Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_23/HUG1017
Victor HUGO
LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
1881
I
LE LIVRE SATIRIQUE
— LE SIÈCLE —
XLIV
FULGUR
L’océan me disait : | Ô poète, homme juste, 6+6 a
J’ai parfois comme toi | cette surprise auguste 6+6 a
Qu’il me descend des cieux | une immense rougeur ; 6+6 b
Et je suis traversé | tout à coup, ô songeur, 6+6 b
5 Par la foudre sublime, | irritée et haïe, 6+6 a
Comme toi par l’esprit | sinistre d’Isaïe ; 6+6 a
Les éclairs sont mes cris, | les foudres sont ma voix ; 6+6 b
Je gronde sur l’écueil | comme toi sur les rois ; 6+6 b
Je suis l’avertisseur | brusque, horrible et céleste. 6+6 a
10 L’énorme bras de feu | m’associe à son geste 6+6 a
Quand il menace l’ombre | et le bagne infernal. 6+6 b
On est beau par Virgile | et grand par Juvénal, 6+6 b
Et mon gouffre le sait | aussi bien que ton âme ; 6+6 a
J’ai, comme toi, l’azur, | une douceur de femme, 6+6 a
15 Une gaîté d’enfant, | des vagues pleines d’yeux, 6+6 b
Des aurores où rit | le ciel prodigieux, 6+6 b
Des écumes parfois | blanches comme les cygnes ; 6+6 a
Les astres par-dessus | mes flots se font des signes, 6+6 a
Et se disent : Viens donc | te mirer dans la mer. 6+6 b
20 Je suis le niveau pur, | le précipice clair ; 6+6 b
J’offre mes gouttes d’eau | nuit et jour aux brins d’herbe. 6+6 a
Mais je fais peu de cas | de tout ce bleu superbe, 6+6 a
De ce vaste sourire | épanoui sur tout, 6+6 b
De cette grâce où l’ombre | en clarté se dissout, 6+6 b
25 De ces flots de cristal, | de ces ondes de moire ; 6+6 a
Et le passage affreux | du tonnerre est ma gloire. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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