MÉTRIQUE EN LIGNE

a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre

DUC_3/DUC102

Alexandre DUCROS

Les Étrivières

1867-1885

Deuxième Partie

(1870-1871)

Metz Livré !!!

	Quoi ! Metz après Sedan !│Judas après Cartouche !	6+6	a
	Bazaine après Napolé on	8	b
	Des infâmes, toujours !│Le mensonge à la bouche,	6+6	a
	Et dans le cœur la trahison !	8	b
5	Les destins veulent-ils│que la France succombe ?	6+6	a
	Quoi ! du livre des nati ons,	8	b
	Veulent-ils l'effacer│et murer dans la tombe,	6+6	a
	L'astre aux éblou issants rayons ?	8	b
	Veulent-ils que la nuit│se fasse sur le monde,	6+6	a
10	Et que, la France n'étant plus,	8	b
	Les peuples se heurtant│dans cette nuit profonde,	6+6	a
	Après le flux ai ent le reflux ?	8	b
	Non, Bonaparte ! non,│Bazaine ! non, ô Reîtres !	6+6	a
	Les destins conduisent ses pas ;	8	b
15	Et malgré les complots│et malgré tous les traîtres,	6+6	a
	La France ne périra pas !	8	b
	Nous sentons redoubler│l'ardeur qui nous enflamme.	6+6	a
	Après un moment de stupeur,	8	b
	Le dégoût, le mépris│ont envahi notre âme,	6+6	a
20	Mats non pas l'imbécile peur.	8	b
	Elle n'a pas de prise│au cœur du patriote ;	6+6	a
	Le péril accroît la valeur !	8	b
	Va ! tu trahis gratis,│ô louche Iscariote,	6+6	a
	Et la France et ton Empereur.	8	b
25	Eh ! oui, ton Empereur,│le sire Bonaparte.	6+6	a
	Ne t'apprit-il pas en effet	8	b
	L'art de piper les dés,│de bizeauter la carte ?	6+6	a
	Tu le triches et c'est bien fait	8	b
	Tu disais : — « Que m'importe│à moi la dynasti e ?	6+6	a
30	Elle est pour mon but un moyen,	8	b
	Avec plus de succès│renou ons la parti e	6+6	a
	Où j'ai jou é Maximilien ! »	8	b
	Et l'homme de Sedan,│l'avachi, le despote,	6+6	a
	Que la Nati on a vomi,	8	b
35	Ne te devinant pas,│singe de Bernadotte (1)	6+6	a
	T'appelait encor son ami !	8	b
	Tu manquas le Mexique│et tu cri as : — « La chance	6+6	a
	Rend enfin mon rêve vainqueur. »	8	b
	Quand tu vis le Teuton│sombre, éventrer la France,	6+6	a
40	Pour arriver jusques au cœur !	8	b

	O soldats, qui vouliez│jusqu'à la dernière heure,	6+6	a
	Vaincre ou mourir, qu'avez-vous dit ?	8	b
	J'entends le vieil honneur│qui sanglote, qui pleure,	6+6	a
	Sous l'outrage de ce bandit !	8	b
45	Ah ! Le tigre qui flaire│en acérant sa griffe	6+6	a
	Est moins cru el pour le troupeau !	8	b
	Pour immoler son Christ,│Judas laissait Ca ïphe	6+6	a
	Fournir les clous et le marteau ?	8	b
	Mais Bazaine-Judas│aux tigres sanguinaires,	6+6	a
50	Comme aux Ca ïphes sans pitié,	8	b
	Livre le Labarum│et les armes dernières	6+6	a
	De son pa ys crucifi é !…	8	b
	Dites, est-il un mot,│une insulte, un outrage,	6+6	a
	Pour flétrir ce sinistre gueux ?	8	b
55	Lâche, est doux ; — traître, est faible,│et la haine et la rage	6+6	a
	Ne trouvent rien d'assez hideux	8	b
	Pour le stigmatiser !│— Sur l'opprobre il se hausse	6+6	a
	Et grouille dans l'impureté ;	8	b
	Il écoeure et fait peur !│— Cet homme est un colosse	6+6	a
60	De gigantesque saleté !	8	b
	Oh ! mais rassurez-vous,│et si l'insulte manque,	6+6	a
	Attendant l'heure des rachats,	8	b
	Citoyens, regardez│l'horrible saltimbanque,	6+6	a
	Et noyez-le dans vos crachats !	8	b

Paris, 30 Octobre 1870.

1 Le souvenir de Bernadotte devenu roi, hantait le cerveau du misérable Bazaine,

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