Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_2/HUG521
Victor HUGO
LES CONTEMPLATIONS
tome II
AUJOURD'HUI
1845-1855
LIVRE CINQUIÈME
EN MARCHE
XIV
Claire P.
Quel âge hier ? Vingt ans.Et quel âge aujourd'hui ? 6+6 a
L'éternité. Ce frontpendant une heure a lui. 6+6 a
Elle avait les doux chantset les grâces superbes ; 6+6 b
Elle semblait porterde radieuses gerbes ; 6+6 b
5 Rien qu'à la voir passer,on lui disait : Merci ! 6+6 a
Qu'est-ce donc que la vie,hélas ! pour mettre ainsi 6+6 a
Les êtres les plus purset les meilleurs en fuite ? 6+6 b
Et, moi, je l'avais vueencor toute petite. 6+6 b
Elle me disait vous,et je lui disais tu. 6+6 a
10 Son accent ineffableavait cette vertu 6+6 a
De faire en mon esprit,douces voix éloignées, 6+6 b
Chanter le vague chœurde mes jeunes années. 6+6 b
Il n'a brillé qu'un jour,ce beau front ingénu. 6+6 a
Elle était fiancéeà l'hymen inconnu. 6+6 a
15 À qui mariez-vous,mon Dieu, toutes ces vierges ? 6+6 b
Un vague et pur refletde la lueur des cierges 6+6 b
Flottait dans son regardcéleste et rayonnant ; 6+6 a
Elle était grande et blancheet gaie ; et, maintenant, 6+6 a
Allez à Saint-Mandé,cherchez dans le champ sombre, 6+6 b
20 Vous trouverez le litde sa noce avec l'ombre ; 6+6 b
Vous trouverez la tombe gît ce lys vermeil ; 6+6 a
Et c'est là que tu faiston éternel sommeil, 6+6 a
Toi qui, dans ta beauténaïve et recueillie, 6+6 b
Mêlais à la madoneauguste d'Italie 6+6 b
25 La Flamande qui rità travers les houblons, 6+6 a
Douce Claire aux yeux noirsavec des cheveux blonds. 6+6 a
Elle s'en est alléeavant d'être une femme ; 6+6 b
N'étant qu'un ange encor ;le ciel a pris son âme 6+6 b
Pour la rendre en rayonsà nos regards en pleurs, 6+6 a
30 Et l'herbe, sa beauté,pour nous la rendre en fleurs. 6+6 a
Les êtres étoilésque nous nommons archanges 6+6 b
La bercent dans leurs brasau milieu des louanges, 6+6 b
Et, parmi les clartés,les lyres, les chansons, 6+6 a
D'en haut elle sourità nous qui gémissons. 6+6 a
35 Elle sourit, et ditaux anges sous leurs voiles : 6+6 b
Est-ce qu'il est permisde cueillir des étoiles ? 6+6 b
Et chante, et, se voyantelle-même flambeau, 6+6 a
Murmure dans l'azur :Comme le ciel est beau ! 6+6 a
Mais cela ne fait rienà sa mère qui pleure ; 6+6 b
40 La mère ne veut pasque son doux enfant meure 6+6 b
Et s'en aille, laissantses fleurs sur le gazon, 6+6 a
Hélas ! et le silenceau seuil de la maison ! 6+6 a
Son père, le sculpteur,s'écriait : — Qu'elle est belle ! 6+6 b
Je ferai sa statueaussi charmante qu'elle. 6+6 b
45 C'est pour elle qu'avrilfleurit les verts sentiers. 6+6 a
Je la contempleraipendant des mois entiers 6+6 a
Et je ferai venirdu marbre de Carrare. 6+6 b
Ce bloc prendra sa formeéblouissante et rare ; 6+6 b
Elle restera chasteet candide à côté. 6+6 a
50 On dira : « Le sculpteura deux filles : Beauté 6+6 a
« Et Pudeur ; Ombre et Jour ;la Vierge et la Déesse ; 6+6 b
« Quel est cet ouvrierde Rome ou de la Grèce 6+6 b
« Qui, trouvant dans son artdes secrets inconnus, 6+6 a
« En copiant Marie,a su faire Vénus ? » 6+6 a
55 Le marbre resteradans la montagne blanche, 6+6 b
Hélas ! car c'est à l'heure tout rit, que tout penche ; 6+6 b
Car nos mains gardent maltout ce qui nous est cher ; 6+6 a
Car celle qu'on croyaitd'azur était de chair ; 6+6 a
Et celui qui taillaitle marbre était de verre ; 6+6 b
60 Et voilà que le venta soufflé, Dieu sévère, 6+6 b
Sur la vierge au front pur,sur le mtre au bras fort ; 6+6 a
Et que la fille est morte,et que le père est mort ! 6+6 a
Claire, tu dors. Ta mère,assise sur ta fosse, 6+6 b
Dit : — Le parfum des fleursest faux, l'aurore est fausse, 6+6 b
65 L'oiseau qui chante au boisment, et le cygne ment, 6+6 a
L'étoile n'est pas vraieau fond du firmament, 6+6 a
Le ciel n'est pas le cielet là-haut rien ne brille, 6+6 b
Puisque, lorsque je crieà ma fille : « Ma fille, 6+6 b
« Je suis là. Lève-toi !» quelqu'un le lui défend ; 6+6 a
70 Et que je ne puis pasréveiller mon enfant ! — 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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