Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
FER_1/FER1
Albert FERLAND
MÉLODIES POÉTIQUES
1893
VERS L'IDÉAL
LES ASTRES DANS LES CIEUX
OU
L'IDÉE DE LA GRANDEUR DE DIEU
C'est une belle nuit | à l'aspect grandiose, 6+6 a
Elle efface à nos yeux | tout être et toute chose, 6+6 a
Et, comme dans leur flux | les vastes océans, 6+6 b
Inonde les coteaux, | gravit les pics géants, 6+6 b
5 Sème au fond des lointains | le vague et le mystère, 6+6 a
Fait trembler les contours | et douter la lumière, 6+6 a
Dissimule, enveloppe, | en harmonisant tout, 6+6 b
Les rivages couchés | avec les monts debout. 6+6 b
Son ombre déployée, | ainsi qu'un large voile, 6+6 a
10 Se pare à chaque instant | sous un regard d'étoile, 6+6 a
Et, ravivant l'éther | qui paraissait terni, 6+6 b
De soleils escortée, | elle atteint l'infini. 6+6 b
C'est un spectacle auguste, | imposant, formidable, 6+6 a
Que voir l'embrasement | de l'incommensurable, 6+6 a
15 Abîme rayonnant | sous le regard de Dieu ! 6+6 b
Vaste temple d'azur | sans bornes sans milieu, 6+6 b
Au dôme immensément | déployé comme une aile, 6+6 a
Où la nuit accomplit | sa marche solennelle, 6+6 a
Épanche le sommeil | aux bons comme aux pervers, 6+6 b
20 Et fait taire la voix | du superbe univers ! 6+6 b
Oh ! la nuit Jéhovah | fait briller sa puissance, 6+6 a
Et frappe plus les cieux | de sa magnificence ! 6+6 a
Il me semble le voir, | majestueusement, 6+6 b
Entr'ouvrir l'infini | sous ses yeux flamboyant, 6+6 b
25 Faire un geste aux soleils, | ces rois de la lumière, 6+6 a
Dans son souffle vibrant | comme un peu de poussière. 6+6 a
Il leur dit : « Suivez-moi. | » Puis le grand Jéhovah, 6+6 b
Radieux, disparaît | et par l'éther s'en va. 6+6 b
Aussitôt à sa voix, | pressés, plus innombrables 6+6 a
30 Que tous les embryons, | les limons et les sables 6+6 a
Que les fleuves, les mers, | durant les siècles lourds, 6+6 b
Emportent dans leur lit | en poursuivant leur cours, 6+6 b
Les astres, les soleils | et les sphères ardentes 6+6 a
S'avancent dans l'espace | en troupes éclatantes. 6+6 a
35 Jéhovah dit toujours : | « Montez, montez plus haut. » 6+6 b
Et les mondes, tremblant | dans l'ombre du Très-Haut, 6+6 b
Vertigineusement | dévorent l'étendue, 6+6 a
Et, d'abîme en abîme | en leur course éperdue, 6+6 a
Comme avides d'espace | et de cieux plus profonds, 6+6 b
40 Ils enfoncent plus loin | leurs brûlants escadrons, 6+6 b
Franchissent les confins | de l'espace visible, 6+6 a
Gravissent ce que l'œil | nomme l'imperceptible, 6+6 a
Et, toujours poursuivant | l'ombre immense de Dieu, 6+6 b
Frappent de l'infini | les arcades de feu, 6+6 b
45 Escaladent, ravis, | les grands degrés de l'être, 6+6 a
Pour faire, en vieillissant, | qu'un seul pas de leur Maître. 6+6 a
Mondes, vous êtes grands | devant les yeux de l'homme, 6+6 b
Qui semble auprès de vous | qu'un misérable atome, 6+6 b
Vous êtes cependant | sous l'œil de l'Éternel 6+6 a
50 Plus petits qu'un ciron | près d'un faible mortel. 6+6 a
Le Seigneur vous a dit : | « Mes soleils et mes mondes, 6+6 b
Par le prolongement | de ces plaines profondes, 6+6 b
Gravissez sous mes pas | les beaux et vastes cieux, 6+6 a
Où je mis l'infini | pour éclipser aux yeux 6+6 a
55 Les abords embrasés | de mes larges royaumes ; 6+6 b
Gravitez dans mon souffle | ainsi que des atomes. » 6+6 b
Dieu parla. Puis soudain | les cieux se sont émus, 6+6 a
S'ouvrirent à sa voix | et l'on ne le vit plus. 6+6 a
Cependant l'Éternel, | le Dieu trois fois terrible, 6+6 b
60 N'a commencé qu'un pas | derrière l'invisible. 6+6 b
Et vous, astres de feu, | vous, mondes enflammés 6+6 a
Qu'un seul mot de sa voix | a dans le ciel semés, 6+6 a
Vous l'avez moins suivi | que les folles poussières 6+6 b
Suivent la jeune enfant | dans ses courses légères ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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