Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_4/HUG831
Victor HUGO
LA LÉGENDE DES SIÈCLES
NOUVELLE SÉRIE
1877
XVIII
LE GROUPE DES IDYLLES
XVII
SEGRAIS
O fraîche vision | des jupes de futaine 6+6 a
Qui se troussent gaîment | autour de la fontaine ! 6+6 a
O belles aux bras blancs | follement amoureux ! 6+6 b
J'ai vu passer Aminthe | au fond du chemin creux ; 6+6 b
5 Elle a seize ans, et tant | d'aurore sur sa tête 6+6 a
Qu'elle semble marcher | au milieu d'une fête ; 6+6 a
Elle est dans la prairie, | elle est dans les forêts 6+6 b
La plus belle, et n'a pas | l'air de le faire exprès ; 6+6 b
C'est plus qu'une déesse | et c'est plus qu'une fée, 6+6 a
10 C'est la bergère ; c'est | une fille coiffée 6+6 a
D'iris et de glaïeuls | avec de grands yeux bleus ; 6+6 b
Elle court dans les champs | comme, aux temps fabuleux, 6+6 b
Couraient Léontium, | Phyllodoce et Glycère ; 6+6 a
Elle a la majesté | du sourire sincère ; 6+6 a
15 Quand elle parle, on croit | entendre, ô bois profond, 6+6 b
Un rossignol chanter | au-dessus de son front ; 6+6 b
Elle est pure, sereine, | aimable, épanouie, 6+6 a
Et j'en ai la prunelle | à jamais éblouie ; 6+6 a
Comme Faune la suit | d'un regard enflammé ! 6+6 b
20 Comme on sent que les nids, | l'amour, le mois de mai, 6+6 b
Guettent dans le hallier | ces douces âmes neuves ! 6+6 a
Dans des prés où ne coule | aucun des divins fleuves 6+6 a
Qu'on appelle Céphise, | Eurotas ou Cydnus, 6+6 b
Elle trouve moyen | d'avoir de beaux pieds nus ; 6+6 b
25 Cette fille d'Auteuil | semble née à Mégare ! 6+6 a
Parfois dans des sentiers | pleins d'ombre elle s'égare ; 6+6 a
Oh ! comme les oiseaux | chuchotaient l'autre soir ! 6+6 b
Pas plus que le raisin | ne résiste au pressoir, 6+6 b
Pas plus que le roseau | n'est au zéphyr rebelle, 6+6 a
30 Nul cœur pouvant aimer | n'élude cette belle. 6+6 a
Comme la biche accourt | et fuit à notre voix, 6+6 b
Elle est apprivoisée | et sauvage à la fois ; 6+6 b
Elle est toute innocente | et n'a pas de contrainte ; 6+6 a
Elle donne un baiser | confiant et sans crainte 6+6 a
35 A quiconque est naïf | comme un petit enfant ; 6+6 b
Contre les beaux parleurs, | fière, elle se défend ; 6+6 b
Et c'est pourquoi je fais | semblant d'être stupide ; 6+6 a
Telle est la profondeur | des amoureux. Et Gnide, 6+6 a
Amathonte et Paphos | ne sont rien à côté 6+6 b
40 Du vallon où parfois | passe cette beauté. 6+6 b
Muses, je chante, et j'ai | près de moi Stésichore, 6+6 a
Plaute, Horace et Ronsard, | d'autres bergers encore ; 6+6 a
J'aime, et je suis Segrais | qu'on nomme aussi Tircis ; 6+6 b
Nous sommes sous un hêtre | avec Virgile assis, 6+6 b
45 Et cette chanson s'est | de ma flûte envolée, 6+6 a
Pendant que mes troupeaux | paissent dans la vallée 6+6 a
Et que du haut des cieux | l'astre éclaire et conduit 6+6 b
La descente sacrée | et sombre de la nuit. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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