Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_23/HUG1013
Victor HUGO
LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
1881
I
LE LIVRE SATIRIQUE
— LE SIÈCLE —
XL
Ainsi nous n’avons plus | Strasbourg, nous n’avons plus 6+6 a
Metz, la chaste maison | des vieux Francs chevelus ! 6+6 a
Ces villes, ces cités, | déesses crénelées, 6+6 b
Ce teuton nous les a | tranquillement volées ! 6+6 b
5 Ainsi le Chasseur Noir | a ces captives-là ! 6+6 a
Ainsi ce cavalier | monstrueux, Attila, 6+6 a
Horrible, les attache | aux arçons de sa selle ; 6+6 b
À l’un pend l’héroïne, | à l’autre la pucelle ! 6+6 b
Et les voilà, râlant | dans le carcan de fer, 6+6 a
10 Metz où régna Clovis, | Strasbourg d’où vint Kléber ! 6+6 a
Le vautour a ces monts | et ces prés sous son aile ! 6+6 b
Et tout cela pourtant, | c’est la France éternelle ! 6+6 b
C’est à nous, ce Haut-Rhin | où la Gaule apparaît ! 6+6 a
J’en atteste l’été, | le printemps, la forêt, 6+6 a
15 Les astres toujours purs, | les roses toujours neuves 6+6 b
Et le ruissellement | d’émeraudes des fleuves ! 6+6 b
J’en atteste l’épi | doré, le nid d’oiseau, 6+6 a
Et le petit enfant | qui, nu dans son berceau, 6+6 a
Joue avec son pied rose | en attendant la France ! 6+6 b
20 J’en atteste l’œil bleu | de la sainte espérance, 6+6 b
L’honneur, le droit, l’autel | où l’on prie à genoux, 6+6 a
Cette Lorraine et cette | Alsace, c’est à nous ! 6−6 a
Là rêva Gutenberg, | là se dressa Lothaire ; 6+6 b
Ce ciel est notre azur, | ce champ est notre terre ! 6+6 b
25 Nous nous sommes laissé | prendre ces grands pays ! 6+6 a
Nous, France !
En même temps | nous sommes envahis 6+6 a
Par le prêtre, et flairés | par la louve romaine ! 6+6 b
Ainsi nous subissons | la schlague qui nous mène ! 6+6 b
Ainsi nous acceptons | sur nous le traînement 6+6 a
30 Du syllabus gothique | et du sabre allemand ! 6+6 a
Ainsi nous permettons | au reître, au bonze, au cuistre, 6+6 b
De reclouer sur nous | le grand linceul sinistre, 6+6 b
L’ignorance, l’erreur, | le mensonge et la nuit ! 6+6 a
Ainsi l’immense aurore | aux cieux s’évanouit ! 6+6 a
35 Ainsi, pourvu qu’il ait | au poing de l’eau bénite, 6+6 b
Pourvu qu’après avoir | fui devant le samnite, 6+6 b
Il dresse un sombre glaive | à la gloire inconnu, 6+6 a
Le premier misérable | imbécile venu 6+6 a
Peut nous crier : paix là, | vous tous ! Gare à qui bouge ! 6+6 b
40 Mais nos pères auraient | mordu dans du fer rouge ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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