Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_15/HUG14
Victor HUGO
PREMIÈRES PUBLICATIONS
(à l'exception des pièces recueillies dans les Odes et Ballades)
1819-1820
DISCOURS
SUR LES AVANTAGES
DE L'ENSEIGNEMENT MUTUEL
Agmine partito fulgent,
paribuffle magistris.
VIRG.
Je ris quand chaque soir | de l'école voisine 6+6 a
Sort et s'échappe en foule | une troupe enfantine, 6+6 a
Quand j'entends sur le seuil | le sévère Mentor 6+6 b
Dont les derniers avis | les poursuivent encor : 6+6 b
5 « Hâtez-vous, il est tard, | vos mères vous attendent !… » 6+6 a
Inutiles clameurs | que les vents seuls entendent ! 6+6 a
Il rentre. Alors la bande, | avec des cris aigus, 6+6 b
Se sépare, oubliant | les ordres de l'Argus ; 6+6 b
Les uns courent sans peur, | pendant qu'il fait un somme, 6+6 a
10 Simuler des assauts | sur le foin du bon homme ; 6+6 a
D'autres, jusqu'en leurs nids, | surprennent les oiseaux 6+6 b
Qui le soir le charmaient, | errant sous ses berceaux ; 6+6 b
Ou, se glissant sans bruit, | vont voir avec mystère, 6+6 a
S'ils ont laissé des noix | au clôs du presbytère. 6+6 a
15 Sans doute vous blâmez | tous ces jeux dont je ris. 6+6 b
Mais Montaigne, en songeant | qu'il naquit dans Paris, 6+6 b
Vantait son air impur, | la fange de ses rues, 6+6 a
Montaigne aimait Paris | jusque dans ses verrues ; 6+6 a
J'ai passé par l'enfance, | et cet âge chéri 6+6 b
20 Plaît, même en ses écarts, | à mon cœur attendri. 6+6 b
Je ne sais : mais pour moi | sa naïve ignorance 6+6 a
Couvre encor ses défauts | d'un voile d'innocence. 6+6 a
Le lierre des rochers | déguise le contour, 6+6 b
Et tout paraît charmant | aux premiers feux du jour. 6+6 b
25 Âge enchanteur où l'âme, | étrangère à l'envie, 6+6 a
Se prépare en riant | aux douleurs de la vie, 6+6 a
Prend son penchant pour guide, | et, simple en ses transports, 6+6 b
Fait le bien sans orgueil | et le mal sans remords ! 6+6 b
Oh ! si le sort aveugle, | à tous mes vœux propice, 6+6 a
30 M'eût permis d'être heureux | au gré de mon caprice, 6+6 a
Horace, ton ruisseau, | ton champ, ton petit bois, 6+6 b
Ne m'auraient point suffi | pour être égal aux rois ; 6+6 b
J'aurais encor voulu, | près de mon toit agreste, 6+6 a
Ouvrir aux fils du pauvre | une école modeste, 6+6 a
35 Et, parmi ces enfants, | tous soumis à ma loi, 6+6 b
J'aurais rêvé des jours | qui ne sont plus pour moi. 6+6 b
Enfants, rassurez-vous : | mon front n'est point sévère, 6+6 a
Je veux surtout qu'on m'aime | et peu qu'on nie révère ; 6+6 a
Je n'aurais pas été | ce magister jaloux, 6+6 b
40 Pédant gonflé de morgue | et bouffi de courroux, 6+6 b
Qui semble, en ses sermons | toujours tristes et graves, 6+6 a
Le Vieux de la Montagne | instruisant ses esclaves. 6+6 a
La peur préside seule | à ses vaines leçons, 6+6 b
Il gronde sur un mot, | punit sur des soupçons, 6+6 b
45 Et souvent, à mentir | vous contraignant d'avance, 6+6 a
Détruit votre candeur | et non votre ignorance. 6+6 a
Loin de moi ce vieux fou, | despote triomphant, 6+6 b
Qui ne se souvient plus | qu'il fut jadis enfant, 6+6 b
Et, foulant sous son joug | la jeunesse asservie, 6+6 a
