Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_5/HUG881
Victor HUGO
LA LÉGENDE DES SIÈCLES
DERNIÈRE SÉRIE
1883
XIII
L'AMOUR
L'Amour
Quoi ! le libérateur | qui par degrés desserre 6+6 a
La double chaîne noire, | ignorance et misère, 6+6 a
Le balayeur qui jette | au vent le préjugé, 6+6 b
Quoi ! l'immense marcheur, | jamais découragé, 6+6 b
5 Le Progrès, qui de flamme | éblouit le vulgaire, 6+6 a
Détrône l'échafaud | et muselle la guerre, 6+6 a
Qui fait avec les mœurs | des ratures aux lois, 6+6 b
Change en romain l'étrusque, | en français le gaulois, 6+6 b
Crée et brise, sans cesse | use l'un contre l'autre 6+6 a
10 Les mensonges, et va, | rapide et ferme apôtre, 6+6 a
Lui, dont la chaude haleine | émeut l'homme troublé, 6+6 b
Quoi ! lui, le destructeur | flamboyant, étoilé, 6+6 b
De l'antique caverne | et de l'antique geôle, 6+6 a
Il n'a pu fondre encor | la glace que d'un pôle ! 6+6 a
15 Quoi ! celles qui de l'âme | élèvent le niveau 6+6 b
Et qui n'ont qu'à passer | pour faire un ciel nouveau, 6+6 b
Quoi ! du pur idéal | ces comètes errantes, 6+6 a
Ces guerrières du bien, | ces vastes conquérantes, 6+6 a
Les révolutions, | archanges de clarté, 6+6 b
20 N'ont mis que la moitié | de l'homme en liberté ! 6+6 b
L'autre est encore aux fers, | et c'est la plus divine. 6+6 a
Doux oiseaux qui chantez | là-bas dans la ravine, 6+6 a
Quand donc lèvera-t-on | l'écrou du triste amour ? 6+6 b
O rossignol de l'ombre, | alouette du jour, 6+6 b
25 Vous, gais pillards des blés, | des seigles et des orges, 6+6 a
Moineaux, vous, amoureux | de l'azur, rouges-gorges, 6+6 a
Fauvettes qui planez | de l'aube jusqu'au soir, 6+6 b
C'est pour vous, n'est-ce pas ? | une douleur de voir 6+6 b
Que la porte de l'air | s'est brusquement fermée 6+6 a
30 Au moment où les cœurs | à travers la ramée 6+6 a
S'envolaient, tendre essaim | vers le ciel bleu poussé, 6+6 b
Et que la vieille cage | horrible du passé, 6+6 b
Où toujours notre effort | retombe et nous ramène, 6+6 a
Tient par une aile encor | cette pauvre âme humaine ! 6+6 a
35 O libres oiseaux, fiers, | charmants, purs, sans ennuis, 6+6 b
Vous dites à l'aurore, | aux fleurs, à l'astre, aux nuits : 6+6 b
— Est-ce qu'on ne peut pas | aimer quand on est homme ? 6+6 a
Et l'aube où Dieu se montre, | et l'astre où Dieu se nomme, 6+6 a
La nuit qui fait tomber | ses soupirs les plus doux 6+6 b
40 Du nid des rossignols | dans le trou des hiboux, 6+6 b
Les fleurs dont les parfums | dans les rayons se fondent, 6+6 a
Et les herbes, les eaux, | les pierres vous répondent, 6+6 a
D'une si douce voix | qu'on ne peut l'exprimer : 6+6 b
— O bons petits oiseaux, | tout est fait pour aimer ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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