Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_17/HUG369
Victor HUGO
CHÂTIMENTS
1853
LIVRE VI
LA STABILITÉ EST ASSURÉE
V
ÉBLOUISSEMENTS
Ô temps miraculeux !ô gaietés homériques ! 6+6 a
Ô rires de l'Europeet des deux Amériques ! 6+6 a
Crtes qui larmoyez !bons Dieux mal accrochés 6+6 b
Qui saignez dans vos coins !madones qui louchez ! 6+6 b
5 Phénomènes vivants !ô choses inouïes ! 6+6 a
Candeurs ! énormitésau jour épanouies ! 6+6 a
Le goudron déclaréfétide par le suif, 6+6 b
Judas flairant Shylocket criant : c'est un juif ! 6+6 b
L'arsenic indignédénonçant la morphine, 6+6 a
10 La hotte injuriantla borne, Messaline 6+6 a
Reprochant à Gotonson regard effronté, 6+6 b
Et Dupin accusantSauzet de lâcheté ! 6+6 b
Oui, le vide-goussetflétrit le tire-laine, 6+6 a
Falstaff montre du doigtle ventre de Silène, 6+6 a
15 Lacenaire, pudiqueet de rougeur atteint, 6+6 b
Dit en baissant les yeux :j'ai vu passer Castaing ! 6+6 b
Je contemple nos temps ;j'en ai le droit, je pense. 6+6 a
Souffrir étant mon lot,rire est ma récompense. 6+6 a
Je ne sais pas commentcette pauvre Clio 6+6 b
20 Fera pour se tirerde cet imbroglio. 6+6 b
Ma rêverie au fondde ce règne pénètre, 6+6 a
Quand, ne pouvant dormir,la nuit, à ma fenêtre, 6+6 a
Je songe, et que là-bas,dans l'ombre, à travers l'eau, 6+6 b
Je vois briller le phareauprès de Saint-Malo. 6+6 b
25 Donc ce moment existe !il est ! Stupeur risible ! 6+6 a
On le voit ; c'est réel,et ce n'est pas possible. 6+6 a
L'empire est là, refaitpar quelques sacripants. 6+6 b
Bonaparte-le-granddormait. Quel guet-apens ! 6+6 b
Il dormait dans sa tombe,absous par la patrie. 6+6 a
30 Tout à coup des brigandsfirent une tuerie 6+6 a
Qui dura tout un jouret du soir au matin ; 6+6 b
Napoléon-le-Nainen sortit. Le destin, 6+6 b
De l'expiationimplacable ministre, 6+6 a
Dans tout ce sang versétrempa son doigt sinistre 6+6 a
35 Pour barbouiller, affrontà la gloire en lambeau, 6+6 b
Cette caricatureau mur de ce tombeau. 6+6 b
Ce monde là prospère.Il prospère, vous dis-je ! 6+6 a
Embonpoint de la honte !époque callipyge ! 6+6 a
Il trône, ce cockneyd'Eglinton et d'Epsom 6+6 b
40 Qui, la main sur son cœur,dit : je mens, ego sum. 6+6 b
Les jours, les mois, les anspassent ; ce flegmatique, 6+6 a
Ce somnambule obscur,brusquement frénétique, 6+6 a
Que Schœlcher a nomméle président Obus. 6+6 b
Règne, continuantses crimes en abus. 6+6 b
45 Ô spectacle ! en plein jour,il marche et se promène, 6+6 a
Cet être horrible, insulteà la figure humaine ! 6+6 a
Il s'étale effroyable,ayant tout un troupeau 6+6 b
De Suins et de Fortoulsqui vivent sur sa peau, 6+6 b
Montrant ses nudités,cynique, infâme, indigne, 6+6 a
50 Sans mettre à son Barocheune feuille de vigne ! 6+6 a
Il rit de voir à terreet montre à Machiavel 6+6 b
Sa parole d'honneurqu'il a tuée en duel. 6+6 b
Il sème l'or ; — venez !et sa largesse éclate. 6+6 a
Magnan ouvre sa griffeet Troplong tend sa patte. 6+6 a
55 Tout va. Les sous-coquinsaident le drôle en chef. 6+6 b
Tout est beau, tout est bon,et tout est juste ; bref, 6+6 b
L'église le soutient,l'opéra le constate. 6+6 a
Il vola : Te Deum.Il égorgea : Cantate. 6+6 a
Lois, mœurs, mtre, valets,tout est à l'avenant. 6+6 b
60 C'est un bivouac de gueux,splendide et rayonnant. 6+6 b
Le mépris bat des mains,admire, et dit : courage ! 6+6 a
C'est hideux. L'entouréressemble à l'entourage. 6+6 a
Quelle collection !quel choix ! quel Œil-de-bœuf ! 6+6 b
L'un vient de Loyala,l'autre vient de Babeuf. 6+6 b
65 Jamais vénitiens,romains et bergamasques 6+6 a
N'ont sous plus de siffletsvu passer plus de masques. 6+6 a
La société vasans but, sans jour, sans droit, 6+6 b
