Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
FER_1/FER16
Albert FERLAND
MÉLODIES POÉTIQUES
1893
MÉLANCOLIES
RIMES AUTOMNALES
Adieu, les frais zéphyrs, | les aubes ravissantes 6+6 a
Qui font pâlir l'azur | et sourire les eaux ! 6+6 b
Adieu, source limpide | aux ondes jaillissantes 6+6 a
Et doux pleurs du matin | perlant sur les roseaux ! 6+6 b
5 Hélas ! les jours sereins | que l'aurore charmante 6+6 a
Enfante au bas des cieux | derrière l'horizon 6+6 b
Font place aux vastes pleurs | que roule la tourmente, 6+6 a
A la mauvaise humeur | de la triste saison. 6+6 b
Bientôt l'oiseau frileux | quittera nos rivages 6+6 a
10 En voyant sous l'autan | les bois se dégarnir, 6+6 b
Les brumes s'entasser | sur les rochers sauvages 6+6 a
Et l'homme méditer | et le ciel se ternir. 6+6 b
Déjà l'automne plane | au fond des cieux moroses, 6+6 a
Où le soleil est pâle | ainsi qu'un œil mourant, 6+6 b
15 Et le souffle hiémal | qui disperse les roses 6+6 a
Fait sangloter la feuille | au front du bois pleurant. 6+6 b
Une immense tristesse | assombrit la nature, 6+6 a
Qui gémit sur la terre | et râle dans les flots ; 6+6 b
À l'horrible aquilon, | qui gronde et les torture, 6+6 a
20 Le roc jette un soupir | et l'onde des sanglots. 6+6 b
Sous les cruels frimas | le flanc des monts frissonne, 6+6 a
Le fleuve va frémir | dans les immensités ; 6+6 b
Tout se lamente et souffre, | et le vent ne moissonne 6+6 a
Que pleurs dans les déserts | et cris dans les cités. 6+6 b
25 Plus d'un regard s'attriste | au fond des lointains vagues ; 6+6 a
L'oiseau dans les brouillards | sème un lugubre accent ; 6+6 b
Un funèbre accord naît | sous l'écume des vagues ; 6+6 a
Nul rayon ne reluit | dans le ciel pâlissant. 6+6 b
Durant ces jours de deuil, | qui meurent dans l'orage, 6+6 a
30 L'homme devient plus grave | et se plaît à songer ; 6+6 b
Il va souvent, pensif, | rêver sous quelque ombrage, 6+6 a
Écouter l'aquilon | qui vient tout ravager. 6+6 b
La nature l'émeut | par sa douleur immense : 6+6 a
Il ne peut s'empêcher | de pleurer, de frémir, 6+6 b
35 Car son cœur est sensible | et quand elle commence 6+6 a
A souffrir sous la bise | il commence à gémir. 6+6 b
C'est bon qu'il pleure ainsi | sous l'aquilon qui tonne, 6+6 a
Qu'il pense à son passé, | qu'il songe à l'avenir, 6+6 b
Que pour les morts il prie | et que le sombre automne 6+6 a
40 Lui dise qu'il verra | bientôt la mort venir. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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