Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_16/HUG230
Victor HUGO
LES VOIX INTÉRIEURES
1837
À VIRGILE
VII
O Virgile ! ô poète ! | ô mon maître divin ! 6+6 a
Viens, quittons cette ville | au cri sinistre et vain, 6+6 a
Qui, géante, et jamais | ne fermant la paupière, 6+6 b
Presse un flot écumant | entre ses flancs de pierre, 6+6 b
5 Lutèce, si petite | au temps de tes Césars, 6+6 a
Et qui jette aujourd'hui, | cité pleine de chars, 6+6 a
Sous le nom éclatant | dont le monde la nomme, 6+6 b
Plus de clarté qu'Athène | et plus de bruit que Rome. 6+6 b
Pour toi qui dans les bois | fais, comme l'eau des cieux, 6+6 a
10 Tomber de feuille en feuille | un vers mystérieux, 6+6 a
Pour toi dont la pensée | emplit ma rêverie, 6+6 b
J'ai trouvé dans une ombre | où rit l'herbe fleurie, 6+6 b
Entre Buc et Meudon, | dans un profond oubli, 6+6 a
— Et quand je dis Meudon, | suppose Tivoli ! — 6+6 a
15 J'ai trouvé, mon poète, | une chaste vallée 6+6 b
À des coteaux charmants | nonchalamment mêlée, 6+6 b
Retraite favorable | à des amants cachés, 6+6 a
Faite de flots dormants | et de rameaux penchés, 6+6 a
Où midi baigne en vain | de ses rayons sans nombre 6+6 b
20 La grotte et la forêt, | frais asiles de l'ombre ! 6+6 b
Pour toi je l'ai cherchée, | un matin, fier, joyeux, 6+6 a
Avec l'amour au cœur | et l'aube dans les yeux ; 6+6 a
Pour toi je l'ai cherchée, | accompagné de celle 6+6 b
Qui sait tous les secrets | que mon âme recèle, 6+6 b
25 Et qui, seule avec moi | sous les bois chevelus, 6+6 a
Serait ma Lycoris | si j'étais ton Gallus. 6+6 a
Car elle a dans le cœur | cette fleur large et pure, 6+6 b
L'amour mystérieux | de l'antique nature ! 6+6 b
Elle aime comme nous, | maître, ces douces voix, 6+6 a
30 Ce bruit de nids joyeux | qui sort des sombres bois, 6+6 a
Et, le soir, tout au fond | de la vallée étroite, 6+6 b
Les coteaux renversés | dans le lac qui miroite, 6+6 b
Et, quand le couchant morne | a perdu sa rougeur, 6+6 a
Les marais irrités | des pas du voyageur, 6+6 a
35 Et l'humble chaume, et l'antre | obstrué d'herbe verte, 6+6 b
Et qui semble une bouche | avec terreur ouverte, 6+6 b
Les eaux, les prés, les monts, | les refuges charmants, 6+6 a
Et les grands horizons | pleins de rayonnements ! 6+6 a
Maître ! puisque voici | la saison des pervenches, 6+6 b
40 Si tu veux, chaque nuit, | en écartant les branches, 6+6 b
Sans éveiller d'échos | à nos pas hasardeux, 6+6 a
Nous irons tous les trois, | c'est-à-dire tous deux, 6+6 a
Dans ce vallon sauvage, | et de la solitude, 6+6 b
Rêveurs, nous surprendrons | la secrète attitude. 6+6 b
45 Dans la brune clairière | où l'arbre au tronc noueux 6+6 a
Prend le soir un profil | humain et monstrueux, 6+6 a
Nous laisserons fumer, | à côté d'un cytise, 6+6 b
Quelque feu qui s'éteint | sans pâtre qui l'attise, 6+6 b
Et, l'oreille tendue | à leurs vagues chansons, 6+6 a
50 Dans l'ombre, au clair de lune, | à travers les buissons, 6+6 a
Avides, nous pourrons | voir à la dérobée 6+6 b
Les satyres dansants | qu'imite Alphésibée. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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