Et l'envers de l'habitest devenu l'endroit. 6+6 b
L'immondice au sommetde l'état se déploie. 6+6 a
70 Les chiffonniers, la nuit,courbés, flairant leur proie, 6+6 a
Allongent leur crochetdu côté du sénat. 6+6 b
Voyez-moi ce coquin,normand, corse, auvergnat : 6+6 b
C'était fait pour vieillirbélître et mourir cuistre ; 6+6 a
C'est premier président,c'est préfet, c'est ministre. 6+6 a
75 Ce truand catholiqueau temps jadis vivait 6+6 b
Maigre, chez Flicoteauxplutôt que chez Chevet ; 6+6 b
Il habitait au fondd'un bouge à tabatière 6+6 a
Un lit fait et défait,hélas, par sa portière, 6+6 a
Et griffonnait dès l'aube,amer, affreux, souillé, 6+6 b
80 Exhalant dans son troul'odeur d'un chien mouillé. 6+6 b
Il conseille l'étatpour vingt-cinq mille livres 6+6 a
Par an. Ce petit homme,étant teneur de livres 6+6 a
Dans la blonde Marseille,au pays du mistral, 6+6 b
Fit des faux. Le voiciprocureur-général. 6+6 b
85 Celui-là, qui couraitla foire avec un singe, 6+6 a
Est député ; cet autre,ayant fort peu de linge, 6+6 a
Sur la pointe du piedentrait dans les logis 6+6 b
bâillait quelque armoireaux tiroirs élargis, 6+6 b
Et du bourgeois absentempruntait la tunique ; 6+6 a
90 Nul mortel n'a jamais,de façon plus cynique, 6+6 a
Assouvi le désirdes chemises d'autrui ; 6+6 b
Il était grinche hier,il est juge aujourd'hui. 6+6 b
Ceux-ci, quand il leur plt,chapelains de la clique, 6+6 a
Au saint-père accroupifont pondre une encyclique ; 6+6 a
95 Ce sont des gazetiersfort puissants en haut lieu, 6+6 b
Car ils sont les amisparticuliers de Dieu ; 6+6 b
Sachez que ces béats,quand ils parlent du temple 6+6 a
Comme de leur maison,n'ont pas tort ; par exemple, 6+6 a
J'ai toujours applaudiquand ils ont affecté 6+6 b
100 Avec les saints du cieldes airs d'intimité ; 6+6 b
Veuillot, certe, aurait puvivre avec saint Antoine, 6+6 a
Cet autre est généralcomme on serait chanoine, 6+6 a
Parce qu'il est très-graset qu'il a trois mentons. 6+6 b
Cet autre fut escroc.Cet autre eut vingt bâtons 6+6 b
105 Cassés sur lui. Cet autre,admirable canaille, 6+6 a
Quand la bise, en janvier,nous pince et nous tenaille, 6+6 a
D'une savate obliqueécrasant les talons, 6+6 b
Pour se garer du froidmettait deux pantalons 6+6 b
Dont les trous par bonheurn'étaient pas l'un sur l'autre. 6+6 a
110 Aujourd'hui, sénateur,dans l'empire il se vautre. 6+6 a
Je regrette le tempsque c'était dans l'égout. 6+6 b
Ce ventre a nom d'Hautpoul,ce nez a nom d'Argout ; 6+6 b
Ce prêtre, c'est la honteà l'état de prodige. 6+6 a
Passons vite. L'histoireabrège, elle rédige 6+6 a
115 Royer d'un coup de fouet,Mongis d'un coup de pied, 6+6 b
Et fuit. Royer se frotteet Mongis se rassied ; 6+6 b
Tout est dit. Que leur faitl'affront ? l'opprobre engraisse. 6+6 a
Quant au mtre qui haitles curieux, la presse, 6+6 a
La tribune, et ne veutpour son règne éclatant 6+6 b
120 Ni regards, ni témoins,il doit être content ; 6+6 b
Il a plus de succèsencor qu'il n'en exige : 6+6 a
César, devant sa cour,son pouvoir, son quadrige, 6+6 a
Ses lois, ses serviteursbrodés et galonnés, 6+6 b
Veut qu'on ferme les yeux ;on se bouche le nez. 6+6 b
125 Prenez ce Beauharnaiset prenez une loupe ; 6+6 a
Penchez-vous, regardezl'homme et scrutez la troupe ; 6+6 a
Vous n'y trouverez pasl'ombre d'un bon instinct. 6+6 b
C'est vil et c'est féroce.En eux l'homme est éteint ; 6+6 b
Et ce qui plonge l'âmeen des stupeurs profondes, 6+6 a
130 C'est la perfectionde ces gredins immondes. 6+6 a
À ce ramas se jointun tas d'affreux poussahs, 6+6 b
Un tas de Tribouletset de Sancho-Panças. 6+6 b
Sous vingt gouvernementsils ont palpé des sommes, 6+6 a
Aucune indigniténe manque à ces bonshommes ; 6+6 a
