Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_4/HUG824
Victor HUGO
LA LÉGENDE DES SIÈCLES
NOUVELLE SÉRIE
1877
XVIII
LE GROUPE DES IDYLLES
X
CATULLE
Que faire au mois d'avril | à moins de s'adorer ? 6+6 a
Viens, nous allons songer, | viens, nous allons errer. 6+6 a
Laissons Plaute à Chloé | prouver qu'il la désire 6+6 b
Par un triple collier | de corail de Corcyre ; 6+6 b
5 Laissons Psellas charmer | Fuscus par ses grands yeux, 6+6 a
Et par l'âpre douceur | d'un chant mystérieux ; 6+6 a
Laissons César dompter | la fortune changeante, 6+6 b
Mettre un mors à l'équestre | et sauvage Agrigente, 6+6 b
Au numide, à l'ibère, | au scythe hasardeux ; 6+6 a
10 Ayons le doux souci | d'être seuls tous les deux. 6+6 a
Nous avons à nous l'air, | le ciel, l'ombre, l'espace. 6+6 b
Nous ferons arrêter | le muletier qui passe, 6+6 b
Nous boirons dans son outre | un peu de vin sabin ; 6+6 a
Et le soir, quand la lune, | éclairant dans leur bain 6+6 a
15 Le faune et la naïade | indistincte, se lève, 6+6 b
Nous chercherons un lit | pour finir notre rêve, 6+6 b
Une mousse cachée | au fond du hallier noir. 6+6 a
O belle, rien n'existe | ici-bas que l'espoir, 6+6 a
Rien n'est sûr que l'hymen, | rien n'est vrai que la joie ; 6+6 b
20 L'amour est le vautour | et nos cœurs sont la proie. 6+6 b
Quand, ainsi qu'y monta | jadis la nymphe Hellé, 6+6 a
Une femme apparaît | sur l'olympe étoilé, 6+6 a
Les dieux donnent de tels | baisers à ses épaules, 6+6 b
Qu'une lueur subite | éclaire les deux pôles, 6+6 b
25 Et la terre comprend | qu'en ce ciel redouté 6+6 a
L'humanité s'accouple | à la divinité. 6+6 a
Aimons. Allons aux bois | où chantent les fauvettes. 6+6 b
Il faut vivre et sourire, | il faut que tu revêtes 6+6 b
Cette robe d'azur | qu'on nomme le bonheur. 6+6 a
30 L'Amour est un divin | et tendre empoisonneur, 6+6 a
Laissons ce charmant traître | approcher de nos bouches 6+6 b
Sa coupe où nous boirons | les extases farouches 6+6 b
Et le sombre nectar | des baisers éperdus. 6+6 a
Les cœurs sont insensés | et les cieux leur sont dus ; 6+6 a
35 Car la démence auguste | et profonde des âmes 6+6 b
Met dans l'homme une étoile, | et quand nous nous aimâmes 6+6 b
Nous nous sentîmes pleins | de rayons infinis, 6+6 a
Et tu devins Vénus, | et je fus Adonis. 6+6 a
Le tremblement sacré | des branches dans l'aurore 6+6 b
40 Conseille aux cœurs d'aimer, | conseille aux nids d'éclore. 6+6 b
Il faut craindre et vouloir, | chercher les prés fleuris 6+6 a
Et rêver, et s'enfuir, | mais afin d'être pris. 6+6 a
Adorons-nous. Ainsi | je médite et je chante. 6+6 b
Je songe à ta pudeur | souveraine et touchante, 6+6 b
45 Je regarde attendri | l'antre où tu me cédas, 6+6 a
Pendant que, fatiguée | à suivre nos soldats, 6+6 a
La Victoire, au-dessus | de nous, dans la nuée, 6+6 b
Rattache sa sandale, | un instant dénouée. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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