Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_23/HUG1050
Victor HUGO
LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
1881
III
LE LIVRE LYRIQUE
— LA DESTINÉE —
XXVII
PATI
Pourquoi ne pas allertout de suite à la mort ? 6+6 a
Quoi ! Vieillir pour avoirun peu plus de remord 6+6 a
 À l’heure Dieu videra l’âme ! 8 b
Qu’attends-tu pour venirdans nos lits froids et noirs, 6+6 c
5 Ô blême épouse, ô Nuit,dont tous nos désespoirs 6+6 c
 Hélas ! Chantent l’épithalame ? 8 b
Pourquoi ne pas finir ?Pleurer des pleurs de sang ! 6+6 a
Vivre ! Quoi ! Le poisonn’est-il pas complaisant ? 6+6 a
 L’abîme n’est-il pas facile ? 8 b
10 Mon couteau que j’ai làrit de me voir souffrir. 6+6 c
Est-ce que l’océan,toujours prêt à s’ouvrir, 6+6 c
 Ne dit pas à l’homme : Imbécile ! 8 b
Brutus a-t-il mal fait ?Caton avait-il tort ? 6+6 a
Est-ce qu’ils hésitaient,ces lutteurs au bras fort, 6+6 a
15  À fermer leurs regards superbes ? 8 b
Que leur faisait la vie ?Est-ce que ces romains 6+6 c
Tenaient à voir passerles chars sur les chemins 6+6 c
 Et le vent courber les brins d’herbes ? 8 b
Comprenant l’ironie,ils murmuraient : assez ! 6+6 a
20 Par les flèches du sortcolosses traversés, 6+6 a
 Ils ôtaient eux-mêmes la cible. 8 b
Ils mouraient de sentirà leurs fronts des rougeurs ; 6+6 c
Vous préfériez la mortà la vie, ô songeurs, 6+6 c
 Et l’idéal à l’impossible. 8 b
25 La mort se dressait pâleet leur apparaissait ; 6+6 a
Graves, ils se couchaientprès d’elle, puisque c’est 6+6 a
 Avec elle qu’il faut qu’on dorme ; 8 b
Ils allaient au-devantde ce sinistre hymen ; 6+6 c
Ils mettaient leur anneaude chevalier romain 6+6 c
30  Au doigt de ce squelette énorme. 8 b
Est-ce qu’il est quelqu’unqui blâme ces héros ? 6+6 a
Ils ont du froid destintordu les vains barreaux ; 6+6 a
 Ils ont fait une brèche aux ombres ; 8 b
Maintenant à jamais,triste et des vents battu, 6+6 c
35 Au bout de la sagesse,au bout de la vertu, 6+6 c
 L’homme voit leurs deux spectres sombres. 8 b
Oui, Caton a mal fait ;oui, Brutus avait tort ; 6+6 a
Le sage est mal sorti,l’intrépide est mal mort. 6+6 a
 Le suicide est une fuite. 8 b
40 Dieu, qui seul a le droitd’éteindre le flambeau, 6+6 c
Quand ces grands essouffléssont entrés au tombeau, 6+6 c
 Ne leur a dit qu’un mot : trop vite. 8 b
Braver la destinéeen s’en rassasiant, 6+6 a
C’est l’honneur ; le grand hommeest le grand patient ; 6+6 a
45  Attendre est la vertu sévère ; 8 b
Sage, attends qu’à l’abrides verts rameaux flottants 6+6 c
La ciguë ait fleuri ;juste, laisse le temps 6+6 c
 À l’arbre de crtre au calvaire ! 8 b
Socrate, et non Brutus !Jésus, et non Caton ! 6+6 a
50 Vous mourrez, vous mourrez.Pourquoi se hâte-t-on ? 6+6 a
 Souffrez, enseignez, cœurs fidèles. 8 b
Âme, pourquoi t’enfuiravant l’hiver venu, 6+6 c
Et l’apparitionde l’azur inconnu, 6+6 c
 Et le départ des hirondelles ? 8 b
55 Quoi donc ? As-tu peur d’êtreoublié, passant noir ? 6+6 a
Crains-tu d’être ignorédu sombre vent du soir, 6+6 a
 Et qu’il t’épargne dans ta ville, 8 b
Quand, terrible, il viendrabalayer vers le nord 6+6 c
La vieille feuille morteet le vieux monde mort ? 6+6 c
60  Il t’emportera, sois tranquille ! 8 b
Comme à chacun de nouston heure sonnera. 6+6 a
Ton cadavre qui boitet qui mange sera 6+6 a
 Écrasé, broyé dans sa boue, 8 b
Pétri dans le néant,supprimé, rejeté ; 6+6 c
65 L’infini passerasur toi ; l’éternité 6+6 c
 A pour nous tous un tour de roue. 8 b
Si tu n’es qu’un vivant,frêle, obscur, incertain, 6+6 a
Vis et pleure ; descendspas à pas ton destin : 6+6 a
 Vieillis ; reste l’homme ordinaire. 8 b
70 De quel droit, cendre, atome,espèce d’ombre aux fers, 6+6 c
Fais-tu tomber sur toila mort aux yeux d’éclairs, 6+6 c
 Et déranges-tu le tonnerre ? 8 b
Ou si de toi ton sièclea fait un grand témoin, 6+6 a
Accepte échafaud, bagne,exil ; sois au besoin 6+6 a
75  L’esclave auguste de l’exemple. 8 b
La pierre du gibet,dont le ciel est l’aimant, 6+6 c
Plus tard sort du charnieret monte lentement, 6+6 c
 Et devient le fronton du temple. 8 b
Ne te dérobe pointpar la mort aux lenteurs 6+6 a
80 Du supplice qu’il fautsubir sur les hauteurs ; 6+6 a
 C’est l’épreuve ; acceptons-la toute ! 8 b
Agonise et vieillissans dire : je suis las ! 6+6 c
L’homme est fait pour mourirheure par heure, hélas ! 6+6 c
 Les pleurs, pour tomber goutte à goutte ! 8 b
85 La douleur est utile ;et vivre, c’est l’effort. 6+6 a
Veux-tu devenir grand ?Laisse-toi faire au sort. 6+6 a
 Bois, et ne brise pas ton verre. 8 b
Laisse blanchir ton âmeainsi que l’orient. 6+6 c
Sois à la fois l’archangeau regard souriant 6+6 c
90  Et le titan au front sévère. 8 b
Les jours nous font saigner,mystérieux bourreaux ; 6+6 a
Saigne, et ris ; c’est ainsiqu’on devient un héros, 6+6 a
 C’est ainsi qu’on devient sublime, 8 b
Et que l’on est de ceuxdont l’esprit monte et luit, 6+6 c
95 Et que le genre humainvoit tout à coup, la nuit, 6+6 c
 Surgir splendides sur sa cime. 8 b
L’homme est sombre ; qu’il souffre,il brillera ; Dieu bon 6+6 a
Refait le diamantavec le vil charbon ; 6+6 a
 L’aube est sous nos brumes funèbres ; 8 b
100 Et la créationn’est qu’un gouffre d’ sort 6+6 c
Le rayon qui, joyeux,dorant l’ombre et la mort, 6+6 c
 S’épanouit hors des ténèbres. 8 b
L’âme s’étoile au chocdu sort et du devoir. 6+6 a
Dieu, le grand forgeron,avec son marteau noir 6+6 a
105  Qui sonne dans tous nos désastres, 8 b
Sur l’enclume d’airainque nous nommons l’azur, 6+6 c
Bat l’ombre, la nuit, l’hommeen deuil, l’abîme obscur ; 6+6 c
 Les étincelles sont des astres. 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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