Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_1/HUG431
Victor HUGO
LES CONTEMPLATIONS
tome I
AUTREFOIS
1830-1843
LIVRE PREMIER
AURORE
XXIX
Halte en marchant
Une brume couvraitl'horizon ; maintenant, 6+6 a
Voici le clair midiqui surgit rayonnant ; 6+6 a
Le brouillard se dissouten perles sur les branches, 6+6 b
Et brille, diamant,au collier des pervenches. 6+6 b
5 Le vent souffle à traversles arbres, sur les toits 6+6 a
Du hameau noir cachantses chaumes dans les bois ; 6+6 a
Et l'on voit tressaillir,épars dans les ramées, 6+6 b
Le vague arrachementdes tremblantes fumées ; 6+6 b
Un ruisseau court dans l'herbe,entre deux hauts talus, 6+6 a
10 Sous l'agitationdes saules chevelus ; 6+6 a
Un orme, un hêtre, anciensdu vallon, arbres frères 6+6 b
Qui se donnent la maindes deux rives contraires, 6+6 b
Semblent, sous le ciel bleu,dire : A la bonne foi ! 6+6 a
L'oiseau chante son chantplein d'amour et d'effroi, 6+6 a
15 Et du frémissementdes feuilles et des ailes ; 6+6 b
L'étang luit sous le voldes vertes demoiselles. 6+6 b
Un bouge est là, montrant,dans la sauge et le thym, 6+6 a
Un vieux saint souriantparmi des brocs d'étain, 6+6 a
Avec tant de rayonset de fleurs sur la berge, 6+6 b
20 Que c'est peut-être un templeou peut-être une auberge. 6+6 b
Que notre bouche ait soif,ou que ce soit le cœur, 6+6 a
Gloire au Dieu bon qui tendla coupe au voyageur ! 6+6 a
Nous entrons. « Qu'avez-vous ?— Des œufs frais, de l'eau frche. » 6+6 b
On croit voir l'humble toiteffondré d'une crèche. 6+6 b
25 À la source du pré,qu'abrite un vert rideau, 6+6 a
Une enfant blonde allaremplir sa jarre d'eau, 6+6 a
Joyeuse et soulevantson jupon de futaine. 6+6 b
Pendant qu'elle plongeaitsa cruche à la fontaine, 6+6 b
L'eau semblait admirer,gazouillant doucement, 6+6 a
30 Cette belle petiteaux yeux de firmament. 6+6 a
Et moi, près du grand litdrapé de vieilles serges, 6+6 b
Pensif, je regardaisun Christ battu de verges. 6+6 b
Eh ! qu'importe l'outrageaux martyrs éclatants, 6+6 a
Affront de tous les lieux,crachat de tous les temps, 6+6 a
35 Vaine clameur d'aveugle,éternelle huée 6+6 b
la foule toujourss'est follement ruée ! 6+6 b
Plus tard, le vagabondflagellé devient Dieu. 6+6 a
Ce front noir et saignantsemble fait de ciel bleu, 6+6 a
Et, dans l'ombre, éclairantpalais, temple, masure, 6+6 b
40 Le crucifix blanchitet Jésus-Christ s'azure. 6+6 b
La foule un jour suivravos pas ; allez, saignez, 6+6 a
Souffrez, penseurs, des pleursde vos bourreaux baignés ! 6+6 a
Le deuil sacre les saints,les sages, les génies ; 6+6 b
La tremblante auréoleéclôt aux gémonies, 6+6 b
45 Et, sur ce vil marais,flotte, lueur du ciel, 6+6 a
Du cloaque de sangfeu follet éternel. 6+6 a
Toujours au même butle même sort ramène : 6+6 b
Il est, au plus profondde notre histoire humaine, 6+6 b
Une sorte de gouffre, viennent, tour à tour, 6+6 a
50 Tomber tous ceux qui sontde la vie et du jour, 6+6 a
Les bons, les purs, les grands,les divins, les célèbres, 6+6 b
Flambeaux échevelésau souffle des ténèbres ; 6+6 b
Là se sont engloutisles Dantes disparus, 6+6 a
Socrate, Scipion,Milton, Thomas Morus, 6+6 a
55 Eschyle, ayant aux mainsdes palmes frissonnantes. 6+6 b
Nuit d' l'on voit sortirleurs mémoires planantes ! 6+6 b
Car ils ne sont completsqu'après qu'ils sont déchus. 6+6 a
De l'exil d'Aristideau bûcher de Jean Huss, 6+6 a
Le genre humain pensif —c'est ainsi que nous sommes — 6+6 b
60 Rêve ébloui devantl'abîme des grands hommes. 6+6 b
Ils sont, telle est la loides hauts destins penchant, 6+6 a
Tes semblables, soleil !leur gloire est leur couchant ; 6+6 a
Et, fier Niagaradont le flot gronde et lutte, 6+6 b
Tes pareils : ce qu'ils ontde plus beau, c'est leur chute. 6+6 b
65 Un de ceux qui liaientJésus-Christ au poteau, 6+6 a
Et qui, sur son dos nu,jetaient un vil manteau, 6+6 a
Arracha de ce fronttranquille une poignée 6+6 b
De cheveux qu'inondaitla sueur résignée, 6+6 b
Et dit : « Je vais montrerà Caïphe cela ! » 6+6 a
70 Et, crispant son poing noir,cet homme s'en alla. 6+6 a
La nuit était venueet la rue était sombre ; 6+6 b
L'homme marchait ; soudain,il s'arrêta dans l'ombre, 6+6 b
Stupéfait, pâle, et commeen proie aux visions, 6+6 a
Frémissant ! — Il avaitdans la main des rayons. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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