Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_8/HUG61
Victor HUGO
Odes et Ballades
1826
ODES
LIVRE QUATRIÈME
1819-1827
ODE DIX-SEPTIÈME
À MON AMI S.-B.
Perseverando.
DEVISE DES DUCIE.
L'aigle, c'est le génie ! | oiseau de la tempête, 6+6 a
Qui des monts les plus hauts | cherche le plus haut faîte ; 6+6 a
Dont le cri fier, du jour | chante l'ardent réveil ; 6+6 b
Qui ne souille jamais | sa serre dans la fange, 6+6 c
5 Et dont l'œil flamboyant | incessamment échange 6+6 c
Des éclairs avec le soleil. 8 b
Son nid n'est pas un nid | de mousse ; c'est une aire, 6+6 a
Quelque rocher, creusé | par un coup de tonnerre, 6+6 a
Quelque brèche d'un pic, | épouvantable aux yeux, 6+6 b
10 Quelque croulant asile, | aux flancs des monts sublimes, 6+6 c
Qu'on voit, battu des vents, | pendre entre deux abîmes, 6+6 c
Le noir précipice et les cieux ! 8 b
Ce n'est pas l'humble ver, | les abeilles dorées, 6+6 a
La verte demoiselle | aux ailes bigarrées 6+6 a
15 Qu'attendent ses petits, | béants, de faim pressés ; 6+6 b
Non ! c'est l'oiseau douteux, | qui dans la nuit végète ; 6+6 c
C'est l'immonde lézard, | c'est le serpent qu'il jette, 6+6 c
Hideux, aux aiglons hérissés. 8 b
Nid Royal ! palais sombre, | et que d'un flot de neige 6+6 a
20 La roulante avalanche | en bondissant assiège ! 6+6 a
Le génie y nourrit | ses fils avec amour, 6+6 b
Et, tournant au soleil | leurs yeux remplis de flammes, 6+6 c
Sous son aile de feu | couve de jeunes âmes, 6+6 c
Qui prendront des ailes un jour ! 8 b
25 Pourquoi donc t'étonner, | Ami, si sur ta tête, 6+6 a
Lourd de foudres, déjà | le nuage s'arrête ? 6+6 a
Si quelque impur reptile | en ton nid se débat ? 6+6 b
Ce sont tes premiers jeux, | c'est ta première fête : 6+6 a
Pour vous autres aiglons, | chaque heure a sa tempête, 6+6 a
30 Chaque festin est un combat. 8 b
Rayonne, il en est temps ! | et, s'il vient un orage, 6+6 a
En prisme éblouissant | change le noir nuage. 6+6 a
Que ta haute pensée | accomplisse sa loi. 6+6 b
Viens, joins ta main de frère | à ma main fraternelle. 6+6 c
35 Poète, prends ta lyre ; | aigle, ouvre ta jeune aile ; 6+6 c
Étoile, étoile, lève-toi ! 8 b
La brume de ton aube, | Ami, va se dissoudre. 6+6 a
Fais-toi connaître, aiglon, | du soleil, de la foudre. 6+6 a
Viens arracher un nom | par tes chants inspirés ; 6+6 b
40 Viens ; cette gloire, en butte | à tant de traits vulgaires, 6+6 c
Ressemble aux fiers drapeaux | qu'on rapporte des guerres, 6+6 c
Plus beaux quand ils sont déchirés ! 8 b
Vois l'astre chevelu | qui, royal météore, 6+6 a
Roule, en se grossissant | des mondes qu'il dévore ; 6+6 a
45 Tel, ô jeune géant, | qui t'accrois tous les jours, 6+6 b
Tel ton génie ardent, | loin des routes tracées, 6+6 c
Entraînant dans son cours | des mondes de pensées, 6+6 c
Toujours marche et grandit toujours ! 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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