50 Flétrit d'un souffle impur | les roses de la vie ! 6+6 a
Enfants, vous en riez : | mais vos pleurs chaque soir 6+6 b
Par leur trace récente | attestent son pouvoir. 6+6 b
Pour moi, j'aurais voulu, | troupe aimable et joyeuse, 6+6 a
Vous faire un doux plaisir | d'une étude ennuyeuse, 6+6 a
55 J'aurais, d'un nouvel art | empruntant le secours, 6+6 b
Su rendre vos travaux | moins tristes et plus courts ; 6+6 b
Je vous aurais laissé | le soin de vous instruire, 6+6 a
Et ma classe eût offert | l'image d'un empire. 6+6 a
Roi, j'aurais dispensé | les rangs et les emplois, 6+6 b
60 J'aurais dit à chacun : | cherche à fixer mon choix, 6+6 b
Parmi tes compagnons | hâte-toi de paraître, 6+6 a
Sois d'abord leur vainqueur, | tu deviendras leur maître. 6+6 a
Alors j'aurais pu voir | tous ces jeunes rivaux 6+6 b
Disputer sous mes yeux | de zèle et de travaux. 6+6 b
65 Fier d'un titre conquis, | tantôt le plus habile 6+6 a
Guide des moins savants | la phalange docile ; 6+6 a
Et tantôt l'ignorant, | par un juste retour, 6+6 b
Grâce à lui, prend sa place | et l'instruit à son tour. 6+6 b
Ainsi ce roi fameux, | vengeur des Scandinaves, 6+6 a
70 Don Quichotte du nord | et neveu des Gustaves, 6+6 a
Qui troubla la Vistule, | épouvanta Revel, 6+6 b
Et, grâce au vieux Voltaire, | est sûr d'être immortel, 6+6 b
Charle, au plus grand des Czars, | son rival dans l'histoire, 6+6 a
À force de le vaincre, | enseigna la victoire. 6+6 a
75 Répondez, mes amis : | il doit vous être doux 6+6 b
D'avoir pour seuls mentors | des enfants comme vous ; 6+6 b
Leur âge, leur humeur, | leurs plaisirs sont les vôtres ; 6+6 a
Et ces vainqueurs d'un jour, | demain vaincus par d'autres, 6+6 a
Sont, tour à tour parés | de modestes rubans, 6+6 b
80 Vos égaux dans vos jeux, | vos maîtres sur les bancs. 6+6 b
Muets, les yeux fixés | sur vos heureux émules, 6+6 a
Vous n'êtes point distraits | par la peur des férules ; 6+6 a
Jamais un fouet vengeur, | effrayant vos esprits, 6+6 b
Ne vous fait oublier | ce qu'ils vous ont appris ; 6+6 b
85 J'écoute mal un sot | qui veut que je le craigne, 6+6 a
Et je sais beaucoup mieux | ce qu'un ami m'enseigne. 6+6 a
Ainsi, charmante Églé, | par toi souvent instruit, 6+6 b
De tes douces leçons | je recueille le fruit ; 6+6 b
Tantôt, quand le printemps | rend aux bosquets leurs ombres, 6+6 a
90 Nous parcourons tous deux | tes jardins déjà sombres ; 6+6 a
Là, botaniste aimable, | en me montrant tes fleurs, 6+6 b
Tu m'apprends leurs vertus, | leurs races, leurs couleurs, 6+6 b
Et mon cœur, attentif | à des leçons si chères, 6+6 a
Retient surtout les noms | des fleurs que tu préfères ; 6+6 a
95 Tantôt, domptant d'un mot | mon orgueil aux abois, 6+6 b
Ta main d'un fil léger | embarrasse mes doigts, 6+6 b
Tu m'apprends à parer | la gaze transparente 6+6 a
De ces dessins, tracés | par l'aiguille savante, 6+6 a
Et souvent tu souris, | quand j'ai, tant bien que mal, 6+6 b
100 Enrichi d'un feston | ton voile virginal. 6+6 b
Mais aussi quelquefois, | si la mélancolie 6+6 a
Remplace dans ton cœur | l'attrayante folie, 6+6 a
Tu t'assieds près de moi | sous des bocages verts, 6+6 b
