Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_10/HUG166
Victor HUGO
Les feuilles d'automne
1831
XXIII
Quien no ama, no vive.
Oh ! qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage, 6+6 a
Si jamais vous n'avez épié le passage, 6+6 a
Le soir, d'un pas léger, d'un pas mélodieux, 6+6 b
D'un voile blanc qui glisse et fuit dans les ténèbres, 6+6 c
5 Et, comme un météore au sein des nuits funèbres, 6+6 c
Vous laisse dans le cœur un sillon radieux ; 6+6 b
Si vous ne connaissez que pour l'entendre dire 6+6 a
Au poète amoureux qui chante et qui soupire, 6+6 a
Ce suprême bonheur qui fait nos jours dorés, 6+6 b
10 De posséder un cœur sans réserve et sans voiles, 6+6 c
De n'avoir pour flambeaux, de n'avoir pour étoiles, 6+6 c
De n'avoir pour soleils que deux yeux adorés ; 6+6 b
Si vous n'avez jamais attendu, morne et sombre, 6+6 a
Sous les vitres d'un bal qui rayonne dans l'ombre, 6+6 a
15 L'heure où pour le départ les portes s'ouvriront, 6+6 b
Pour voir votre beauté, comme un éclair qui brille, 6+6 c
Rose avec des yeux bleus et toute jeune fille, 6+6 c
Passer dans la lumière avec des fleurs au front ; 6+6 b
Si vous n'avez jamais senti la frénésie 6+6 a
20 De voir la main qu'on veut par d'autres mains choisie, 6+6 a
De voir le cœur ai battre sur d'autres cœurs ; 6+6 b
Si vous n'avez jamais vu d'un œil de colère 6+6 c
La valse impure, au vol lascif et circulaire, 6+6 c
Effeuiller en courant les femmes et les fleurs ; 6+6 b
25 Si jamais vous n'avez descendu les collines, 6+6 a
Le cœur tout débordant d'émotions divines ; 6+6 a
Si jamais vous n'avez, le soir, sous les tilleuls, 6+6 b
Tandis qu'au ciel luisaient des étoiles sans nombre, 6+6 c
Aspiré, couple heureux, la volupté de l'ombre, 6+6 c
30 Cachés, et vous parlant tout bas, quoique tout seuls ; 6+6 b
Si jamais une main n'a fait trembler la vôtre ; 6+6 a
Si jamais ce seul mot qu'on dit l'un après l'autre, 6+6 a
JE T'AIME ! n'a rempli votre âme tout un jour ; 6+6 b
Si jamais vous n'avez pris en pitié les trônes 6+6 c
35 En songeant qu'on cherchait les sceptres, les couronnes, 6+6 c
Et la gloire, et l'empire, et qu'on avait l'amour ! 6+6 b
La nuit, quand la veilleuse agonise dans l'urne, 6+6 a
Quand Paris, enfoui sous la brume nocturne 6+6 a
Avec la tour saxonne et l'église des Goths, 6+6 b
40 Laisse sans les compter passer les heures noires 6+6 c
Qui, douze fois, semant les rêves illusoires, 6+6 c
S'envolent des clochers par groupes inégaux ; 6+6 b
Si jamais vous n'avez, à l'heure où tout sommeille, 6+6 a
Tandis qu'elle dormait, oublieuse et vermeille, 6+6 a
45 Pleuré comme un enfant à force de souffrir, 6+6 b
Crié cent fois son nom du soir jusqu'à l'aurore, 6+6 c
Et cru qu'elle viendrait en l'appelant encore, 6+6 c
Et maudit votre mère, et désiré mourir ; 6+6 b
Si jamais vous n'avez senti que d'une femme 6+6 a
50 Le regard dans votre âme allumait une autre âme, 6+6 a
Que vous étiez charmé, qu'un ciel s'était ouvert, 6+6 b
Et que pour cette enfant, qui de vos pleurs se joue, 6+6 c
Il vous serait bien doux, d'expirer sur la roue ;… 6+6 c
Vous n'avez point aimé, vous n'avez point souffert ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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