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| = césure
HUG_8/HUG21
Victor HUGO
Odes et Ballades
1826
ODES
LIVRE PREMIER
1818-1822
ODE SIXIÈME
LE RÉTABLISSEMENT DE LA STATUE DE HENRI IV
Accingunt omnes operi, pedibusque rotarum
Subjiciunt lapsus, et stupea vincula collo
Intendunt… Pueri circum innuptæque puellæ
Sacra canunt, funemque manu contingere gaudent !
VIRGILE.
I
Je voyais s'élever, | dans le lointain des âges, 6+6 a
Ces monuments, espoir | de cent rois glorieux ; 6+6 b
Puis je voyais crouler | les fragiles images 6+6 a
De ces fragiles demi-dieux. 8 b
5 Alexandre, un pêcheur | des rives du Pirée 6+6 c
Foule ta statue ignorée, 8 c
Sur le pavé du Parthénon ; 8 d
Et les premiers rayons | de la naissante aurore 6+6 e
En vain dans le désert | interrogent encore 6+6 e
10 Les muets débris de Memnon. 8 d
Ont-ils donc prétendu, | dans leur esprit superbe, 6+6 a
Qu'un bronze inanimé | dût les rendre immortels ? 6+6 b
Demain le temps peut-être | aura caché sous l'herbe 6+6 a
Leurs imaginaires autels. 8 b
15 Le proscrit à son tour | peut remplacer l'idole ; 6+6 c
Des piédestaux du Capitole 8 c
Sylla détrône Marius. 8 d
Aux outrages du sort | insensé qui s'oppose ! 6+6 e
Le sage, de l'affront | dont frémit Théodose, 6+6 e
20 Sourit avec Démétrius. 8 d
D'un héros toutefois | l'image auguste et chère 6+6 a
Hérite du respect | qui payait ses vertus ; 6+6 b
Trajan domine encor | les champs que de Tibère 6+6 a
Couvrent les temples abattus. 8 b
25 Souvent, lorsqu'en l'horreur | des discordes civiles, 6+6 c
La terreur planait sur les villes, 8 c
Aux cris des peuples révoltés, 8 d
Un héros, respirant | dans le marbre immobile, 6+6 e
Arrêtait tout à coup | par son regard tranquille 6+6 e
30 Les factieux épouvantés ! 8 d
II
Eh quoi ! sont-ils donc loin, | ces jours de notre histoire 6+6 a
Où Paris sur son prince | osa lever son bras ? 6+6 b
Où l'aspect de Henri, | ses vertus, sa mémoire, 6+6 a
N'ont pu désarmer des ingrats ? 8 b
35 Que dis-je ? ils ont détruit | sa statue adorée. 6+6 c
Hélas ! cette horde égarée 8 c
Mutilait l'airain renversé ; 8 d
Et cependant, des morts | souillant le saint asile, 6+6 e
Leur sacrilège main | demandait à l'argile 6+6 e
40 L'empreinte de son front glacé. 8 d
Voulaient-ils donc jouir | d'un portrait plus fidèle 6+6 a
Du héros dont leur haine | a payé les bienfaits ? 6+6 b
Voulaient-ils, réprouvant | leur fureur criminelle, 6+6 a
Le rendre à nos yeux satisfaits ? 8 b
45 Non ; mais c'était trop peu | de briser son image ; 6+6 c
Ils venaient encor, dans leur rage, 8 c
Briser son cercueil outragé ; 8 d
Tel, troublant le désert | d'un rugissement sombre, 6+6 e
Le tigre, en se jouant, | cherche à dévorer l'ombre 6+6 e
50 Du cadavre qu'il a rongé. 8 d
Assis près de la Seine, | en mes douleurs amères, 6+6 a
Je me disais : « La Seine | arrose encore Ivry, 6+6 b
Et les flots sont passés | où, du temps de nos pères, 6+6 a
Se peignaient les traits de Henri. 8 b
55 Nous ne verrons jamais | l'image vénérée 6+6 c
D'un roi qu'à la France éplorée 8 c
Enleva sitôt le trépas ; 8 d
Sans saluer Henri | nous irons aux batailles, 6+6 e