Et ton tendre regard | me demande des vers. 6+6 b
105 Alors, ô mon Églé, | si je saisis ma lyre, 6+6 a
Mon ardeur te transporte | et ma verve t'inspire ; 6+6 a
Tu chantes, et j'admire, | à mon tour étonné, 6+6 b
Un talent qui me manque | et que je t'ai donné. 6+6 b
Ô force de l'exemple, | invincible magie ! 6+6 a
110 Voyez ce Czar, fameux | par sa mâle énergie, 6+6 a
Pierre, pour éclairer | ses peuples ignorants, 6+6 b
Descendre à leur niveau, | se mêler dans leurs rangs. 6+6 b
D'abord, peu soucieux | de sa grandeur suprême, 6+6 a
Dans les arts qu'il leur montre | il s'est instruit lui-même ; 6+6 a
115 On l'a vu, tour à tour | despote et charpentier, 6+6 b
En sortant d'un palais | entrer dans un chantier, 6+6 b
Boire avec un marin, | serrer la main des princes, 6+6 a
Et des arts de l'Europe | enrichir ses provinces. 6+6 a
Jaloux de tant de rois | dominateurs des mers, 6+6 b
120 Le Czar avec douleur | a vu ses ports déserts, 6+6 b
Il lui faut des vaisseaux : | lui-même il les commence, 6+6 a
Et sur un frêle esquif | fonde une flotte immense*. 6+6 a
Il ne peut, méprisé | des autres potentats, 6+6 b
D'un rempart de guerriers | entourer ses états ; 6+6 b
125 Ses Calmoucks, ses Baskirs, | phalanges voyageuses, 6+6 a
Ne quittent qu'à regret | leurs cavernes fangeuses, 6+6 a
Et, marchant en désordre, | et sans chefs et sans lois, 6+6 b
Fuiraient au seul aspect | d'un grenadier hongrois. 6+6 b
Le Czar veut se créer | une invincible armée, 6+6 a
130 Ce grand projet domine | en son âme enflammée, 6+6 a
Rien ne lui coûte, et, loin | des pompes de sa cour, 6+6 b
Pour former ses soldats, | le Czar se fait tambour. 6+6 b
C'est ainsi que, chassant | l'ignorance endurcie, 6+6 a
L'exemple d'un seul homme | éveilla la Russie. 6+6 a
135 Le dirai-je ? à Canton, | fameux par son savoir, 6+6 b
Un Chinois de l'exemple | a connu le pouvoir. 6+6 b
Ce sage, méprisant | tous nos arts inutiles, 6+6 a
De la mode et du goût | colifichets futiles, 6+6 a
Crut devoir réserver | aux plus augustes mains 6+6 b
140 L'art, dédaigné chez nous, | qui nourrit les humains. 6+6 b
Dès qu'un prince nouveau | va monter sur le trône, 6+6 a
Le Sénat le conduit | aux bords du Fleuve Jaune ; 6+6 a
Là, pressant deux taureaux | d'un royal aiguillon, 6+6 b
L'empereur dans la terre | ouvre un large sillon, 6+6 b
145 Et, sous les yeux ravis | de la foule accourue, 6+6 a
Unit d'un nœud sacré | le sceptre et la charrue. 6+6 a
Mais, du bon Yorick | imitant les écarts, 6+6 b
Vais-je chanter la Chine | et l'empire des Czars ? 6+6 b
Oh ! non reviens, ma muse, | admirer mon école. 6+6 a
150 Là, j'ai mis de Jésus | le sublime symbole, 6+6 a
J'ai rempli ses désirs, | car sa touchante loi 6+6 b
Dit : « Laissez les enfants | approcher jusqu'à moi. » 6+6 b
Au-dessous est ma table, | et plus loin sont placées 6+6 a
De mes jeunes sujets | les banquettes pressées ; 6+6 a
155 Ces cartes, ces tableaux | dont les murs sont couverts 6+6 b
Portent des premiers mots | les mélanges divers, 6+6 b
Et l'enfant, qui les voit, | aisément s'initie 6+6 a
Aux arts que nous légua | l'antique Phénicie. 6+6 a
Mais l'instant est venu : | tu vas voir sous tes yeux, 6+6 b
