Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_23/HUG1069
Victor HUGO
LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
1881
III
LE LIVRE LYRIQUE
— LA DESTINÉE —
XLVI
Oui, la terre fatale, | oui, le ciel nécessaire, 6+6 a
Tout laisse en moi sa trace, | et rien pour ma misère 6+6 a
N’est hautain ni moqueur ; 6 b
Et quoique je ne sois | qu’un vivant fait de cendre, 6+6 c
5 Quand le rayon me voit, | il consent à descendre, 6+6 c
Et se mêle à mon cœur. 6 b
J’ai la confiance âpre | et triste des apôtres, 6+6 a
Et c’est pourquoi je suis | cet homme dont les autres 6+6 a
Parlent confusément, 6 b
10 Plein d’erreurs comme Adam, | plein de fautes comme Ève, 6+6 c
Que l’enfer tire en bas, | mais qu’un éternel rêve 6+6 c
Enchaîne au firmament. 6 b
L’impure forme humaine, | ébauchée, incomplète, 6+6 a
La chair, n’empêche pas | que le ciel se reflète 6+6 a
15 Dans l’abîme où je suis ; 6 b
Près de ce vil crapaud | qui bave et qui se traîne, 6+6 c
La constellation | vient resplendir sereine 6+6 c
Dans le fond de mon puits. 6 b
Par instants l’affreux monstre, | en l’ombre qui le voile, 6+6 a
20 Passe et fait en passant | tressaillir une étoile 6+6 a
Dans mon cloaque noir ; 6 b
Puis elle reparaît. | Dieu que notre espoir nomme, 6+6 c
Sois béni de changer | l’eau bourbeuse de l’homme 6+6 c
En céleste miroir ! 6 b
25 Oui, tes vents m’ont parlé, | toutes tes solitudes 6+6 a
M’ont jeté leurs rumeurs | et leurs inquiétudes, 6+6 a
Azur, nuit, vision ! 6 b
À tes souffles de brume | ou de clarté je vibre, 6+6 c
Ciel, comme si j’étais | traversé par la fibre 6+6 c
30 De la création ! 6 b
Comme si tous les fils | invisibles de l’être 6+6 a
Se croisaient dans mon sein | que l’univers pénètre ! 6+6 a
Comme si, par moment, 6 b
En moi, du front aux pieds, | me mêlant au problème, 6+6 c
35 Le sombre axe infini | qui passe par Dieu même 6+6 c
Tremblait confusément ! 6 b
De sorte que je suis | l’aimant de la nature, 6+6 a
Que la création | m’emplit, moi créature, 6+6 a
Que Dieu coule en mon sang ! 6 b
40 De sorte, ô ciel profond, | que le zénith farouche 6+6 c
Se verse dans mon crâne, | et que le nadir touche 6+6 c
Mon talon frémissant ! 6 b
Mon âme dans sa nuit | redit ta gamme immense ; 6+6 a
Je frissonne à tes bruits | d’orage ou de clémence, 6+6 a
45 Vivant psaltérion ; 6 b
Sur ma lyre, qu’émeut | l’esprit des Zoroastres, 6+6 c
Les sept notes jadis | tombèrent des sept astres 6+6 c
Du bleu septentrion. 6 b
mètre profils métriques : 6, 6+6
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