Et l'étranger viendra | chercher dans nos murailles 6+6 e
60 Un héros qu'il n'y verra pas ! » 8 d
III
Où courez-vous ? — Quel bruit | naît, s'élève et s'avance ? 6+6 a
Qui porte ces drapeaux, | signe heureux de nos rois ? 6+6 b
Dieu ! quelle masse au loin | semble, en sa marche immense, 6+6 a
Broyer la terre sous son poids ? 8 b
65 Répondez… Ciel ! c'est lui ! | je vois sa noble tête… 6+6 c
Le peuple, fier de sa conquête, 8 c
Répète en chœur son nom chéri. 8 d
Ô ma lyre ! tais-toi | dans la publique ivresse ; 6+6 e
Que seraient tes concerts | près des chants d'allégresse 6+6 e
70 De la France aux pieds de Henri ? 8 d
Par mille bras traîné, | le lourd colosse roule. 6+6 a
Ah ! volons, joignons-nous | à ces efforts pieux. 6+6 b
Qu'importe si mon bras | est perdu dans la foule ! 6+6 a
Henri me voit du haut des cieux. 8 b
75 Tout un peuple a voué | ce bronze à ta mémoire, 6+6 c
Ô chevalier, rival en gloire 8 c
Des Bayard et des Duguesclin ! 8 d
De l'amour des français | reçois la noble preuve, 6+6 e
Nous devons ta statue | au denier de la veuve, 6+6 e
80 À l'obole de l'orphelin. 8 d
N'en doutez pas, l'aspect | de cette image auguste 6+6 a
Rendra nos maux moins grands ; | notre bonheur plus doux ; 6+6 b
Ô Français ! louez Dieu, | vous voyez un roi juste, 6+6 a
Un Français de plus parmi vous. 8 b
85 Désormais, dans ses yeux, | en volant à la gloire, 6+6 c
Nous viendrons puiser la victoire ; 8 c
Henri recevra notre foi ; 8 d
Et quand on parlera | de ses vertus si chères, 6+6 e
Nos enfants n'iront pas | demander à nos pères 6+6 e
90 Comment souriait le bon Roi ! 8 d
IV
Jeunes amis, dansez | autour de cette enceinte ; 6+6 a
Mêlez vos pas joyeux, | mêlez vos heureux chants. 6+6 b
Henri, car sa bonté | dans ses traits est empreinte, 6+6 a
Bénira vos transports touchants. 8 b
95 Près des vains monuments | que des tyrans s'élèvent, 6+6 c
Qu'après de longs siècles achèvent 8 c
Les travaux d'un peuple opprimé, 8 d
Qu'il est beau, cet airain | où d'un roi tutélaire 6+6 e
La France aime à revoir | le geste populaire 6+6 e
100 Et le regard accoutumé ! 8 d
Que le fier conquérant | de la Perse avilie, 6+6 a
Las de léguer ses traits | à de frêles métaux, 6+6 b
Menace, dans l'accès | de sa vaste folie, 6+6 a
D'imposer sa forme à l'Athos ; 8 b
105 Qu'un Pharaon cruel, | superbe en sa démence, 6+6 c
Couvre d'un obélisque immense 8 c
Le grand néant de son cercueil ; 8 d
Son nom meurt, et bientôt | l'ombre des Pyramides 6+6 e
Pour l'étranger, perdu | dans ces plaines arides, 6+6 e
110 Est le seul bienfait de l'orgueil ! 8 d
Un jour (mais repoussons | tout présage funeste !) 6+6 a
Si des ans ou du sort | les coups encor vainqueurs 6+6 b
Brisaient de notre amour | le monument modeste, 6+6 a
Henri, tu vivrais dans nos cœurs ; 8 b
115 Cependant que du Nil | les montagnes altières, 6+6 c
Cachant cent royales poussières, 8 c
Du monde inutile fardeau, 8 d
Du temps et de la mort | attestent le passage, 6+6 e
Et ne sont déjà plus, | à l'œil ému du sage, 6+6 e
120 Que la ruine d'un tombeau. 8 d
mètre profils métriques : 8, 6+6
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