MÉTRIQUE EN LIGNE

a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre

HUG_8/HUG38

Victor HUGO

Odes et Ballades

1826

ODES

LIVRE TROISIÈME

1824-1828

ODE DEUXIÈME

À M. DE CHATEAUBRIAND

On ne tourmente pas les arbres stériles et desséchés ;
ceux-là seulement sont battus de pierres dont le front
est couronné de fruits d'or.

ABENHAMED.

	Il est, Chateaubri and,│de glori eux navires	6+6	a
	Qui veulent l'ouragan│plutôt que les zéphires.	6+6	a
	Il est des astres, rois│des cieux étincelants,	6+6	b
	Mondes volcans jetés│parmi les autres mondes,	6+6	c
5	Qui volent dans les nuits profondes,	8	c
	Le front paré des feux│qui dévorent leurs flancs.	6+6	b

	Le géni e a partout│des symboles sublimes.	6+6	a
	Ses plus chers favoris│sont toujours des victimes,	6+6	a
	Et doivent aux revers│l'éclat que nous aimons ;	6+6	b
10	Une vi e éminente│est sujette aux orages ;	6+6	c
	La foudre a des éclats,│le ciel a des nu ages	6+6	c
	Qui ne s'arrêtent qu'aux grands monts !	8	b

	Oui, tout grand cœur a droit│aux grandes infortunes ;	6+6	a
	Aux âmes que le sort│sauve des lois communes	6+6	a
15	C'est un tribut d'honneur│par la terre payé.	6+6	b
	Le grand homme en souffrant│s'élève au rang des justes.	6+6	c
	La gloire en ses trésors augustes	8	c
	N'a rien qui soit plus beau│qu'un laurier foudroyé !	6+6	b

	Aussi, dans une cour,│dis-moi, qu'allais-tu faire ?	6+6	a
20	N'es-tu pas, noble enfant│d'une orageuse sphère,	6+6	a
	Que nul malheur n'étonne│et ne trouve en défaut,	6+6	b
	De ces amis des rois,│rares dans les tempêtes,	6+6	c
	Qui, ne sachant flatter│qu'au péril de leurs têtes,	6+6	c
	Les courtisent sur l'échafaud ?	8	b

25	Ce n'est pas lorsqu'un trône│a retrouvé le faîte,	6+6	a
	Ce n'est pas dans les temps│de puissance et de fête,	6+6	a
	Que la faveur des cours│sur de tels fronts descend.	6+6	b
	Il faut l'onde en courroux,│l'écueil et la nuit sombre	6+6	c
	Pour que le pilote qui sombre	8	c
30	Jette au phare sauveur│un œil reconnaissant.	6+6	b

	Va, c'est en vain déjà│qu'aux cours de la conquête	6+6	a
	Une main de gé ant│a pesé sur ta tête ;	6+6	a
	Et, chaque fois qu'au gouffre│entraîné e à grands pas,	6+6	b
	La tremblante patri e│errait au gré du crime,	6+6	c
35	Elle eut pour s'appuyer│au penchant de l'abîme	6+6	c
	Ton front qui ne se courbe pas !	8	b

III

	À ton tour soutenu│par la France unanime,	6+6	a
	Laisse donc s'accomplir│ton destin magnanime !	6+6	a
	Chacun de tes revers│pour ta gloire est compté.	6+6	b
40	Quand le sort t'a frappé,│tu lui dois rendre grâce,	6+6	c
	Toi qu'on voit à chaque disgrâce	8	c
	Tomber plus haut encor│que tu n'étais monté !	6+6	b

Juin 1824.

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