160 Au temple de l'étude | entrer l'essaim joyeux. 6+6 b
Leur chef marche à leur tête | en marquant la cadence, 6+6 a
Et chacun sur son banc | vient s'asseoir en silence. 6+6 a
Tout se tait ; mais bientôt | leur voix s'élève en chœur, 6+6 b
Leur douce voix demande | à ce Dieu protecteur, 6+6 b
165 Qui parmi les Vertus | compte l'humble Espérance, 6+6 a
De longs jours pour le roi, | de beaux jours pour la France. 6+6 a
La prière a cessé ; | chacun avec ardeur 6+6 b
Recommence un travail | qu'il quitta sans tiédeur ; 6+6 b
D'abord le maître dicte, | et leur main exercée 6+6 a
170 Sur l'ardoise fragile | a transcrit sa pensée. 6+6 a
Le plus faible au combat | provoque les plus forts ; 6+6 b
Souvent son jeune chef, | couronnant ses efforts, 6+6 b
Compare les essais, | sourit, et lui désigne 6+6 a
Le rang plus glorieux | dont il s'est rendu digne. 6+6 a
175 Mon tour vient : je dispense, | en mon dernier coup d'œil, 6+6 b
Le blâme avec regret, | l'éloge avec orgueil. 6+6 b
On se lève… entends-tu | la crécelle sonore 6+6 a
À de nouveaux combats | les appeler encore ? 6+6 a
Regarde. Ils vont s'apprendre, | en d'aimables leçons, 6+6 b
180 Ces signes variés | qui peignent tous les sons. 6+6 b
Au milieu d'eux se place, | en sa chaire mobile, 6+6 a
Leur Aristarque, armé | de son sceptre fragile ; 6+6 a
Vois-les, près d'un tableau, | sans dégoûts, sans ennuis, 6+6 b
Corrigés l'un par l'autre, | et l'un par l'autre instruits ; 6+6 b
185 Vois de quel air chacun, | bouillant d'impatience, 6+6 a
Quand son rival s'égare, | étale sa science ; 6+6 a
Ce soir il s'ornera | d'un ruban bien acquis, 6+6 b
Et son regard dira : | c'est moi qui l'ai conquis. 6+6 b
Êtres intéressants, | meilleurs que nous ne sommes, 6+6 a
190 Enfants, pourquoi faut-il | que vous deveniez hommes ? 6+6 a
Pourquoi faut-il qu'un jour | vous soyez, comme nous, 6+6 b
Esclaves ou tyrans, | enviés ou jaloux ? 6+6 b
Vous qui, les yeux fixés | sur un gros caractère, 6+6 a
L'imitez vainement | sur l'arène légère, 6+6 a
195 Et voyez chaque fois, | malgré vos soins nouveaux, 6+6 b
Le cylindre fatal | effacer vos travaux, 6+6 b
Ce triste passe-temps, | mes enfants, c'est la vie. 6+6 a
Un jour, vers le bonheur | tournant un œil d'envie, — 6+6 a
Vous ferez comme moi, | sur ce modèle heureux, 6+6 b
200 Bien des projets charmants, | bien des plans généreux ; 6+6 b
Et puis viendra le sort | dont la main inquiète 6+6 a
Détruira dans un jour | votre ébauche imparfaite. 6+6 a
Croissez pourtant, croissez : | — que l'ardeur des succès 6+6 b
Vous montre de bonne heure | à devenir français. 6+6 b
205 Enfants, instruisez-vous ; | le savoir' vous honore. 6+6 a
L'art que je vous enseigne | est peu de chose encore ; 6+6 a
Mais pour dissiper l'ombre | il suffit d'un éclair, 6+6 b
Et le sable grossier | peut dérouiller le fer. 6+6 b
Apprenez à penser ; | votre noble industrie, 6+6 a
210 Des dons que je vous fais | doit compte à la patrie ; 6+6 a
Ah ! faites-lui puiser, | séchant ses pleurs sanglants, 6+6 b
La paix dans vos vertus, | la gloire en vos talents. 6+6 b
Écoutez : autrefois | les nations rivales 6+6 a
