Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_12/HUG922
Victor HUGO
l'Art d'être grand-père
1877
IV
LE POËME DU JARDIN DES PLANTES
V
ENCORE DIEU,
MAIS AVEC DES RESTRICTIONS
Quel beau lieu ! Là le cèdreavec l'orme chuchote, 6+6 a
L'âne est lyrique et sembleavoir vu Don Quichotte, 6+6 a
Le tigre en cage a l'aird'un roi dans son palais, 6+6 b
Les pachydermes sonteffroyablement laids ; 6+6 b
5 Et puis c'est littéraire,on rêve à des idylles 6+6 a
De Viennet en voyantbâiller les crocodiles. 6+6 a
Là, pendant qu'au babouinla singesse se vend, 6+6 b
Pendant que le baudetcontemple le savant, 6+6 b
Et que le vautour faitau hibou bon visage, 6+6 a
10 Certes, c'est un emploidu temps digne d'un sage 6+6 a
De s'en aller songerdans cette ombre, parmi 6+6 b
Ces arbres pleins de nids, tout semble endormi 6+6 b
Et veille, le refusconsent, l'amour lutte, 6+6 a
Et d'écouter le vent,ce doux joueur de flûte. 6+6 a
15 Apprenons, laissons faire,aimons, les cieux sont grands ; 6+6 b
Et devenons savants,et restons ignorants. 6+6 b
Soyons sous l'infinides auditeurs honnêtes ; 6+6 a
Rien n'est muet ni sourd ;voyons le plus de bêtes 6+6 a
Que nous pouvons ; tironspartie de leurs leçons. 6+6 b
20 Parce qu'autour de noustout rêve, nous pensons. 6+6 b
L'ignorance est un peusemblable à la prière ; 6+6 a
L'homme est grand par devantet petit par derrière ; 6+6 a
C'est, d'Euclide à Newton,de Job à Réaumur, 6+6 b
Un indiscret qui veutvoir par-dessus le mur, 6+6 b
25 Et la nature, au fondtrès moqueuse, paraphe 6+6 a
Notre science avecle cou de la girafe. 6+6 a
Tâchez de voir, c'est bien.Épiez. Notre esprit 6+6 b
Pousse notre scienceà guetter ; Dieu sourit, 6+6 b
Vieux malin.
Je l'ai dit,Dieu prête à la critique. 6+6 a
30 Il n'est pas sobre. Il estdébordant, frénétique, 6+6 a
Inconvenant ; icile nain, là leant, 6+6 b
Tout à la fois ; énorme ;il manque deant. 6+6 b
Il abuse du gouffre,il abuse du prisme. 6+6 a
Tout, c'est trop. Son soleilva jusqu'au gongorisme ; 6+6 a
35 Lumière outrée. Oui, Dieuvraiment est inégal ; 6+6 b
Ici la Sibérie,et là le Sénégal ; 6+6 b
Et partout l'antithèse !il faut qu'on s'y résigne ; 6+6 a
S'il fait noir le corbeau,c'est qu'il fit blanc le cygne ; 6+6 a
Aujourd'hui Dieu nous gèle,hier il nous chauffait. 6+6 b
40 Comme à l'académieon lui dirait son fait ! 6+6 b
Que nous veut la comète ?À quoi sert le bolide ? 6+6 a
Quand on est un pédantsérieux et solide, 6+6 a
Plus on est ébloui,moins on est satisfait ; 6+6 b
La férule à Batteux,le sabre à Galifet 6+6 b
45 Ne tolèrent pas Dieusans quelque impatience ; 6+6 a
Dieu trouble l'ordre ; il metsur les dents la science ; 6+6 a
À peine a-t-on finiqu'il faut recommencer ; 6+6 b
Il semble que l'on sentdans la main vous glisser 6+6 b
On ne sait quel serpenttout écaillé d'aurore. 6+6 a
50 Dès que vous avez dit :assez ! il dit : encore ! 6+6 a
Ce démagogue donneau pauvre autant de fleurs 6+6 b
Qu'au riche ; il ne sait passe borner ; ses couleurs, 6+6 b
Ses rayons, ses éclairs,c'est plus qu'on ne souhaite. 6+6 a
Ah ! tout cela fait malaux yeux ! dit la chouette. 6+6 a
Et la chouette, c'estla sagesse.
55 Il est sûr 6+6 b
Que Dieu taille à son gréle monde en plein azur ; 6+6 b
Il mêle l'ironieà son tonnerre épique ; 6+6 a
Si l'on plane il foudroieet si l'on broute il pique. 6+6 a
(Je ne m'étonne pasque Planche t l'air piqué.) 6+6 b
60 Le vent, voix sans raison,sorte de bruit manqué, 6+6 b
Sans jamais s'expliqueret sans jamais conclure, 6+6 a
Rabâche, et l'océann'est pas exempt d'enflure. 6+6 a
Quant à moi, je serais,j'en fais ici l'aveu, 6+6 b
Curieux de savoirce que diraient de Dieu, 6+6 b
65 Du monde qu'il régit,du ciel qu'il exagère, 6+6 a
De l'infini, sinistreet confuse étagère, 6+6 a
De tout ce que ce Dieuprodigue, des amas 6+6 b
D'étoiles de tout genreet de tous les formats, 6+6 b
De sa façon d'emplird'astres le télescope, 6+6 a
70 Nonotte et Bacularddans le café Procope. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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