parfume les cœurs, | et la vierge sereine 6+6 a
40 Se voile de mon ombre | à l'heure du sommeil. 6+6 b
I
Dans l'Attique sacrée | aux sonores rivages, 6+6 a
Aux bords ioniens | où rit la volupté, 6+6 b
J'ai vu s'épanouir | sur mes traces volages 6+6 a
Ta fleur étincelante | et féconde, ô beauté ! 6+6 b
II
45 Les sages hésitaient, | l'âme fermait son aile ; 6+6 a
L'homme disait au ciel | un triste et morne adieu : 6+6 b
J'ai fait germer en lui | l'espérance éternelle, 6+6 a
Et j'ai guidé la terre | au-devant de son dieu. 6+6 b
I
Ô coupe aux flots de miel | où s'abreuvait la terre, 6+6 a
50 Volupté ! Monde heureux | plein de chants immortels ! 6+6 b
Ta fille bien aimée, | errante et solitaire, 6+6 a
Voit l'herbe de l'oubli | croître sur ses autels ! 6+6 b
II
Amour, amour sans tache, | impérissable flamme ! 6+6 a
L'homme a fermé son cœur, | le monde est orphelin. 6+6 b
55 Ne renaîtras-tu plus | dans la nuit de son âme, 6+6 a
Aurore du seul jour | qui n'ait pas de déclin ? 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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