Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_10/HUG155
Victor HUGO
Les feuilles d'automne
1831
XII
In God is all.
DEVISE DES SALTOUN.
Ô toi qui si longtemps | vis luire à mon côté 6+6 a
Le jour égal et pur | de la prospérité, 6+6 a
Toi qui, lorsque mon âme | allait de doute en doute, 6+6 b
Et comme un voyageur | te demandait sa route, 6+6 b
5 Endormis sur ton sein | tes rêves ténébreux, 6+6 a
Et pour toute raison | disais : Soyons heureux ! 6+6 a
Hélas ! ô mon amie, | hélas ! voici que l'ombre 6+6 b
Envahit notre ciel, | et que la vie est sombre ; 6+6 b
Voici que le malheur | s'épanche lentement 6+6 a
10 Sur l'azur radieux | de notre firmament ; 6+6 a
Voici qu'à nos regards | s'obscurcit et recule 6+6 b
Notre horizon, perdu | dans un noir crépuscule ; 6+6 b
Or, dans ce ciel, où va | la nuit se propageant, 6+6 a
Comme un œil lumineux, | vivant, intelligent, 6+6 a
15 Vois-tu briller là-bas | cette profonde étoile ? 6+6 b
Des milles vérités | que le bonheur nous voile, 6+6 b
C'est une qui paraît ! | c'est la première encor 6+6 a
Qui nous ait éblouis | de sa lumière d'or ! 6+6 a
Notre ciel, que déjà | la sombre nuit réclame, 6+6 b
20 N'a plus assez d'éclat | pour cacher cette flamme, 6+6 b
Et du sud, du couchant, | ou du septentrion, 6+6 a
Chaque ombre qui survient | donne à l'astre un rayon. 6+6 a
Et plus viendra la nuit, | et plus, à plis funèbres, 6+6 b
S'épaissiront sur nous | son deuil et ses ténèbres, 6+6 b
25 Plus, dans ce ciel sublime, | à nos yeux enchantés, 6+6 a
En foule apparaîtront | de splendides clartés ! 6+6 a
Plus nous verrons dans l'ombre, | où leur loi les rassemble, 6+6 b
Toutes les vérités | étinceler ensemble, 6+6 b
Et graviter autour | d'un centre impérieux, 6+6 a
30 Et rompre et renouer | leur cœur mystérieux ! 6+6 a
Cette fatale nuit, | que le malheur amène, 6+6 b
Fait voir plus clairement | la destinée humaine, 6+6 b
Et montre à ses deux bouts, | écrits en traits de feu, 6+6 a
Ces mots : Âme immortelle ! | éternité de Dieu ! 6+6 a
35 Car tant que luit le jour, | de son soleil de flamme 6+6 b
Il accable nos yeux, | il aveugle notre âme, 6+6 b
Et nous nous reposons | dans un doute serein 6+6 a
Sans savoir si le ciel | est d'azur ou d'airain. 6+6 a
Mais la nuit rend aux cieux | leurs étoiles, leurs gloires, 6+6 b
40 Candélabres que Dieu | pend à leurs voûtes noires. 6+6 b
L'œil dans leurs profondeurs | découvre à chaque pas 6+6 a
Mille mondes nouveaux | qu'il ne soupçonnait pas, 6+6 a
Soleils plus flamboyants, | plus chevelus dans l'ombre 6+6 b
Qu'en l'abîme sans fin | il voit luire sans nombre ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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