135 Rufins poussifs, Verrèsgoutteux, Séjans fourbus, 6+6 b
Selles à tout tyran,sénateurs omnibus. 6+6 b
On est l'ancien soudard,on est l'ancien bourgmestre ; 6+6 a
On tua Louis Seize,on vote avec de Maistre ; 6+6 a
Ils ont eu leur fauteuildans tous les Luxembourgs ; 6+6 b
140 Ayant vu les Maurys,ils sont faits aux Sibours ; 6+6 b
Ils sont gais et, contantleurs antiques bamboches, 6+6 a
Branlent leurs vieux gazonssur leurs vieilles caboches. 6+6 a
Ayant été, du tempsqu'ils avaient un cheveu, 6+6 b
Lâches sous l'oncle, ils sontabjects sous le neveu. 6+6 b
145 Gros mandarins chinoisadorant le tartare, 6+6 a
Ils apportent leur cœur,leur vertu, leur catarrhe, 6+6 a
Et prosternent, cagneux,devant sa majesté 6+6 b
Leur bassesse avachieen imbécillité. 6+6 b
Cette bande s'embrasseet se livre à des joies. 6+6 a
150 Bon ménage touchantdes vautours et des oies ! 6+6 a
Noirs empereurs romainscouchés dans les tombeaux, 6+6 b
Qui faisiez aux sénatsdiscuter les turbots, 6+6 b
Toi, dernière Lagide,ô reine au cou de cygne, 6+6 a
Prêtre Alexandre-Sixqui rêves dans ta vigne, 6+6 a
155 Despotes d'Allemagne,éclos dans le Rœmer, 6+6 b
Nemrod qui hais le ciel,Xercès qui bats la mer, 6+6 b
Caïphe qui tressasla couronne d'épines, 6+6 a
Claude après Messalineépousant Agrippine, 6+6 a
Caïus qu'on fit César,Commode qu'on fit Dieu, 6+6 b
160 Iturbide, Rosas,Mazarin. Richelieu, 6+6 b
Moines qui chassez Danteet brisez Galilée, 6+6 a
Saint-office, conseildes dix, chambre étoilée, 6+6 a
Parlements tout noircisde décrets et d'olims, 6+6 b
Vous sultans, les Mourads,les Achmets, les Sélims, 6+6 b
165 Rois qu'on montre aux enfantsdans tous les syllabaires, 6+6 a
Papes, ducs, empereurs,princes, tas de Tibères ! 6+6 a
Bourreaux toujours sanglants,toujours divinisés, 6+6 b
Tyrans ! enseignez-moi,si vous le connaissez, 6+6 b
Enseignez-moi le lieu,le point, la borne cessent 6+6 a
170 La lâcheté publiqueet l'humaine bassesse ! 6+6 a
Et l'archet frémissantfait bondir tout cela ! 6+6 b
Bal à l'hôtel-de-ville,au Luxembourg gala. 6+6 b
Allons, juges, dansezla danse de l'épée ! 6+6 a
Gambade, ô Dombidau,pour l'onomatopée ! 6+6 a
175 Polkez, Fould et Maupas,avec votre écriteau, 6+6 b
Toi, Persil-Guillotine,au profil de couteau ! 6+6 b
Ours que Boustrapa montreet qu'il tient par la sangle, 6+6 a
Valsez, Billault, Parieu,Drouyn, Lebœuf, Delangle ! 6+6 a
Danse, Dupin ! dansez,l'horrible et le bouffon ! 6+6 b
180 Hyènes, loups, chacals,non prévus par Buffon, 6+6 b
Leroy, Forey, tueursau fer rongé de rouilles, 6+6 a
Dansez ! dansez, Berger,d'Hautpoul, Murat, citrouilles. 6+6 a
Et l'on râle en exil,à Cayenne, à Blidah ! 6+6 b
Et sur le Duguesclin,et sur le Canada, 6+6 b
185 Des enfants de dix ans,brigands qu'on extermine, 6+6 a
Agonisent, brûlésde fièvre et de vermine ! 6+6 a
Et les mères, pleurantsous l'homme triomphant, 6+6 b
Ne savent même pas se meurt leur enfant ! 6+6 b
Et Samson repart,et sort de ses retraites ! 6+6 a
190 Et le soir, on entend,sur d'horribles charrettes 6+6 a
Qui traversent la villeet qu'on suit à pas lents, 6+6 b
Quelque chose sauterdans des paniers sanglants ! 6+6 b
Oh ! laissez ! laissez-moim'enfuir sur le rivage ! 6+6 a
Laissez-moi respirerl'odeur du flot sauvage ! 6+6 a
195 Jersey rit, terre libre,au sein des sombres mers ; 6+6 b
Les genêts sont en fleur,l'agneau pt les prés verts ; 6+6 b
L'écume jette aux rocsses blanches mousselines ; 6+6 a
Par moments appart,au sommet des collines, 6+6 a
Livrant ses crins éparsau vent âpre et joyeux, 6+6 b
200 Un cheval effaréqui hennit dans les cieux. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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