Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_23/HUG1033
Victor HUGO
LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
1881
III
LE LIVRE LYRIQUE
— LA DESTINÉE —
XI
Dieu ne frappe qu’en haut.Infimes que nous sommes ! 6+6 a
Oh ! Disais-je, qu’ils sontheureux, tous ces grands hommes ! 6+6 a
Eschyle a son exilet Job a son fumier. 6+6 b
Caton est le lion,le sort est le limier. 6+6 b
5 C’est le fier ornementde la guerre civile, 6+6 a
Que tous ces grands bannisqui vont de ville en ville. 6+6 a
Verser son âme au mondeet son sang aux pavés, 6+6 b
C’est grand ; et les élus,ce sont les éprouvés. 6+6 b
Ils marchent, couronnésd’un mystérieux lustre. 6+6 a
10 Oh ! Parmi tous heureuxet parmi tous illustre 6+6 a
Celui que la tempêtea choisi pour amant ! 6+6 b
Dans l’immense beautédu supplice infamant 6+6 b
Des auréoles d’ortremblent sur les génies. 6+6 a
Quel que soit dans l’histoire,amas de gémonies, 6+6 a
15 Le siècle qui les aittenus sous ses barreaux, 6+6 b
Les hommes glorieux,les sages, les héros, 6+6 b
Sont tous contemporainsde l’adversité sombre. 6+6 a
Démosthène chasséparle à Milton dans l’ombre ; 6+6 a
Phidias expulsérencontre Dante errant. 6+6 b
20 Phidias dit : le vrai !Dante répond : le grand ! 6+6 b
Destins pareils ! Ô gloire !Ô pléiade splendide ! 6+6 a
Hérodote en exilsuivi par Thucydide ! 6+6 a
Thémistocle épervier,Aristide alcyon ! 6+6 b
Ô les quatre-vingts ansdu grave Phocion ! 6+6 b
25 C’est marque de grandeurdans ce monde l’on erre 6+6 a
Que d’être, ô cieux profonds,balafré du tonnerre ! 6+6 a
Caucase est lumineuxsous l’éternel mourant. 6+6 b
Trombe, le vent est beau ;l’onde est belle, torrent. 6+6 b
Je t’admire, ô ciguë,échafaud, je t’envie. 6+6 a
30 Quelle sublime porteà sortir de la vie 6+6 a
Que celle se courbaDanton, âpre titan ! 6+6 b
Le chasseur d’aigles ditau passereau : va-t’en ! 6+6 b
Et les événements,comme d’altiers molosses, 6+6 a
Ne veulent, dédaigneux,mordre que les colosses ! — 6+6 a
35 Jaloux, je regardaissous les cieux constellés 6+6 b
À tous les grands poteauxces grands dos flagellés, 6+6 b
Et tous ces fiers saignants,trnés dans nos discordes, 6+6 a
Les yeux pleins de rayons,les bras liés de cordes, 6+6 a
Montant ou descendantles marches de la nuit. 6+6 b
40 Ô crachats au visage !Affronts ! Brume l’on fuit ! 6+6 b
Grand devoir accomplidont le vertige attire ! 6+6 a
Proscription ! Misère !Ostracisme ! Martyre ! 6+6 a
Atome, j’enviaisces pourpres des géants. 6+6 b
Mais nous, pensais-je, hélas !Perdus dans nos néants, 6+6 b
45 Nous passons, dévorantquelque inutile joie ; 6+6 a
Nous sommes trop petitspour que l’éclair nous voie ; 6+6 a
Nous, les vivants obscurs,nous ne méritons pas 6+6 b
Que de notre côtéNémésis fasse un pas ; 6+6 b
Syène ne reçoitque Juvénal ; Minturnes 6+6 a
50 N’ouvre qu’aux Mariusses ombres taciturnes ; 6+6 a
Dieu nous créa, chétifs,pour le bonheur d’en bas ; 6+6 b
Nous ne sommes pas faitspour les vastes combats, 6+6 b
Et, comme ces proscritsaux têtes étoilées, 6+6 a
Pour les rêves profondsprès des mers désolées. 6+6 a
55 L’atome n’a pas droitaux grands écrasements ; 6+6 b
Il n’a pas droit aux crisde la haine, aux tourments 6+6 b
De la claie âpre et sainte,aux faces hérissées 6+6 a
De serpents poursuivantsans trêve ses pensées, 6+6 a
Non. — Je baissais la têteet j’étais triste ainsi. — 6+6 b
60 Maintenant, ô destin,ô Méduse, merci. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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