Disaient : « Dans les beaux arts | la France est sans égales ; 6+6 a
215 » Mais, seules, nous brûlons | de ce feu créateur 6+6 b
» Des secrets d'Uranie | immortel inventeur ; 6+6 b
» Fust, Newton, n'étaient point | de ces têtes légères… » 6+6 a
Savez-vous, mes amis, | comment ont fait nos frères ? 6+6 a
L'un sut, d'un air subtil, | gonfler le vaste sein 6+6 b
220 D'un globe, compagnon | de son hardi dessein ; 6+6 b
Et dans le ciel ouvert | planant avec audace, 6+6 a
Conquit, Titan nouveau, | l'empire de l'espace ; 6+6 a
Et quand l'Europe encor, | de jeu frivole et vain 6+6 b
Osa, dans son dépit, | taxer cet art divin, 6+6 b
225 La France, en attendant | que l'avenir prononce, 6+6 a
Aux plaines de Fleurus | confia sa réponse. 6+6 a
Un autre, à la vapeur | ouvrant d'étroits canaux, 6+6 b
Comprima ses élans | dans d'énormes fourneaux, 6+6 b
Et, fixant à leurs flancs | deux orbes tutélaires, 6+6 a
230 Fit marcher sur les flots | nos flottantes galères. 6+6 a
Grâce à lui, les vaisseaux, | changés en chars mouvants, 6+6 b
Peuvent fuir les écueils | et se jouer des vents. 6+6 b
Sans doute à ce bel art, | qui brave les tempêtes, 6+6 a
Le commerce devra | de nouvelles conquêtes ; 6+6 a
235 Pour le rendre parfait | nos savants vont s'unir ; 6+6 b
Et peut-être on verra, | dans les temps à venir, 6+6 b
Voguer dans l'air, courir | sur les mers écumantes, 6+6 a
Nos bataillons volants | et nos flottes fumantes. 6+6 a
Imitez, mes amis, | dans vos futurs essais, 6+6 b
240 Ces exemples fameux, | vengeurs du nom français. 6+6 b
Il en est parmi vous, | puis-je ne le pas croire ? 6+6 a
Qu'un jour tourmentera | le démon de la gloire, 6+6 a
Qui, nourris dans l'échoppe | ou sortis des hameaux, 6+6 b
A nos anciens lauriers | joindront quelques rameaux, 6+6 b
245 Éclairciront leur astre | entouré de ténèbres, 6+6 a
Et, s'ils sont nés obscurs, | sauront mourir célèbres. 6+6 a
Les uns, chantant des rois | les tragiques revers, 6+6 b
Du grand Corneille éteint | nous rendront les beaux vers ; 6+6 b
Les autres, d'un bras sûr, | géants de nos tribunes, 6+6 a
250 Pousseront loin de nous | le char des infortunes, 6+6 a
Guideront nos guerriers ; | ou, protégeant les lys, 6+6 b
Pour nos Henris nouveaux | seront d'autres Sullys. 6+6 b
Pour moi, qui, le premier, | dans votre âme ingénue 6+6 a
Éveillai des talents | l'étincelle inconnue, 6+6 a
255 En frémissant pour vous | des caprices du sort, 6+6 b
D'un regard étonné | je suivrai votre essor ; 6+6 b
Et, tandis que vos nerfs | braveront le naufrage, 6+6 a
Moi, dans mon humble asile, | à l'abri de l'orage, 6+6 a
J'irai de mes aïeux | retrouver les cercueils, 6+6 b
260 Sans avoir fui le port | ni tenté les écueils. 6+6 b
Ainsi, sans le savoir, | quand la poule fidèle 6+6 a
Couve l'œuf étranger | de l'humide sarcelle ; 6+6 a
Tendre mère, elle tremble, | alors qu'à peine éclos, 6+6 b
Ses poussins chancelants | s'élancent dans les flots ; 6+6 b
265 Triste, elle suit de l'œil | leur troupe inattentive, 6+6 a
S'alarme, les admire, | et reste sur la rive. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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