Métrique en Ligne
HUG_12/HUG965
Victor HUGO
l'Art d'être grand-père
1877
XVIII
QUE LES PETITS LIRONT
QUAND ILS SERONT GRANDS
II
PERSÉVÉRANCE
N'importe. Allons au but, continuons. Les choses, 6+6 a
Quand l'homme tient la clef, ne sont pas longtemps closes. 6+6 a
Peut-être qu'elle-même, ouvrant ses pâles yeux, 6+6 b
La nuit, lasse du mal, ne demande pas mieux 6+6 b
5 Que de trouver celui qui saura la convaincre. 6+6 a
Le devoir de l'obstacle est de se laisser vaincre. 6+6 a
L'obscurité nous craint et recule en grondant 6+6 b
Regardons les penseurs de l'âge précédent, 6+6 b
Ces héros, ces géants qu'une même âme anime, 6+6 a
10 Détachés par la mort de leur travail sublime, 6+6 a
Passer, les pieds poudreux et le front étoilé ; 6+6 b
Saluons la sueur du relais dételé ; 6+6 b
Et marchons. Nous aussi, nous avons notre étape. 6+6 a
Le pied de l'avenir sur notre pavé frappe ; 6+6 a
15 En route ! Poursuivons le chemin commencé ; 6+6 b
Augmentons l'épaisseur de l'ombre du passé ; 6+6 b
Laissons derrière nous, et le plus loin possible, 6+6 a
Toute l'antique horreur de moins en moins visible. 6+6 a
Déjà le précurseur dans ces brumes brilla ; 6+6 b
20 Platon vint jusqu'ici, Luther a monté là ; 6+6 b
Voyez, de grands rayons marquent de grands passages ; 6+6 a
L'ombre est pleine partout du flamboiement des sages ; 6+6 a
Voici l'endroit profond où Pascal s'est penché. 6+6 b
Criant : gouffre ! Jean-Jacque où je marche a marché ; 6+6 b
25 C'est là que, s'envolant lui-même aux cieux, Voltaire, 6+6 a
Se sentant devenir sublime, a perdu terre, 6+6 a
Disant : Je vois ! ainsi qu'un prophète ébloui. 6+6 b
Luttons, comme eux ; luttons, le front épanoui ; 6+6 b
Marchons ! un pas qu'on fait, c'est un champ qu'on révèle ; 6+6 a
30 Déchiffrons dans les temps nouveaux la loi nouvelle ; 6+6 a
Le cœur n'est jamais sourd, l'esprit n'est jamais las, 6+6 b
Et la route est ouverte aux fiers apostolats. 6+6 b
Ô tous ! vivez, marchez, croyez ! soyez tranquilles. 6+6 a
— Mais quoi ! le râle sourd des discordes civiles, 6+6 a
35 Ces siècles de douleurs, de pleurs, d'adversités, 6+6 b
Hélas ! tous ces souffrants, tous ces déshérités, 6+6 b
Tous ces proscrits, le deuil, la haine universelle, 6+6 a
Tout ce qui dans le fond des âmes s'amoncelle, 6+6 a
Cela ne va-t-il pas éclater tout à coup ? 6+6 b
40 La colère est partout, la fureur est partout ; 6+6 b
Les cieux sont noirs ; voyez, regardez ; il éclaire ! — 6+6 a
Qu'est-ce que la fureur ? qu'importe la colère ? 6+6 a
La vengeance sera surprise de son fruit ; 6+6 b
Dieu nous transforme ; il a pour tâche en notre nuit 6+6 b
45 L'auguste avortement de la foudre en aurore. 6+6 a
Dieu prend dans notre cœur la haine et la dévore ; 6+6 a
Il se jette sur nous des profondeurs du jour, 6+6 b
Et nous arrache tout de l'âme, hors l'amour ; 6+6 b
Avec ce bec d'acier, la conscience, il plonge 6+6 a
50 Jusqu'à notre pensée et jusqu'à notre songe, 6+6 a
Fouille notre poitrine et, quoi que nous fassions, 6+6 b
Jusqu'aux vils intestins qu'on nomme passions ; 6+6 b
Il pille nos instincts mauvais, il nous dépouille 6+6 a
De ce qui nous tourmente et de ce qui nous souille ; 6+6 a
55 Et, quand il nous a faits pareils au ciel béni, 6+6 b
Bons et purs, il s'envole, et rentre à l'infini ; 6+6 b
Et, lorsqu'il a passé sur nous, l'âme plus grande 6+6 a
Sent qu'elle ne hait plus, et rend grâce, et demande : 6+6 a
Qui donc m'a prise ainsi dans ses serres de feu ? 6+6 b
60 Et croit que c'est un aigle, et comprend que c'est Dieu. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
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