Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
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F = "e" féminin
| = césure
DRX_2/DRX37
Léon DIERX
LES LÈVRES CLOSES
1867
SOIR D'OCTOBRE
A Catulle Mendès.
Un long frisson descend des coteaux aux vallées ; 6+6 a
Des coteaux et des bois, dans la plaine et les champs, 6+6 b
Le frisson de la nuit passe vers les allées. 6+6 a
— Oh ! L'angelus du soir dans les soleils couchants ! — 6+6 b
5 Sous une haleine froide au loin meurent les chants, 6+6 a
Les rires et les chants dans les brumes épaisses. 6+6 b
Dans la brume qui monte ondule un souffle lent ; 6+6 a
Un souffle lent répand ses dernières caresses, 6+6 b
Sa caresse attristée au fond du bois tremblant ; 6+6 a
10 Les bois tremblent ; la feuille en flocon sec tournoie, 6+6 a
Tournoie et tombe au bord des sentiers désertés. 6+6 b
Sur la route déserte un brouillard qui la noie, 6+6 a
Un brouillard jaune étend ses blafardes clartés ; 6+6 b
Vers l'occident blafard traîne une rose trace, 6+6 a
15 Et les bleus horizons roulent comme des flots, 6+6 b
Roulent comme une mer dont le flot nous embrasse, 6+6 a
Nous enlace, et remplit la gorge de sanglots. 6+6 b
Plein du pressentiment des saisons pluviales, 6+6 a
Le premier vent d'octobre épanche ses adieux, 6+6 b
20 Ses adieux frémissants sous les feuillages pâles, 6+6 a
Nostalgiques enfants des soleils radieux. 6+6 b
Les jours frileux et courts arrivent. C'est l'automne. 6+6 a
— Comme elle vibre en nous, la cloche qui bourdonne ! — 6+6 a
L'automne, avec la pluie et les neiges, demain 6+6 b
25 Versera les regrets et l'ennui monotone ; 6+6 a
Le monotone ennui de vivre est en chemin ! 6+6 b
Plus de joyeux appels sous les voûtes ombreuses ; 6+6 a
Plus d'hymnes à l'aurore, ou de voix dans le soir 6+6 b
Peuplant l'air embaumé de chansons amoureuses ! 6+6 a
30 Voici l'automne ! Adieu, le splendide encensoir 6+6 b
Des prés en fleurs fumant dans le chaud crépuscule. 6+6 a
Dans l'or du crépuscule, adieu, les yeux baissés, 6+6 b
Les couples chuchotants dont le cœur bat et brûle, 6+6 a
Qui vont la joue en feu, les bras entrelacés, 6+6 b
35 Les bras entrelacés quand le soleil décline. 6+6 a
— La cloche lentement tinte sur la colline. — 6+6 a
Adieu, la ronde ardente, et les rires d'enfants, 6+6 b
Et les vierges, le long du sentier qui chemine, 6+6 a
Rêvant d'amour tout bas sous les cieux étouffants ! 6+6 b
40 — Âme de l'homme, écoute en frémissant comme elle 6+6 a
L'âme immense du monde autour de toi frémir ! 6+6 b
Ensemble frémissez d'une douleur jumelle. 6+6 a
Vois les pâles reflets des bois qui vont jaunir ; 6+6 b
Savoure leur tristesse et leurs senteurs dernières, 6+6 a
45 Les dernières senteurs de l'été disparu ; 6+6 b
— Et le son de la cloche au milieu des chaumières ! — 6+6 a
L'été meurt ; son soupir glisse dans les lisières. 6+6 a
Sous le dôme éclairci des chênes a couru 6+6 b
Leur râle entre-choquant les ramures livides. 6+6 a
50 Elle est flétrie aussi, ta riche floraison, 6+6 b
L'orgueil de ta jeunesse ! Et bien des nids sont vides, 6+6 a
Âme humaine, où chantaient dans ta jeune saison 6+6 b
Les désirs gazouillants de tes aurores brèves. 6+6 a
Âme crédule ! écoute en toi frémir encor, 6+6 b
55 Avec ces tintements douloureux et sans trêves, 6+6 a
Frémir depuis longtemps l'automne dans tes rêves, 6+6 a
Dans tes rêves tombés dès leur premier essor. 6+6 b
Tandis que l'homme va, le front bas, toi, son âme, 6+6 a
Écoute le passé qui gémit dans les bois ! 6+6 b
60 Écoute, écoute en toi, sous leur cendre et sans flamme, 6+6 a
Tous tes chers souvenirs tressaillir à la fois 6+6 b
Avec le glas mourant de la cloche lointaine ! 6+6 a
Une autre maintenant lui répond à voix pleine. 6+6 a
Écoute à travers l'ombre, entends avec langueur 6+6 b
65 Ces cloches tristement qui sonnent dans la plaine, 6+6 a
Qui vibrent tristement, longuement, dans ton cœur ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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