Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_23/HUG993
Victor HUGO
LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
1881
I
LE LIVRE SATIRIQUE
— LE SIÈCLE —
XX
La hache ? Non. Jamais.Je n’en veux pour personne. 6+6 a
Pas même pour ce czardevant qui je frissonne, 6+6 a
Pas même pour ce monstreà lui-même fatal. 6+6 b
Qui supprime Tyburnabolit White-Hall ; 6+6 b
5 Et quand la mort, ouvrantson désastreux registre, 6+6 a
Me dit : — Que jettes-tudans ce panier sinistre ? 6+6 a
Ou la tête du peuple,ou la tête du roi ? — 6+6 b
Je dis : — Ni celle-ci,ni celle-là. — Ma loi, 6+6 b
C’est la vie ; et ma joie,ô Dieu, c’est l’aube pure. 6+6 a
10 Je ne suis pas de ceuxqui font la pourriture ; 6+6 a
Je ne suis pas de ceuxqui donnent à manger 6+6 b
Au sépulcre, l’on voitramper et s’allonger 6+6 b
L’affreux sarcopte éclosdu miasme délétère ; 6+6 a
Je ne suis pas de ceuxvers qui les vers de terre, 6+6 a
15 Béants, tournent leur têteaveugle dans la nuit. 6+6 b
Tout supplice est un faitcontre la loi, traduit, 6+6 b
Pour l’éducationdes foules indécises, 6+6 a
Devant l’esprit humain,suprême cour d’assises, 6+6 a
Saint prétoire, infaillibleet grave tribunal 6+6 b
20 Beccaria jugeaidé de Juvénal. 6+6 b
Le penseur n’absout pointles grands forfaits lyriques 6+6 a
Que l’histoire engloutitsous ses panégyriques ; 6+6 a
Il excuse parfois,il n’approuve jamais. 6+6 b
Il veut de l’aube, et nondu sang, sur les sommets. 6+6 b
25 Peuple ou roi, quel que soitle tueur, il le blâme. 6+6 a
Pour lui l’assassinat,même illustre, est infâme ; 6+6 a
Tout temple est sombre avecune morgue au milieu. 6+6 b
Quand le sang coule, il dit :malheur ! Admirant peu 6+6 b
Le resplendissementmagnifique du glaive ; 6+6 a
30 Il n’a pas, quand le crides victimes s’élève, 6+6 a
Pour éblouissementla grandeur du bourreau ; 6+6 b
Pour lui, Saint-Just poussantDanton au tombereau, 6+6 b
Louis quatorze affreux,penché sur les Cévennes, 6+6 a
Implacable, saignantla France aux quatre veines, 6+6 a
35 Titus livrant Sionmassacrée aux vautours, 6+6 b
Quoi qu’on puisse allégueret dire, c’est toujours 6+6 b
Le même crime errantdans la même nuit noire ; 6+6 a
Si grand que soit l’éclat,quelle que soit la gloire, 6+6 a
C’est toujours à ses yeuxle meurtre, et, plein d’ennui, 6+6 b
40 Partout, il le condamne ;et tout ce qu’il sait, lui, 6+6 b
C’est qu’on ne lui fait pasaccepter des décombres, 6+6 a
Des désastres, des morts,des écrasements sombres, 6+6 a
Même en posant dessusla patte d’un lion. 6+6 b
Non, jamais de vengeanceet pas de talion. 6+6 b
45 Quoi ! Le Cipaye iraitjetant au feu des femmes 6+6 a
Et tordant des enfantstout vivants dans les flammes ; 6+6 a
Quoi ! L’Irlandais bigot,à travers le brouillard, 6+6 b
Surgirait, la massueau poing ; quoi ! Le lollard 6+6 b
Joindrait le fer qui frappeà la main qui mendie ; 6+6 a
50 Quoi ! Le hubin boiraitdu sang ; quoi ! L’incendie 6+6 a
Éclairerait le rirehorrible du truand ; 6+6 b
Le camisard auraitdans sa poche en tuant 6+6 b
Sa bible toute grasseà force d’être lue ; — 6+6 a
Et l’âme incorruptible,et la bouche absolue, 6+6 a
55 La bouche du poèteet l’âme du penseur 6+6 b
Se tairaient ! Et le jouraccepterait pour sœur, 6+6 b
Sous prétexte qu’ensembleautrefois nous souffrîmes, 6+6 a
L’aveugle obscurité,toute pleine de crimes ! 6+6 a
Non, parle, et parle haut,vérité ! Vérité ! 6+6 b
60 La misère n’a pasle droit de cruauté ; 6+6 b
Les échafauds s’en vontet leur ombre s’efface ; 6+6 a
L’impassible équiténe veut pas qu’on en fasse, 6+6 a
Pas même avec le boisdouloureux des grabats ; 6+6 b
Non ! Nous n’admettons point,dans le deuil d’ici-bas, 6+6 b
65 Qu’on puisse être bourreauparce qu’on fut victime. 6+6 a
Le meurtre fils des pleursn’est pas plus légitime ; 6+6 a
Quand le faible devientà son tour le plus fort, 6+6 b
La conscience donneà la rancune tort 6+6 b
Et force les instinctsde vengeance à se taire, 6+6 a
70 Et l’on n’est point absouspar ce juge pour faire 6+6 a
Du mal avec le malque d’autres vous ont fait. 6+6 b
Cette livre de chairdont Shylock triomphait, 6+6 b
Malheur à qui la veutdans sa sauvage envie ! 6+6 a
L’homme est le travailleurdu printemps, de la vie, 6+6 a
75 De la graine seméeet du sillon creusé, 6+6 b
Et non le créancierlivide du passé. 6+6 b
Peuple, le philosopheest le témoin sévère. 6+6 a
Si Jésus s’envolaitféroce du calvaire, 6+6 a
Et venait à son tourcrucifier Satan, 6+6 b
80 Je dirais à Jésus :tu n’es pas Dieu. Va-t’en ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
logo du CRISCO logo de l'université